#2 - L'INSOLENT

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Premier jour de fac.

Je m'assois au hasard, dans un amphithéâtre déjà bondé. C'est là que je rencontre ma voisine de circonstance : visage de trois quarts, coudes sur la table, jambes croisées. Elle a les cheveux noirs, attachés en une queue de cheval qui se finit pleine de boucles. Elle me dit son prénom. Il est aérien et vaporeux, il lui va bien. Mademoiselle est précautionneuse dans ses gestes, se tient bien droite, a le regard vif et le sourire facile. Nous nous posons d'usuelles questions, comme deux personnes qui essaient de faire connaissance et nous nous retrouvons alors dans une sorte de proximité montée de toute pièce par le hasard. Je sais déjà qu'après cette discussion je ne la reverrais pas, elle ira se perdre dans la foule. Une délicieuse distance s'instaure entre nous, que personne n'osera franchir. Les mots restent anodins, les sujets empreints de banalité. Mais il y a quelque chose chez cette fille, à la fois d'enfantin et de politiquement correct, qui éveille ma curiosité. C'est un peu l'archétype de la bonne élève, mélangé à l'insouciance d'une enfant. Rien d'extravagant sur elle ; des habits seyants de couleurs clairs qui donnent bonne mine à son teint hâlé. Alors, lorsque la jeune femme détourne le regard, je me permets d'autres inquisitions. Sa bouche, son cou, ses épaules. Il me semble qu'elle a la peau douce. Je me risque plus bas. Cela dure un quart de seconde, suffisamment longtemps pour que l'image s'imprime sur ma rétine. Dans l'embrasure du soutien-gorge, je surprends l'érotisme insolent d'un sein juvénile. Sa petite poitrine ne remplit pas le rigide sous-vêtement qui n'est porté que par conventions. Je me sens coupable à et la fois privilégiée, d'avoir pu assister au dévoilement furtif de l'intimité d'un corps inconnu. Je la quitte alors, détentrice d'un secret à son insu.

L'érotisme de l'instantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant