Chapitre 3: Le Grand Palais (1)

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Il y a beaucoup de monde. La plupart sont assis sur des sièges aux motifs de mauvais goût et à l'allure crasseuse. Les autres sont debout et se tiennent à des barres en fer verticales. Avant que j'ai pu m'accrocher à l'une d'elles, le train démarre brusquement et je tombe en arrière. Je me relève aussitôt et agrippe la barre la plus proche. Je lève les yeux et tous les regards sont fixés sur moi.

J'ai très envie de leur demander si ils ont un problème mais ça ne servirait qu'à m'attirer des ennuis. Je garde la tête haute: ils ne vont au Grand Palais eux. Moi si.

Je regarde leurs tenues. Les garçons sont tous en jean et t-shirts colorés. Les filles portent des robes légère arrivant mi cuisse, sauf certaines qui sont aussi en jean. Etrange, une fille habillée comme un garçon. Ce doit être la mode chez les Doués

Le train ralentit et une voix annonce: "Arrêt du Grand Palais. Prochaine station: Jardin des éléments."

Je m'approche des portes en titubant, je ne suis pas habituée au balancier si particulier de cette machine. Les gens poussent pour sortir et je tente de me frayer un chemin vers la sortie. Je pose enfin les pieds sur les dalles claires du quai.

Sous le soleil, tout devient éblouissant. Le sol de crépit si clair qu'on le croirait blanc, les t-shirts colorés des habitants, les fontaines étincelantes et ces petits miroirs qu'ils tiennent dans leur mains renvoient les rayons du soleil dans toutes les directions.

Mais ils font une chose bizarre avec ces petits écrans... Soit ils tapotent dessus avec leurs pouces, soit ils le mettent à leur oreille et se mettent à parler tout seul. Vraiment perchés ces Doués !

Un éclat doré attire mon regard, le casque d'un légionnaire brille sous le soleil. Il reste impassible quand je m'approche de lui. Je lui demande si c'est lui qui m'accompagne au Palais. Il ne me répond pas et tourne les talons. Je le regarde en fronçant les sourcils... "Malpoli !" lançais-je.

Il se retourne et s'approche de moi très vite. Il colle presque son visage au mien en me regardant dans les yeux. Mais, dégouté, il se recule de quelques centimètres.
"Écoute moi bien, Grise.

_Je m'appelle Hope. dis-je sans baisser le regard.

_JE M'EN FOUS DE TON PRÉNOM ! Tu vas me suivre jusqu'au Palais parce que le Prince me l'a demandé. Mais je n'ai aucune envie d 'être avec une personne de ton espèce. Alors tu vas fermer ce trou qui te sert de bouche et venir avec moi. Et si je t'entends encore une fois..."

En disant cela, il porte la main au pommeau doré qui dépasse de son fourreau.

Nous arrivons devant de grandes portes en diamant noir. Elle s'ouvre lorsque l'on arrive juste devant, sans que le Légionnaire ai eu besoin de les pousser ! Il me fait signe d'entrer, je lui obéit mais il ne me suis pas. Les portes se referment et je me retrouve seule dans l'immense hall d'entrée.

Des pas résonnent sur le sol de marbre, la personne semble courir. Ma petite Hope, le moment de faire bonne impression est venu ! Essaie de racheter tes fautes. Baisse les yeux et ne répond que lorsqu'on te pose une question.

La personne arrive et se met en face de moi. Je ne peux voir qui c'est. Il se met à parler et sa voix douce résonne en écho dans cette immense pièce.
"Bonjour, tu es bien Hope ?

_Oui, monsieur. dis-je d'une voix peu assurée, pas habituée que l'on me parle gentiment.

_Lève la tête et regarde moi s'il te plait. Tu es jolie pour une petite Grise. Après une bonne toilette, tu seras parfaite !

_Je... commençais je sans pouvoir continuer."

La seule vue de cet homme a réussi à me couper la parole. Il a les yeux verts comme de l'émeraude, les cheveux d'un blond si éclatant qu'on les croirait faits d'or, un sourire aux dents blanches et parfaitement alignées, une silhouette fine avec un léger dessin des muscles sous son t-shirt vert.

Et de ce garçon se dégage une douce mélancolie enivrante... Le regarder pendant des heures ne me dérangerait pas.

"J'oubliais, je suis Jasper, le frère jumeau d'Alexandre. Donc j'ai moi aussi bientôt 18 ans. Et toi, Hope, quel âge as tu ?

_J'ai pris 17 ans il y a peu, monsieur. dis-je un peu déroutée.

_Mon frère t'a demandée, tu ferais mieux d'aller le voir.

_Je ne sais pas où il faut que j'aille, monsieur...

_Suis moi j'y vais aussi ! dit-il en souriant."

Je le suis, un léger sourire s'installant aux coins de mes lèvres. Mais le stress reprit le dessus et cette insouciance passagère fut chassée et ne fut plus qu'un souvenir. Le sourire laisse place à des rides d'inquiétude sur mon front.

Jasper m'entraine jusque devant une porte immense faite de bois sombre. Il pose sa main dessus pour l'ouvrir mais se retourne vers moi avant.

"Destresse Hope, ça va aller."
J'inspire brusquement et entre dans la salle précédée par le blondinet.

Ca a l'air d'une salle à manger classique. Une table et des chaises posées sur un tapis. Mais avec des proportions inimaginables. 42 chaises sont disposées autour de l'immense table de verre fumé. Toute en longueur, elle va d'un bout à l'autre de la salle. Et le tapis... Un tapis de velours noir. Je suis sûre que dormir dessus serait plus agréable que dormir sur mon matelas.
Mais avant de dormir sur le tapis, je dois faire face au roi. Et c'est le moment.

Je ne suis pas prête... Mais on est jamais prêts dans la vie. Alors il faut y aller quand même. Si on a peur, c'est bon signe. C'est qu'un tournant important de notre vie arrive. Et quelle que soit l'issue de ce tournant, celle que tu espérais ou non, rien ne sera comme avant.

Les Doués. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant