Essentiel

Chapitre 3

“Pousses-toi ! Tu prends toute la place !“

Cerise était assise sur un siège de velours rouge dans une des cabines de tête du train. Elle poussait William pour reprendre le bout de place qui lui revenait. Ce gars était vraiment lourd... dans tous les sens du terme. Depuis qu‘il lui avait sauté dessus, il n‘arrêtait pas de la coller, et c‘et franchement énervant ! Mais bon quelque part il était attachant car il avait une bouille d‘enfant et il était... Non, il fait que j‘arrête de penser à ça ! Elle secoua la tête et se mit à l‘aise. Les sièges étaient très confortable : la mousse moelleuse épousait parfaitement les formes du corps et le velour rendait le tout doux comme une peau de bébé. Elle aurait voulu s‘emdormir et se laisser plonger dans des rêves incroyables mais une chose terrible la tirallait : la faim. C‘est vrai qu‘elle n‘avait rien mangé depuis son départ de la maison. Les gargoullis dans son ventre pouvaient s‘entendre à l‘autre bout du wagon mais elle fut sauvée par une dame en costume bleu, poussant un.chariot rempli de bonnes choses à manger. Elle remercia la providence pour avoir amené cette nourriture, qui était comme une bénédiction pour elle, et s‘empressa de s‘acheter deux grands paquets de bonbons et une bouteille d‘eau.

“Bah dis donc, on dirait que tu n‘as pas manger depuis des lustres ! s‘exclama William.“ Puis, il rajouta plus bas : “Une vraie morfale !

- Oh ch‘est bon hein, cha fait des cheures que che n‘ai pas mancher.“

Un petit sourire apparut au coin de sa bouche. Même si il n‘avait pas compris tout ce qu‘elle avait dit, il savait qu‘elle l‘avait entendu. Son ouïe était vraiment très bonne, sans doute à cause de son Essentiel. Il lui demanda de répéter.

“Qu‘est-ce que tu dis ?“

Cerise avala avec difficulté ce qu‘elle venait d‘enfourner dans sa bouche et répondit :

“J‘ai dit que ça fait des heures que je n‘ai pas manger !

- D‘accord.“

Et il tourna son regard vers la fenêtre en poussant un soupir. Elle le regarda un moment puis se remit à manger.

Alors qu‘elle continuait de s‘empifrer, une voix retentit dans tout le train :

“Chers voyageurs, voyageuses. Le train va bientôt démarrer. Nous vous demandons de regagner vos places. Merci.“

Il y eu un petit grésillement et le micro s‘éteignit. Plusieurs personnes se pressaient dans l‘allée centrale pour reprendre leur place. Le train fit pris d‘une légère secousse et il démarra. Cerise réprima un haut-le-cœur. Elle avait trop mangé. Alors qu‘elle avait sa main sur sa bouche pour s‘empêcher de vomir, elle sentit un poids sur son épaule et vit qu‘elle servait à soutenir la tête de William, déjà endormit. Elle fixa pendant un instant le paquet de bonbons sur ses genoux et une grimace de dégoût déforma son visage. La jeune fille prit son sac à ses pieds et rangea soigneusement le paquet à l‘intérieur. Elle avait effectivement trop manger et mangerait le reste plus tard. Ou peut-être qu‘elle partagera avec William.

Cerise coinça le sac entre ses pieds pour ne pas le perdre et remua un peu pour être installée plus confortablement. Elle posa sa tête sur le dossier et ferma les yeux. Le traib filant à toute allure la berçait, la tirant de plus en plus dans le sommeil. Elle y sombra enfin, dans des rêves flous.

                      * * * *

“Réveille-toi ! Aller, réveille-toi !“

Ces paroles résonnaient dans la tête de la jeune fille. Elle entrouvrit lentement un œil et une silhouette floue apparut. Elle ouvrit l‘autre et sa vision devint plus claire : William se tenait debout devant elle, les mains sur ses épaules et l‘air préssé. Derrière lui, une personne en uniforme bleu foncé les regardait, les mains sur les hanches et le sourcils froncés. Elle s‘empressa de se lever, de remettre ses cheveux ébourrifés en ordre et prit son sac avant de suivre William jusqu'à la sortie. La gare était immense avec un toit en verre qui réflétait les rayons du soleil ce qui réchauffait l‘atmosphère. Après avoir salué le contrôleur, le jeune homme prit Cerise à l‘écart.