Chapitre 38

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Olivia observait les étoiles qui scintillaient devant elle, les coudes posés sur la rambarde du balcon, en se rejouant la scène qui s'était déroulée dans la salle à manger.

Elle était passée à un cheveu de faire succomber Narcisse. À un minuscule cheveu. Si la jeune femme se sentait frustrée de n'avoir pu obtenir davantage qu'un baiser, elle était tout de même satisfaite de voir qu'elle ne laissait pas son mari insensible. Il avait répondu à son baiser, mieux, il l'avait approfondi... bien qu'il ait fini par se rétracter. Mais c'était déjà un début et comme elle l'avait fait avec Layl, elle songea qu'elle lui laisserait le temps de s'ouvrir à elle. Olivia avait fait un premier pas vers Narcisse, à présent, il n'appartenait qu'à lui de saisir la main qu'elle lui tendait ou de camper sur ses positions.

La porte-fenêtre grinça derrière la jeune femme. Elle songea que la chaude brise de cette douce soirée l'avait poussée, mais elle sentit une présence dans son dos. Crispée, elle n'esquissa pas le moindre geste pour se retourner.

C'était Narcisse.

Elle ferma les yeux. Dans le silence de la nuit, une chouette hululait.

Elle ressentit une légère caresse sur sa joue, à peine plus poussée que le contact d'un drap froid sur un corps nu. Un effleurement subtil, tout comme l'agréable odeur qui vint lui chatouiller les narines. Ce parfum, elle serait capable de reconnaître entre mille. L'exquise fragrance des pivoines rose poudré qui s'épanouissaient dans le parterre face à l'entrée du manoir. Ses fleurs préférées. Ainsi Narcisse s'était aperçu qu'elle aimait se promener entre les vivaces pour les respirer. Cette seule pensée la fit sourire. Parce qu'il l'avait observée.

— Vous osez donc couper mes pivoines ? chuchota Olivia alors que son mari continuait de lui toucher la joue avec un bouton à moitié éclos.

— Je n'en ai sacrifié qu'une seule, en réalité. Je ne me serais jamais risqué à en faire un bouquet.

— Vous me connaissez bien mieux que vous le prétendez.

— En effet. Je suis plutôt observateur avec les personnes qui éveillent ma curiosité... Et vous m'intéressez beaucoup, Madame. Infiniment plus que vous le soupçonner.

Le souffle de la jeune femme s'emballa tandis qu'elle prenait la mesure de ce qu'il était en train de lui dire. Cela faisait si longtemps qu'elle attendait ce moment, qu'il lâchât prise, qu'il se livrât un peu.

Elle tourna le visage vers lui et attendit qu'il poursuivre, les yeux braqués dans les prunelles de Narcisse. Ses mains étaient moites, tremblantes et une délicieuse douleur tourmentait ses entrailles. Elle le désirait, ardemment, de toute son âme.

— Je crois que...

— Oui... l'encouragea-t-elle alors que Narcisse peinait à s'exprimer.

La voix de son mari était vibrante d'émotion, un peu rauque. Cela lui coûtait de se mettre à nu, mais pour la première fois, son envie de rassurer sa femme avait pris le dessus sur son orgueil.

— Je...

— Dites-le.

Narcisse détourna le regard ; la main d'Olivia vint se nicher sur sa joue, l'empêchant de fuir. Ses pupilles se dilatèrent un peu plus dans la semi-obscurité.

— Je vous aime, Madame. Je suis tombé amoureux de vous et je vous en veux pour cela.

Olivia fut d'abord sonnée par cet aveu qu'elle avait tant espéré entendre un jour. Elle avait presque songé que ce souhait n'était qu'un fantasme qui ne serait jamais assouvi. Et voilà que ce jour était venu.

NARCISSE (SCÈNES NON CENSURÉES) MATUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant