Réflexions

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La musique est à écouter en même temps que vous lisez. Au final, ça correspond assez bien
Bonne lecture

Immaginez...un être. Un homme,une femme. Peu importe qui. Juste un être, comme vous et moi, fait de chaire, d'os, de sang. Humanoïde? Oui. Humain? Sans doute.

Cet être se balade au bord du vide. Il joue au funambule sur une corde raide. Sa respiration se veut lente. Il sent le sang pulser dans ses veines, il peut entendre les battements de son coeur. Lorsqu'il expire, il peut voir la buée sortir de sa bouche. Ses doigts sont gelés, mais il n'y prête pas attention. L'être ne ressent plus le froid. Il regarde seulement en l'air.
Il n'y a rien au dessus de lui que le ciel, bleu. Il regarde les oiseaux et leur sourit. Ses bras à lui, tendus pour ne pas perdre son précaire équilibre, lui semblent devenir des ailes qu'il déploie avec aise. Il aimerait les rejoindre, alors il imagine le monde vu d'en haut.

Il voit les buildings, grands rectangles qui s'éloignent petit à petit. Ils voit les gens, minuscules points au milieu des bâtiments, des maisons, des parcs. Il s'approche. Ils les observe, si insoucient. La violence ne semble pas les atteindre. Ils sourient, ils lisent des romans d'amours. Des idéaux alimentent leurs imagination. Certains chantent, s'embrassent.
Certains boivent, et cela semble le plaire. Ils veulent sûrement oublier, s'évader. Oublier quoi? Personne ne le sait encore. Le monde sûrement . Ils semblent heureux. Heureux?
Peut être. Encore faut-il savoir ce qu'est pour eux le bonheur. Car il n'y a qu'en étant vraiment heureux une fois, qu'on se rend compte qu'on ne l'est pas toujours.
Est ce que l'être l'a déjà été? Sans doute. Il attend quelques secondes et ferme les yeux. Il se remémore cette sensation.
Il n'y a plus aucune entrave. Les vêtements ne pèsent plus, le corps non plus. Le temps lui même semble avoir disparu. Tout s'est arrêté. Il est douceur, il est légèreté. Il n'y a plus que l'instant, peut importe avant, peu importe après. Car pour lui, tout ça dure l'éternité.

Mais le sentiment disparaît, presque aussi vite qu'il est venu. L'être soupire. Il cherche un sens à sa vie. Il y réfléchit, mais il n'en trouve pas. Alors il observe autour de lui. Les limites, visibles ou invisibles. Il se demande ce que ça fait, de franchir les barrières. Il se demande si l'herbe est plus verte de l'autre côté, il s'imagine à quoi tout cela peut bien ressembler, ce que l'on doit ressentir. Il a envie de découvrir l'infini.
Il jette encore un oeil aux points en dessous de lui. Combien sont t-ils à, comme lui, penser le monde vu d'ici ?
Il voit des boucles, beaucoup de boucles. Celle de leurs vies. Et tout cela lui paraît bien étrange. Ils sont tous différents, ils sont tous unique. Pourtant vu comme ça, plus rien ne les différencient.
S'il était en bas, peut être l'être se confondait-il dans cette masse.
Mais pour eux il n'est qu'un fantôme. Certains lui parlent, mais sont ils seulement en mesure de le comprendre?
Las.
Voilà ce qu'il est.
Las.
Définitivement, il ne fait pas parti de ce monde. Après tout, il ne s'y est jamais senti à sa place.
Sur son fil, il est hors du temps. Il se laisse aller, il penche sa tête en arrière.
Alors maintenant, qu'est ce qui l'empêche de partir ?

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