Chapitre 1: Hope

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"Debout, faut aller bosser."

J'entends ça tous les matins. Mon père qui hurle dans toutes les chambres d'aller travailler. Tout ça pour gagner moins que rien, à peine de quoi nourrir les 5 bouches de notre famille.

Mon plus grand frère est majordome au Grand Palais. On ne le voit jamais, il est logé sur place le veinard. Ma soeur qui bosse comme couturière chez une famille d'Aqua, une famille qui contrôle l'eau. Mon frère jumeau, lui, se prépare à la guerre. Mais il ne l'a pas choisi.

Un Doué est venu le choisir et le forcer à suivre une formation au Grand Palais, de temps en temps il croise mon frère ainé. Il servira de chaire à canon, comme les autres avant et après lui. Les Doués ne se soucient pas de ça.

Notre père est à la retraite forcée, il a une jambe en moins et se déplace en fauteuil grinçant. Alors il reste à la maison. Maman elle, travaille pour des Embrasio, elle est leur infirmière personnelle. Bah oui, le feu, ça brûle...

Et moi... Je me fait la plus discrète possible. J'ai un boulot pourri dans une famille pourrie. Femme de ménage chez une autre famille d'Aqua. Et je dois l'être discrète, sinon ils me tueraient. Seul ma famille sait ce que je suis vraiment. Je me fais exploiter et maltraiter par des gens qui ne savent même pas que mes pouvoirs sont 4 fois plus puissants que les leurs.

Je contrôle les 4 éléments. Je suis tout, une sur-Douée en gros. Air, feu, eau et terre ne me résistent pas. Je pourrais ne pas travailler, couler une vie tranquille au Grand Palais ou dans n'importe quelle famille de Doués, mais il y a un seul problème... Je les hais. Tous.

Je me lève et m'habille puis descends pour déjeuner. Comme tous les jours, ma mère me demande d'allumer le gaz. Elle tourne le bouton de la cuisinière et d'un claquement de doigts, je fais apparaître une petite étincelle. Le feu est allumé, les oeufs peuvent cuire. Le crépitement dans la poêle et la délicieuse odeur familière met du baume au coeur avant une infame journée...

Mon déjeuner fini, je pars comme tous les jours vers la demeure de la famille Stenson. Ma tenue noire et blanche est la chose la plus présentable chez moi... Et pourtant elle n'est ni propre, ni bien lissée. Ma famille-patronne me l'a offerte, seul geste de bonté envers moi d'ailleurs... En deux ans, je n'ai pas grandi, elle me va encore du coup. Mais le temps et mon dur boulot l'use et les coutures manquent chaque jour de céder.

Je lisse une dernière fois ma tenue avant de frapper à la porte. Ils ne prennent jamais la peine de venir m'ouvrir mais me forcent à le faire, pour signaler ma présence (même s'ils ne font pas attention à moi...) disent-ils. Je pars à la cave chercher ma liste de consignes. Laver la salle de bain, faire le repas du midi (auquel je ne toucherais pas), nettoyer la cuisine, faire le ménage dans les chambres des enfants et repasser les habits de Monsieur.

Je prend un seau, une éponge, un balais et un torchon qui fera office de serpillère. Je suis prête à commencer ma journée. Je monte à l'étage pour commencer le ménage de la salle de bain. Cette pièce fait facilement la taille des 3 chambres de chez moi réunies. Je soupire et entame la baignoire. Je pose le seau à côté de moi et d'un mouvement de main je fais venir l'eau sur mon éponge. J'adore jouer un peu comme ça, un petit moment de bonheur dans ma triste et ennuyeuse journée...

J'entends des pas derriere moi. Sûrement un des gosses Stenson qui joue à courir partout comme un attardé... Je n'y fais pas attention et continue mon petit ménage.

Enfin ! La salle de bain est terminée ! Je redescend mes outils de travail et file vers la cuisine. Je me mets devant les fourneaux et commence à préparer une omelette. Je n'ai plus beaucoup de temps avant que midi sonne.

Les Doués. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant