XV- Vendetta des Lames

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"L'histoire nous façonne. Tout comme le temps façonne l'histoire. Les décisions des grands influents souvent les petits. Mais personne ne pense à comprendre que la chose est aussi vraie dans l'autre cas. On ne crée pas un monde avec seulement l'élite à sa tête. Non. Le peuple est la clé d'une civilisation. La sève d'un grand arbre... C'est grâce au peuple que l'on existe."

   L'existence de notre guilde remonte à bien des années. Bien avant la guerre. Bien avant ce pseudo conflit entre les deux royautés. Avant, on faisait régner la loi par la force et la mort. Rien n'a changé en soit, juste les pratiques...

   Personne ne connaît la véritable histoire de cette guilde. Car avant de devenir une confrérie, elle ne comptait que quelques membres. En proie à un idéal qui dépassait de loin le monde dans lequel ils étaient forcés de vivre. Faire des hybrides une race supérieure aux sangs-purs. Montrer enfin qui commande. Vous aurez raison de dire que nous sommes cruels. Mais nous avons souffert. À vous de comprendre notre douleur. Ici il n'est pas question d'avoir le monde mais juste de lui montrer la place de la population mêlée.

   Le fondateur de cette guilde était donc un éminent homme. Un hybride que sa propre famille cachait par honte. Son existence était entrecoupée d'amour et de violence. Sa mère qui était une noble humaine eut une aventure avec un de ses servants elfes. Aucun des deux n'avaient eu la possibilité de comprendre qu'ils venaient de donner espoir à un être de vivre pleinement.
   Mariée, sans enfants et ne se liant que rarement avec son époux, lorsqu'elle comprit que la vie naissait dans son ventre, l'horreur l'avait prise. Bien qu'elle aimait son amant plus que son époux, elle tenta d'avorter par n'importe quel moyen... Le résultat de cette tentative se noua en échec. En plus d'avoir raté, elle se retrouva entre la vie et la mort. Ne pouvant plus cacher la vérité par son acte, la jeune femme souffrante se confessa alors. Les retombées furent atroces. Fou de rage qu'on est pris sa femme, il envoya l'amant de son épouse à la mort. Encore faible, elle vit de sa chambre l'exécution public. Désespérée et brisée, elle vit alors en ce bébé le moyen de faire renaitre son amant. De ne pas l'oublier.

   Les saisons passant, la naissance de l'être impure arriva alors une nuit de pleine lune. Relayé au rang de servant dès sa naissance, il fut confié aux femmes de sa demi-race elfique. Le mari trompé ne voulait en aucun cas qu'il porte son nom ou qu'il le nomme "papa". Pour ce qui était de la mère, cette dernière n'eut le droit à aucune remarque ou objection. C'est ainsi que le fondateur que de la confrérie vit le jour. Adrihann était son nom. Seul choix de sa mère pour son petit être. Le reste de la page est illisible...

   Lorsqu'il atteignit l'âge de raison et de parole, on le nomma au service de sa mère. Toujours avenante, tendre et à l'écoute, ils tissèrent des liens fort. La prenant comme une mère de substitution puisqu'on lui avait raconté que la sienne était morte, il vit en cette noble dame une marque de féminité dans son univers de servitude. Puis un jour, alors qu'il allait s'occuper de sa maîtresse, il tomba sur une discutions qui allait changer sa vie.

― Arrête de te comporter de la sorte avec lui !
― Je ne peux faire autrement...
― Tu sais ce qui se passera s'il apprend la nouvelle ?
― Oui.
― Alors fait taire ton instinct de chienne.

   Il eut un silence ponctué de sanglots.

― Adrihann est mon fils !

   Un bruit fracassant se fit attendre dans le couloir. Le petit venait de lâcher le service en porcelaine. La porte s'ouvrit tel une furie pour tomber sur un enfant au bord des larmes. À sa vue, la femme se retenu de lâcher un cri et se redressa. Le chef de de la maison fronça les sourcils, un air massacrant sur le visage. Adrihann comprit qu'il fallait fuir ou mourir. L'envie d'exister étant trop forte, il prit ses jambes à son cou.

Naissance d'un MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant