-3- Cette nuit là

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Deux mecs bourrés, titubent bras dessus bras dessous dans le couloir et s'approchent de moi. Je m'écarte un peu, mais ils s'appuient contre le mur et m'interpellent.

«Hé ma jolie t'es toute seule ?»
Non j'ai une dizaine de potes avec moi ça se voit pas, pensais je. Mais je ne réponds pas.

«Hé sale pute on te parle, tu fais la sourde ou quoi ? T'es mignonne mais c'est pas pour ça qu'il faut nous snober.

–Ouais t'es plutôt mignonne, tu voudrais pas nous accompagner, on va finir la soirée ailleurs.»
Exaspérée je finis par répondre

«Ça m'intéresse pas.

–Mais si viens, tu peux pas rester toute seule alors que deux beaux gosses t'invitent, on va bien s'amuser...

–Je n'en ai pas envie.

–T'es trop gentil avec elle mec, ce genre de fille aime qu'on soit violant avec elle, tu vois pas qu'elle le fait exprès de nous chauffer.»
Je suis choquée de ce que j'entends. Ils se rapprochent de moi. Et là je comprends rien à ce qu'il se passe. L'un attrape mes bras et l'autre me colle ses mains sur la bouche et ils m'entraînent vers la cage d'escalier. A peine ont-ils ouvert la porte que je me sens tirée en arrière. Les deux types se retournent et tombe nez à nez avec mon inconnu.

«Je vous conseille de vous appelez un taxi et de rentrer chez vous sans faire de conneries messieurs.

–De quoi je me mêle mec...» Un poing percute la mâchoire du type qui se retrouve à terre. Le deuxième nous regarde d'un air apeuré, il regarde son acolyte, il l'aide à se relever et ils s'en vont sans rien ajouter.

«Tout va bien ?

–Oui, je crois.

–Je vais te raccompagner, je pense que c'est plus sûr.» Je le retiens par le bras.

«Non, je...je ne veux pas rentrer chez moi.» Il me regarde un long moment. Il me soulève, appel l'ascenseur. Nous arrivons au parking et il me fait entrer dans sa voiture.

«Tu ne vas pas me dire où tu habites ?» Je ne réponds pas. Il ne semble pas avoir d'autre choix que de m'emmener avec lui. Décidément ma soirée en sa compagnie n'est pas finie. La voiture s'arrête devant un immeuble un peu ancien au vu du style d'architecture, mais très bien entretenu.

«Au cas où tu poserais la question, c'est chez moi.»
Il descend et vient m'ouvrir la portière. Nous entrons. Parquet au sol, mes talons claquent. Des couleurs pastels sur le mur, quelques tableaux avec leurs éclairages individuels. Une petite cuisine à gauche et le salon à droite, un grand canapé deux fauteuils devant un téléviseur accroché au mur, un petit bibliothèque. C'est très épuré, on dirait qu'il ne vit pas là. Dans un coin je vois une pile de valises et de cartons.

«Je pars bientôt pour l'Australie.» Me dit-il simplement.

« Où sont les toilettes ?

–Par ici.» Il me mène à une porte, celle d'à côté donne sur la chambre car j'y vois un lit.

«Ça te dérange si je prends une douche ?

–Euh non pas du tout. Je vais te chercher une serviette. Avec le déménagement j'ai tout déplacé. Euhm j'allais me faire quelque chose à grignoter, un croc-monsieur ça te dit ? Tu as bu plusieurs verres ce soir sans rien manger ce n'est pas très raisonnable.

–Je veux bien merci.»
Je me déshabille et entre dans la douche. Lorsque l'eau chaude coule enfin sur ma peau je ne peux m'empêcher de pousser un soupire d'aise. J'avais besoin de me laver, je ne supporte pas que ces types m'aient touché. Me savonne avec un peu de gel douche et me rince. Pendant que j'étais sous l'eau, il a apporté une grande serviette moelleuse, je m'enroule aussitôt dedans. Je suis tout d'un coup un peu gêner d'être complètement nue chez un inconnu. Mais je suis soulagée d'être là plutôt qu'ailleurs.

Lorsque je sors, je le vois étendu sur le lit, les pieds sur le sol, un bras sur ses yeux. Il avait retiré sa veste et sa cravate. Mon instinct, ou alors la folie, me pousse à entrer et m'asseoir près de lui. Il découvre son visage. Je m'allonge sur le lit, il se redresse et semble vouloir s'en aller.

«Reste s'il te plaît.» Il semble hésiter. Je le retiens en posant ma main sur son bras.

On dirait un rêve, on dirait que la situation est normale, on dirait que peut importe ce que je vais faire maintenant cela n'aura aucune importance, aucune répercutions. Après tout, je ne le reverrai plus. Alors je fais exactement ce qu'il me passe par la tête. Je tire légèrement son bras, il se laisse faire et se rallonge. Je le regarde et lui scrute le plafond en inspirant fortement. Puis il tourne lentement son regard vers moi...

Tu devrais être ... à MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant