Le carton

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Je rentrais du collège avec Eye. Elle et moi étions amies depuis... je ne sais plus quand. Nous nous sommes quittées une rue avant d'arriver chez moi. Puis j'ai continué le chemin seule. J'aime bien être seule. Cela me procure un grand bien.

Mon immeuble se trouvait juste là. Je le trouvait affreusement laid. Ses murs tout gris, ses fenêtres carrés toutes alignées, sa porte noire faite de métal, et aucunes plantes à l'horizon. Vraiment la joie... Mais c'était chez moi. Je passe par la porte noire, monte les 56 marches, puis pousse la porte sur laquelle il y a marqué "Timbot45". Et comme d'habitude, elle n'était pas verrouillée. Ah, maman...

J'entrai et jetai mon cartable dans la pièce principale. Un carton était posé en plein milieu de la pièce. Il était écrit "NE PAS TOUCHER". Mais la curiosité m'emportai. Je courus vers le carton. Je l'ouvrit pressement. Mais... il était vide ! Mais non, il n'était pas vide. Une petite cassette était posée au fond. Je la prit dans mes mains. Je savais où maman rangeait son lecteur de cassettes. Mince ! Sa chambre était fermée à clef. Je poussais de toutes mes forces, rien n'y faisait. Oh ! Mais que j'étais bête ! Les clefs sont rangées sur le buffet !

Je revenais vers la chambre. J'ouvrit la porte grâce à la clef que j'avais récupéré. La porte s'ouvrit lentement. Le lecteur de cassettes ( c'est ainsi que je l'avais appelé ) était posé sur sa table de chevet. Tous les meubles de la pièce étaient marrons foncés. Les draps du lit étaient de couleur violette. Décidément, ma mère n'avait aucun goût ! Tout était mal rangé. Des vêtements de toute sorte erraient dans tous les coins. La première télécommande se trouvait par terre, a côté d'un t-shirt bleu sale depuis déjà trois jours, et la deuxième au dessus de la grande armoire - elle aussi marron foncée. La tablette était sur le rebord du lit, prête à tomber. L'ordinateur, lui, n'était pas éteint et affichait une page Google. Je m'approchai pour mieux regarder. La recherche portait sur "Le monde. fr : Actualités et Infos en France et dans le monde". Ma mère voulait toujours savoir tout. Comme moi. Ce site est le préféré de maman. Avec Libération, évidemment.

Bon, revenons à ce lecteur. Je m'approchais à pas de velours de la table de chevet. Je prit le lecteur de cassettes et courit hors de la pièce. Je la refermait à clef. J'allais ensuite prendre la cassette. Je la glissai dans le lecteur.

Les résultats sont formels; aucune issue.

Vous êtes sûr ?

Oui. La destruction de la Terre se fera dans 9 millions d'années. C'est beaucoup plus tôt que ce que nous avions prévu.

L'enregistrement s'arrêta là. Était-ce vrai ? Ou simplement une scène de divertissement ? La Terre allait-elle réellement disparaître ? J'allais lentement regarder par la fenêtre. Ma ville, mon chez-moi, mon pays; tout cela allait probablement être détruit dans 9 millions d'années. Et dire que les chercheurs avaient espéré 2 milliards... Toute vie anéantie. Dans l'enregistrement ils ne l'ont pas dit, mais ils l'insinuaient : c'est à cause de l'espèce humaine. Et cette date peut encore se rapprocher. Nous ne pouvons rien y faire pour la retarder. Mais nous pouvons éviter qu'elle se rapproche. Qu'elle soit là : la destruction. Les êtres humains n'accepteront pas cette fin. Pas une fin comme celle-là. Ils feront tout pour retarder, mais rien à faire. La destruction est proche. Trop proche. Mais en même temps lointaine. Trop lointaine. Lointaine pour l'imaginer, et proche comme la fin d'une vie.

Un mot, une histoire (ancien)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant