Chapitre 3

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A peine réveillée, une douleur martelait déjà les parois de ma boite crânienne. Je me levais tout de même, je ne me laissais pas le choix, les gestes du matin revenaient naturellement comme s'il n'y avait jamais eu de vacances, se laver, déjeuner , réveiller Milla et partir en classe. À treize heure j'avais un rendez-vous déjeuner avec tante Grace, comme une fois par semaine mais la faim ne se faisait pas encore sentir. Ma tante n'était pas encore dans son bureau, cela lui arrivait souvent, mais elle n'avait jamais trop de retard.

- « Chrissy chérie ! »

Ma tante avait le sourire le plus rayonnant que je connaissais, elle était elle-même rayonnante. Ses cheveux étaient du même blond que les miens, ses yeux du même bleu clair, je ressemblais plus à ma tante qu'à ma propre mère. Elle m'invita à rentrer dans son bureau et me servit son meilleur thé, comme nous en avions l'habitude.

- « Ma nièce dites-moi tout, comment allez-vous et comment se sont passés ces deux premiers jours ?

- Cela se passe très bien je vous en remercie, j'ai constaté que vous aviez trouvé les professeurs manquants cet année ?

- En effet, j'avais gardé quelques lettres de motivation de secours dans un coin de mon bureau. »

Et Dieu sait que son bureau était grand, il était à la fois un bureau et une salle de réunion, puisque ma tante participait évidemment à toutes les réunions. Les armoires emplissaient les murs et l'on apercevait à travers les vitres des volumes de livres, d'un héritage familial auquel personne n'avait jamais pu toucher, pas même moi, j'avais toujours trouvé que c'était du gâchis de les laisser là, sans les exposer, mais c'était une partie de mon héritage et une fois ces livres entre mes mains plus aucunes vitres ne les enfermerait.

- « Ça va Chrissy ? tu es un peu pâle, me dit-elle en me faisant sortir de mes pensées

- Oui oui, tout va bien, j'ai... juste un peu mal au crâne .

- Prenez-vous bien vos médicaments tous les jours ?

- Oui tante Grace, confirmais-je

- Matin et soir ?

- Evidement.

- Bien, avez-vous besoin d'un cachet pour votre crâne ?

- Si cela ne vous ennuie pas, acceptais-je.

Ce mal de crâne s'était infiltré dans mes muscles et me paralysait la nuque, j'avais beau m'étendre et m'étendre encore mes muscles étaient engourdis et refusaient de laisser la douleur partir, malgré la chaleur ambiante un froid polaire me caressait la nuque.

La salle de boxe était très peu utilisée, ma tante considérait que les élèves qui s'y rendaient étaient des élèves apte à la perte de contrôle de leurs émotions, on y tolérait la présences des élèves qui était dans leurs premières années considérant de ce fait que leur apprentissage personnel n'était pas achevé, mais, si l'on m'y prenait moi, élève de dernière année, qui plus est nièce de la directrice je pouvais parier sur ma mise à l'écart de la classe pour un stage de remise à niveau qui ne serait certainement pas une partie de plaisir. Pourtant j'étais bien dans cette même salle munie de mes gants en train d'essayer de me camoufler à l'aide d'une serviette dans l'interstice entre le sol et le bas de la porte. Je ne pouvais rien faire pour le bruit occasionné par mon entrainement mais je pouvais au moins agir sur la lumière. Personne ne nous avait entraînés au combat, je n'avais aucune idée de l'efficacité de mes gestes lors d'un face à face, vu de l'extérieur je paraissais sans doute bien ridicule et pourtant après deux heures d'entrainement acharné les premiers effets se faisaient sentir, l'endorphine produit par mon corps se répandait doucement provoquant une sensation de bien-être extrême, j'étais enfin maitresse de moi-même, sans aucun mal de crane pour venir altérer ce plaisir. Je me sentais capable de tout, j'aurais pu escalader les montagnes les plus hautes et courrir plusieurs marathons d'affilés.

J'essuyais mon front avec la deuxième serviette que j'avais amenée, prête à en découdre de nouveau avec les nombreux punching-balls et sacs de frappe, mais mon ouïe aiguisée distingua un bruit, imperceptible pour la plupart des individus mais j'avais appris au fil de mes nombreuses années de boxe secrète à tendre l'oreille. Atteindre l'interrupteur ne me prit pas plus de quelques secondes, et me cacher sous une pile de matériels d'entrainement me pris encore moins de temps. Mon cœur battait fort, si fort que je n'arrivais pas à entendre autre chose, les premiers vrais bruits à se faire entendre arrivèrent cinq minutes après avoir intimé à mon cœur de se calmer. Une porte s'ouvrit non loin de ma salle d'entrainement mais pas assez près pour entendre distinctement la conversation.

- « Grace ...dans 15 jours.

- Pourquoi...tôt pourtant ! ...pas sure...pas assez étudiez...choix final

- ... désobéir, ...ta faute !

Tout ce qui était porté à mes oreilles n'avait ni queue ni tête, j'entendais les débuts et fins de phrases mais le contenu intéressant passait à la trappe. Les minutes s'égrainaient, ils semblaient être deux à discuter et le ton montait, à la différence du volume sonore qui était encore loin d'être suffisant pour discerner des phrases entières. Je savais bien que je ne devais pas écouter, que je n'étais pas à ma place, je risquais de me faire surprendre d'une minute à l'autre, le stress me paralysait la colonne vertébrale je ne connaissais pas le sujet de cette conversation mais il ne fallait pas être très intelligent pour comprendre que les deux interlocuteurs ne parlaient pas de choses dignes d'être acceptées par le règlement intérieur de l'Institut.

J'atteignis ma chambre à minuit et quart, bien après le couvre feux de l'Institut, je fus pourtant bien chanceuse ce soir là en ne croisant personne dans les couloirs et en découvrant en rentrant dans mon lit que Milla m'avait couverte en entassant des traversins donnant un semblant de corp humain dans mon lit vide. Il faudrait que je pense à la remercier à son réveil si je voulais continuer a avoir ce genre de privilège.

La semaine suivante j'étais décidé à découvrir le complot fomenté dans les locaux de boxe. Il avait été question de tante Grace et si elle était en danger je devais découvrir de quelle manière. J'avais été tout les soirs dans les locaux, sans grand succès, Félicien commençait même à me poser des questions sur ma fatigue inhabituelle et Milla me harcelait tous les matins pour savoir où j'allais, menaçant de me dénoncer à la direction, chose qu'elle ne ferait jamais grâce aux années de couverture que j'avais déjà subie pour la protéger. En outre je ne pouvais pas leur en parler, ce que je faisais était interdit et il était hors de question que je les compromettent de quelque manière que ce soit. Les deux intru avaient parlé d'un événement qui se passerait deux semaine après leur discussion, il me restait donc une semaine pour avoir une idée de ce qui se déroulait dans notre dos.

La salle de boxe était ma deuxieme chambre, j'emmenais constament mes affaires. Je ne faisais aucun sport mais je préférerais être surprise en train de faire de la boxe plutôt qu'en train d'espionner un complot. J'y risquais moins de choses. Après avoir attendu jusqu'à une heure du matin je revenais aux mêmes conclusions que les jours passés: personne ne viendrait ce soir. J'étais en pleine dissonance, fallait-il que j'en parle a tante Grace? Surtout si elle était en danger. Ma tante était au courant de tout ce qui se passait dans son établissement or, si j'avais réussi à échapper à sa vigilance pour faire de la boxe qui me disait que d'autre ne pourrait pas faire de même ? À moins qu'elle soit au courant pour moi ? Se serait-elle tue sur mes activités nocturnes ? Mes pensées dirigeaient mon esprit, mes yeux regardaient le sol et mon ouïe infaillible dûe me faire faux bond à son tour puisque mon corps se retrouva enfoncé dans...un torse dur comme fer.

Singulière Tome 1 - L'éliteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant