Chapitre 9 : "Il était là."

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La police envahissait la maison, cadrillant chaque recoins de la scène de crime. Aurore était en larme dans le salon, dans les bras de Marie qui faisait son possible pour retenir les siennes, soutenant au maximum son amie.
Le père de Marie, qui était policier, s'était porté garant de leur sécurité et s'occupait de leur témoignage. Un de ses collègue était venu les voir pour prendre leur empruntes en leur présentant ses condoléances, puis n'avait traîné plus longtemps.
Aurore n'en pouvait plus. Dès qu'elles furent libérés de la compagnie des policiers, le père Marie ramena les deux adolescentes chez eux, où la mère de famille, paniquée, leur demanda sans cesse s'ils allaient bien. Et ça ne faisait qu'augmenter la peine d'Aurore qui s'enferma dans la chambre de son amie et n'en sortit plus de la journée.
Lorsque Marie la rejoignit, Aurore était penchée sur son carnet à noter tout ce qu'il s'était passé.

- Ils n'ont rien trouvé... a annoncé Marie. Aucune emprunte, aucune preuve...
- Parce que c'est lui, cracha l'orpheline. À défaut de ne pas s'en prendre tout de suite à moi, il s'en prend à mes proches.
- Tu comptes faire quoi ?
- Rien qui te mettra en danger, ne t'en fais pas.
- C'est censé me rassurer ? Tu vas te mettre en danger et tu vas te faire tuer, c'est tout ce que tu obtiendras.
- Au moins, j'aurai essayé de venger mes parents, et tu auras la vie sauve.
- Au prix de la tienne.
- Tu as risqué la tienne, hier...

Marie n'ajouta rien. Elle voulait tellement réconforter Aurore, la convaincre d'abandonner cette histoire... Elle ne voulait pas la perdre.
Elle s'inquiétait sincèrement pour elle, car à mesure qu'elle avançait dans ses recherches, elle semblait décliner toujours plus vers la folie et la paranoïa.
Au final, Aurore sombra rapidement dans un profond sommeil, surveillée par Marie qui ne tarda pas à s'endormir.

Il était une heure du matin quand elle se réveilla. À pas de loup, elle quitta la chambre pour rejoindre celle des adultes de la famille. Elle savait parfaitement ce qu'elle faisait, mais se fit plus hésitante une fois rentrée dans l'obscurité de la pièce. À tâtons, elle s'avança vers l'armoire. Son pied buta contre une chaise qui menaçait de tomber, alors elle la rattrapa, posant sa main sur quelque chose qui attira son attention. L'arme du père de la famille.
Elle la saisie et sortit de la pièce, et dans la lumière du couloir, elle prit soins de vérifier que l'arme était bien chargée. Elle retourna dans la chambre et s'approcha de son amie. L'arme à la main, un mince sourire apparut sur son visage baignant dans l'ombre. Elle tendi la main, et d'un geste tendre, elle retira une mèche de cheveux qui cachait son visage, avant de s'éloigner pour récupérer son sac et quitter la chambre.
Elle en profita pour récupérer un couteau dans la cuisine, et quitta la maison.

La rue baignait dans les lumières jaunâtres des lampadaires, la nuit, silencieuse, semblait si paisibles. Comme si les étoiles savaient, mais gardaient le secret.

Aurore, arrivant dans la ruelle derrière la boutique de jouets, prit le temps de regarder une dernière fois le ciel qu'elle aimait tant, priant pour pouvoir le revoir après ce qu'elle comptait faire.

Elle tira la grille et s'enfonça dans le dédale de couloir, guidée par la seule lumière de son téléphone. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine, mais jamais elle ne fit demi-tour.

Après une heure, elle avait rapidement fait le tour des souterrains de la boutique, mais rien. Il n'était nulle part. Elle remonta dans la boutique, où l'ambiance était tellement différente, par rapport à la journée... En journée, tout est enfantin, la nuit, tout est si calme, figé dans le temps... Son regard fut attiré par une magnifique poupée de porcelaine, posée sur le bureau. Ses cheveux blonds coiffés en boucles anglaise semblaient briller dans la lumière de la lune, sa robe immaculée était coud à la mains, et les détails étaient si précis que la robe mériterait d'être exposée dans un musée. Les yeux bleus de la poupée semblaient si réels, hipnotisaient quiconque croisait son regard.
Aurore la prit dans ses mains, et sourit, attendrie.
Malheureusement, cette ambiance calme et figée dans le temps ne dura pas.
Autour d'elle, tout tomba en ruine. La belle peinture s'écailla, les étagères
cédèrent, et les jouets se détruisirent.
La poupée n'y fit pas exception : ses cheveux perdirent ses boucles, se salirent, un œil se décrocha et tomba dans la boîte crânienne. Sa robe se troua, salie par la poussière, et la peinture de son visage coula, la rendant affreuse. En la reposant, un sourire peu rassuré apparut sur le visage d'Aurore.

Il était là.

La boutique de jouetsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant