I. L'ouïe

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Il est treize heures. Le soleil, déjà levé depuis longtemps, éclaire de pleins feux la salle de classe dans laquelle règne un brouhaha incessant. Le professeur, peinant à se faire entendre de ses élèves, hurle des menaces à l'encontre des éléments perturbateurs. Mais personne ne lui prête attention.

Assise au premier rang, ton enregistreur sur pause, tu écoutes, les yeux fermés, n'osant demander à ton enseignant de reprendre son cours. Tu ne te permets pas non plus de prendre part aux bavardages. Toi, tu es la bonne élève, la timide, celle qui écoute sans jamais rien rajouter. Tu es celle qui est révoltée de l'attitude de tes camarades sans rien entreprendre pour que cela cesse.

Mais voilà qu'enfin la cloche sonne, libératrice. Comme à l'accoutumée, tu prends ton temps pour sortir, afin d'éviter la cohue des lycéens se ruant vers la porte d'entrée. Tu éteins ton enregistreur et le ranges soigneusement au fond de ton sac à dos. Tu entends l'enseignant soupirer. Tu te tournes vers lui et lui adresses un sourire. Il empoigne ton carnet d'exercices à l'instant-même où tu t'apprêtais à le ranger, et parcourt les quelques lignes d'exercices que tu as retranscites à l'encre bleue. Il le referme, te le rend.

- Tu t'améliores, Fanny. Continue comme ça.

Tu lui souris à nouveau, lui souhaites une bonne journée, et sors de la salle. Il est l'heure de déjeuner. Tu laisses tes pas te guider jusqu'au réfectoire, une main posée sur le mur.

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