Les Tomates De Camille

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Il était une fois un petit garçon nommé Camille qui passait son temps à dessiner des tomates dans un carnet rouge qu'il emportait partout avec lui, le pliant de toutes les façons possibles pour le faire rentrer dans ses poches. Personne ne savait pourquoi Camille ne dessinait que des tomates et pas autre chose, comme des paysages de montagne, la plage, le portrait de sa mère ou de son frère... Rien ne semblait plus l'intéresser que les tomates ! Certes, il faisait tout pour différencier ses tomates : changeait leur taille, leurs feuilles, leur teinte de rouge, leur aspect et parfois même leur donnaient vie grâce à une paire d'yeux et deux bras. Le petit Camille dessina tellement de tomates, qu'un jour il n'eut plus de place dans son carnet. Déçu, il partit dans sa chambre et ne voulu pas en ressortir de la journée, ni même pour manger la bonne tarte au pommes que sa mère lui avait préparée avec amour.

Lorsque cette dernière vint toquer à la porte de son fils et entra dans sa chambre, elle vit le carnet par terre et comprit la soudaine absence de Camille.

Une idée lui traversa alors l'esprit, et si elle allait acheté un nouveau carnet à son fils ? Mais pas un rouge cette fois-ci ! Elle allait devenir folle si elle voyait encore plus de tomates dans les mains de son garçon.

Le lendemain, en sortant de la papeterie au coin de la rue, elle apporta à son fils un nouvel assortiment de crayons de couleurs et un nouveau carnet, un carnet jaune. Camille, à la vue de cette agressive couleur, fronça les sourcils puis leva les yeux vers sa mère, qui elle se contenta de sourire gentiment en lui tendant ses nouveaux crayons. Camille ouvrit de grand yeux et se précipita dans sa chambre pour essayer ses cadeaux. Il en ressortit 30 minutes plus tard, se rua dans le salon où sa mère lisait le journal et jeta le carnet sur la table avec enthousiasme, lui demandant de l'ouvrir et de regarder son travail déjà accomplit.

Et le cauchemar recommença, déjà une dizaine de pages étaient couvertes de maïs de toute sorte, frais, concassés, cuisinés en salade, en brochette ou encore mis en scène avec... des tomates jaunes. La pauvre mère crut qu'elle allait se mettre à pleurer envoyant tout ce gâchis de feuilles pour... du maïs et toujours plus de tomates.

Trois jours plus tard, Camille avait finit son carnet jaune et emprunta de l'argent à son grand frère pour en acheter un nouveau, le choix de couleur fut très difficile mais il opta finalement pour un carnet bleu et acheta par la même occasion quatre autre crayons de plusieurs teintes de bleu.

Dans ce carnet il fit beaucoup de myrtilles et de baies, à côté de grandes vagues et de cieux dégagés de tout nuage pouvant perturber la propreté du ciel les jours d'été. Sa mère tomba un jour sur ce carnet et se surprit à remarquer plus de sûreté dans les traits et beaucoup d'amélioration au niveau des jeux d'ombre et lumière. Mais l'originalité et la créativité n'étaient toujours pas présents de son point de vue.

Une fois le bleu finit, se fut au tour du rose, complété avec bien sûr, des roses, des bonbons, des radis et d'autres sortes de fleurs qui pouvaient avoir quelque part une certaine teinte rose à la lumière.

Ce manège continua pendant 3 mois en passant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et des teintes bien trop excentriques pour être simplement nommées.

La mère de Camille n'en pouvait plus, elle était épuisée de voir son fils dessiner couleur par couleur des choses n'ayant aucun rapport les unes avec les autres et ne portant aucun message envers elle ou sa famille. Camille semblait pourtant un peu plus fier de son travail jour après jour, voyant sa pile de carnets monter et emplir sa chambre de magnifiques couleurs subjuguantes et éclatantes.

Au début du mois d'Octobre, Camille demanda une plus grosse somme d'argent à sa mère, malgré ses doutes et sa réticence face au projet inconnu de son enfant, elle lui donna tout de même l'argent dont il avait apparemment « besoins ».

En revenant de la papeterie, Camille rapporta une immense toile Canvas, qu'il peina à monter jusqu'à sa chambre, et des grands tubes de colle et de vernis liquide.

L'anniversaire de sa mère n'était que dans trois jours et Camille devait se dépêcher, il pris tous ces carnets et découpa tous ses dessins sans exceptions qu'il avait réalisé au cours de l'année. Il les assembla tous sur sa toile comme il voulait et observa le résultat, il était si fière, heureux et soulagé d'avoir réussi une œuvre telle que celle-ci.

Le jour de l'anniversaire, Camille s'empressa de donner son cadeau, qu'il avait précieusement emballé lui-même dans un papier de toutes les couleurs qui inspirait la joie et l'amour du petit garçon.

Lorsqu'elle l'ouvrit, elle ne pût s'empêcher de se dire, est-ce vraiment ce pourquoi il a autant travaillé au cours de l'année ? Pour me faire une toile ? Vraiment, rien que pour moi ?

L'émotion s'empara d'elle alors qu'elle commençait à reculer son visage du cadre, toutes les couleurs et les formes assemblées formaient un visage, un visage souriant, un visage jeune, le visage d'une femme heureuse, le visage d'une mère, le visage de la mère du petit Camille. 







Nda:

Alors oui c'est niais, c'est chiant, et ça a pas d'intérêt mais j'ai pris du plaisir à l'écrire un soir où cette histoire m'est venue à l'esprit.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 19, 2018 ⏰

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