Bad Moon

Prologue

Je suis curieuse, je l'ai toujours été. "Vilain défaut !" disait ma mère. Aujourd'hui je la crois. Lorsqu'on approche de la majorité, comme moi, on veut en apprendre sur le monde qu'on va rejoindre. En ce qui me concerne, ça relevait carrément d'un nouveau monde que je n'aspirais absolument pas à découvrir. "Mouton noir" dites-vous. Déclarée philosophe, mon esprit est la porte de mon propre univers. Jamais entendu parler du vôtre et pourtant, 'faut quand même que je le rejoigne.

Ma mère me harcèle. "Sors bon Dieu ! Tu n'sors jamais d'ici !" J'en ai marre de ses cris. J'suis pas sourde. J'suis pas autiste non plus, ok ? J'suis seule, soit. Mais j'aime ça. Est-ce que je fais chier les gens, moi ? NON !

Ça m'soule, j'décide de me lever de mon lit sur lequel j'étais avachie. Serait-ce un sourire victorieux sur le visage de ma mère ? Elle va vite déchanter, j'vais me chercher à bouffer. Aha. 1-0 pour moi. Elle pète un câble, mon père arrive, l'attrape et l'éloigne. Il a cessé de vouloir m'aider depuis longtemps, lui. Il me supporte brièvement entre deux voyages d'affaire à l'étranger et ses visites à sa maitresse. J'entends la petite soeur donner raison à ma mère. Dans cinq minutes, elle montera dans sa chambre et me fera le plus beau de ses regards noirs. "Arrête d'énerver Maman." Alors que c'est la première à lui causer du tort en ramenant des bulletins calamiteux et en baisant tous les bâtards du pays. "Quelle classe !" aurait dit mon père lorsqu'il parlait encore.

A chaque fois, c'est pareil ! J'écris, je lis ou je dors et un de ces trois-là vient me déranger. Aujourd'hui, lecture, je repose Macbeth que je relisais pour la troisième fois et me lève en mode zombie, autant dire que l'énergie était présente ( Sarcasme au cas où vous seriez trop cons ! ), pour me dégourdir les jambes ! Ils l'auront voulu ! J'récupère mon MP3 et mon casque, j'prends un vieux sweat, une bouteille d'eau, j'mets mes godasses et attrape mon sac. J'passe devant la famille, j'les ignore, j'les sens sur le cul, j'ouvre la porte, j'sors et j'la claque violemment.

Vie réelle... Me voilà.