Basile

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Pour Lili

Basile était un homme très élégant dont la beauté faisait détourner tous les regards féminins.

Son regard était irrésistible et sa voix grave, posée et rocailleuse rendait la moindre de ses

paroles passionnante. Il devait avoir une trentaine d'années. Papa l'avait rencontré à Budapest,

cinq ans auparavant. Ils s'étaient retrouvés à Annecy et depuis, Basile venait tous les samedis

aux fêtes.

Il semblait toujours soucieux et attentif à tous. Un soir, Sophie, qui était une femme d'une

sottise indicible, alla le voir. Je ne sus de quoi ils parlèrent, mais cela dura une bonne trentaine

de minutes. Sophie ne lisait pas, elle n'aimait que parler de mode et de coiffure. Je vis que sa

compagnie assommait Basile.

Il venait aux fêtes constamment habillée d'une chemise blanche, assez déboutonnée pour

apercevoir son torse, d'un pull over noir ou bleu et d'un chapeau qui attiré toute notre attention.

Ses lunettes de vue Oliver Goldsmith le rendaient mystérieux et séduisant. Il ne manquait

jamais de vous complimenter. Dès que je le voyais je rougissais et bégayais. Ses mains imberbes

me rendaient folle.

Mais je n'étais qu'une simple jeune fille, incapable de susciter son attention.

Je me rappellerais toujours cette phrase que j'avais entendue :

" J'ai atteint le summum des délices et maintenant je suis heureux".

Il était en compagnie d'Étienne, un riche écrivain, qui se vantait parfois de connaître Sartre, ce

qui m'agaçait car j'aimais Camus.

Six contes moraux. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant