Au-delà de mes rêves

Chapitre 1 - Retour à la réalité

- Tu es pathétique ma fille ! Encore à fantasmer, me dis-je.

J'en viens à me parler à moi-même. Pire, j'en suis au point où ma vie sexuelle se fait par procuration. Je me donne du plaisir seule en lisant des histoires érotiques.

- Je devrais peut-être m'acheter un vibromasseur, ce serait utile.

Je me retourne et essaie de me rendormir. Je n'y arrive pas. Je décide de prendre mon smartphone et de lire un peu, histoire de me changer les idées. J'entends qu'il se rend dans la salle de bain. Je coupe le téléphone et ferme les yeux. Il arrive, se met sur son côté et s'endort.

Plus j'y pense et plus je me demande comment nous avons fait pour en arriver là. Nous sommes encore jeunes. J'approche de la quarantaine et lui la dépasse depuis peu. Nous avons un enfant. Cela fait treize ans que nous sommes ensemble. De l'extérieur nous donnons l'image d'une famille heureuse et d'un couple amoureux.

La première partie est exacte. Nous sommes des parents heureux, fiers de notre fille. Elle est bien dans sa peau. On peut dire qu'elle est notre plus grande réussite. Par contre, je n'irais pas jusque dire que nous sommes amoureux. Je ne dis pas qu'il n'y a plus de sentiments, ce serait un mensonge. Je dirais plutôt que nos sentiments ont évolué. La passion du début a vite laissé place à une grande amitié amoureuse. Le désir n'est plus présent. Je crois que nous sommes avant tout des parents. Notre couple est passé aux oubliettes depuis la naissance de notre fille. Rattraper douze ans ne va pas être simple.

Nous sommes comme des petits vieux qui ont déjà passé toute leur vie ensemble. Nous vivons sous le même toit, avons nos petites habitudes et n'en bougeons pas d'un iota. Le soir, nous restons devant la télévision puis nous allons dormir. Plus de sortie, de rendez-vous en amoureux.

Il m'arrive souvent de regarder les gens dans la rue. Quand je vois des couples se promener en se tenant la main, je ne peux m'empêcher de sourire. Je suis heureuse pour eux et envieuse en même temps. Ces gestes du quotidien si insignifiants qui veulent pourtant dire beaucoup. Comme un baiser, un simple baiser. Nous ne nous rendons compte de leurs significations que lorsqu'ils ne veulent plus rien dire ou qu'ils finissent par devenir inexistants.

Quand faut-il commencer à se demander si cette absence de gestes est normale? Quand de couple heureux, nous devenons colocataires? Quand de la passion, nous en arrivons juste à nous parler comme nous pouvons parler au voisin?

Je suis fatiguée. Si fatiguée de cette situation. La solitude est devenue ma compagne de tous les jours. Vous savez, quand vous êtes entourée par quelques personnes ou que vous êtes au milieu d'une foule et que vous ressentez un vide immense, un manque que personne ne peut combler?

Mes yeux commencent à se fermer. Je n'en peux plus de lutter. Je laisse la fatigue m'emporter loin de toutes ces pensées. Au moins dans mes rêves je ne suis plus seule.

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Chapitre corrigé - 23/03/18

Dernière correction - 14/09/18