Bloom n'avait qu'une seule consigne à suivre pour mener une vie paisible dans son nouveau lycée : ne jamais, jamais approcher les frères Duncan.
Mais s'il est des domaines dans lesquels elle excelle, celui consistant à respecter les règles n'en fait...
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« Le vol 12486 vient d'atterrir à l'aéroport John-F Kennedy. La compagnie aérienne JetBlue Airways vous souhaite un bon séjour. » Résonne cette fameuse voix universelle dans les hauts parleurs.
Assise confortablement sur mon siège, j'observe à travers le hublot les gens descendre de l'avion. Je les regarde comme si j'étais obnubilée et pourtant, mon esprit vagabonde ailleurs. Je me remémore la scène d'hier matin, lorsque l'hôpital m'a appelée pour pourrir ma journée plus qu'elle ne l'était déjà.
« Votre mère a fait un grave accident de voiture. »
C'est fou comme une seule phrase a le pouvoir de changer le court de notre vie et de nous faire revenir sur des lieux de notre passé qu'on avait bannis. Dès que j'ai reposé le téléphone, je me suis empressée de prendre un billet pour le prochain vol direction New-York. L'avion a décollé à six heures du matin et le vol a duré environ cinq heures. J'arriverai à l'hôpital vers midi si tout se passe sans encombre.
Je n'ai pris avec moi qu'un petit sac de voyage, rien de trop lourd. Je ne compte pas rester plus de deux jours ici.
Lexi m'a promis qu'en mon absence, elle resterait loin des frères Duncan, et tout particulièrement d'Ezra. J'espère sincèrement qu'elle tiendra sa promesse.
Durant tout le vol, la phrase qu'a prononcé le médecin à l'autre bout du fil n'a eu de cesse de se répéter en boucle dans ma tête. D'après le toubib, c'est un miracle qu'elle ait survécu. Mais elle est dans un état critique.
Une demi-heure plus tard, je hèle un des taxis stationnés devant l'aéroport. Je m'installe dans le véhicule jaune et indique au chauffeur à la calvitie précoce qui attend impatiemment :
— Manhattan. L'hôpital Bellevue s'il-vous-plaît.
Je claque la portière et il démarre aussitôt.
Ma tête repose contre la fenêtre. Même en été, les trafics ne ralentissent pas. Les rues sont plus bondées que jamais par les touristes et les passants sont toujours aussi pressés. Le paysage défile devant moi mais je n'ai pas le temps de m'attarder dessus. Ou je n'en ai tout simplement plus l'envie. Je jouerai à la fausse touriste lorsque je serai un peu plus rassurée sur l'état de ma mère.
Vingt minutes plus tard, je paye la course de soixante-deux dollars et m'extirpe de l'habitacle. Je prends une profonde inspiration, ferme les yeux et hume l'air empli de carbone.
Le taxi m'a déposée devant la façade de l'hôpital. Un grand portail noir où est inscrit « Bellevue Hospital » se dresse devant moi.
Lorsque j'entre dans l'enceinte du bâtiment, je découvre une jeune femme postée à l'accueil. Elle lime ses ongles en mâchant un chewing-gum.
Plus cliché, tu meurs.
— Bonjour. Je viens pour Abigaelle Coll.
Ses ongles manucurés volent d'une touche à l'autre sur le clavier. Après avoir consulté les dossiers de l'ordinateur, elle me scrute paresseusement :
