Hypocondriaque

Partie 2/2

Après avoir aidé Regina à finir de débarrasser et à faire la vaisselle, Emma avait été conviée à prendre place sur le sofa devant la cheminée afin d'être un peu plus à l'aise. La jeune blonde s'était détendue au cours du dîner et acceptait plus facilement la compagnie de la brune tyrannique ce soir. Elle repensait sans arrêt aux excuses de Regina et était encore toute retournée par ses aveux.

Le maire de Storybrooke revenait avec deux verres à pied et une nouvelle bouteille de vin. « L'un des plus vieux millésime collectionné par ma chère mère » disait Regina en les servant plus que raisonnablement. Honorée, Swan trinquait en sa santé.

Elles étaient restées silencieuses un long moment, Emma le regard braqué sur la photo de famille centrale posée sur la cheminée. Ils étaient tous les trois heureux, un bonheur presque transmissible. « Robin était mon mari. Il est décédé il y a un an d'une opération qui a mal tourné. Il avait une infection au niveau de l'estomac et une bactérie l'a aggravé. » Regina avait surpris le regard questionné d'Emma, cette dernière étant désolée pour l'accident. « Hopper pense que mon hypocondrie a commencé peu après sa mort. Ma peur de la contamination et de la maladie seraient suite à un choc....psychologique ou émotionnel qui me pousse aujourd'hui à vouloir préserver Henry pour ne pas le perdre lui aussi. »

Emma avait hoché la tête en se pinçant les lèvres « je suis sincèrement désolée » avait-elle murmuré. Elle comprenait maintenant pourquoi Regina était comme ça et elle s'en voulait car le maire avait tout fait pour que le décès de son mari ne soit pas étaler aux yeux de toute la ville. Jamais avant ce soir elle n'aurait pu s'en douter. Regina lui assurait que tout allait bien, que c'était du passé mais Emma sentait que ce n'était pas encore tout à fait apaisé. Elle buvait son vin en fixant les bûches crépiter, silencieusement.

« Et vous, pourquoi avez-vous voulu devenir médecin ? » Questionnait Regina en regardant elle aussi le feu, les mains en coupe autour du verre. Emma prenait un temps pour répondre, elle buvait calmement. « À la fin de mes études de médecine, je suis partie en voyage humanitaire en tant que bénévole au Congo. La pauvreté et la maladie des populations m'a profondément touchée. En regardant les médecins œuvrer, mon idée de vouloir sauver le monde a été renforcée. Je voulais être le héro des petits enfants qui souriaient lorsque les médecins les apaisaient et les soignaient. » Regina souriait sous l'explication d'Emma et lui demandait pourquoi elle n'était pas repartie là-bas pour s'installer. Le docteur lui répondait qu'ici, elle avait sa famille et qu'elle ne voulait pas l'abandonner. Mais elle s'était promis un jour de retourner au Congo.

Elles buvaient chacune et demeuraient à nouveau silencieuses. L'excès du vin commençait à les étourdir et Emma se rendait compte que pour une professionnelle, rentrer en voiture dans cet état était une preuve consentante d'inconscience. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait pris la patience de rester tout le long de la soirée mais elle ne se sentait pas non plus déçue car elle en avait appris plus qu'elle n'avait pu en savoir sur le maire en lisant les journaux locaux. Emma était touchée par la douceur infinie que dissimulait Regina sous son caractère de harpie.

Les deux femmes n'avaient pas totalement fait attention à l'horloge de la ville qui elle avait n'avait pas cessé de tourner et ne s'étaient pas rendues compte de l'heure tardive ni même de leurs états d'ivresse. « Vous devriez arrêter le vin pour ce soir Madame Mills. Votre traitement n'est pas vraiment compatible avec l'alcool » « c'est vous le médecin » avait rétorqué Regina en posant son verre. Par bonne conscience, Emma avait posé le sien, jugeant que pour elle aussi, il était temps de se calmer.

A présent elles se regardaient longuement à nouveau, assises l'une à côté de l'autre à proximité. Regina détaillait longuement Emma qui portait pour une fois un chemisier bleu et un pantalon tailleur noir, une queue de cheval joliment noué, le regard souligné par un trait fin et maîtrisé de crayon. Elle n'avait pas cette odeur de désinfectant perpétuelle comme au cabinet ou lorsqu'elle venait pour consulter. Elle avait simplement les effluves d'une femme mise en beauté pour un repas familial qu'elle avait saboté.

« Je suis sincèrement désolée encore Mademoiselle Swan. » Emma lui avait sourit alors que leurs yeux ne s'étaient pas quittés. Regina rougissait et son cœur accélérait un peu par la douceur des yeux bleu de la jeune médecin.

« Docteur c'est normal que mon rythme cardiaque soit élevé ? » demandait Regina avec une petite voix. La bouche d'Emma formait un O d'étonnement, pensant un instant que la maîtresse de maison était sur le point de lui refaire une crise. Elle se détendait à nouveau lorsque cette dernière souriait. Elle se prêtait au jeu et continuait « que ressentez-vous d'autres comme symptômes ? » Regina prenait le temps de réfléchir avant de regarder Emma avec un air faussement grave.

« J'ai la tête qui tourne. »
« C'est le vin. »
« J'ai le ventre noué. »
« Vous stressez ? Voyons vous voulez m'en parler ? »
« Lorsque vous me regardez. Je suis fiévreuse. »
« Tout va bien, je suis là. Ça va aller. »

Emma posait sa main sur le genoux de Regina comme pour la rassurer. Regina posait une main sur son front et prenait un air théâtral.

« Je vais m'évanouir sous votre touché. »
« Voulez-vous vous allonger ? Laissez moi vérifier si vous me le permettez ? »
« Je brûle intérieurement, de vous embrasser. »

Le Docteur Swan ne s'y était pas attendue et elle se disait que le vin avait vraiment tapé leur deux esprits pour ce soir. Elle ne réfléchissait pas, Regina était une femme absolument magnifique et un baiser échangé ne l'engageait à rien. Néanmoins elle ne pouvait s'empêcher de se moquer « et si je vous transmettait quelque chose par voix orale ? », « c'est mesquin docteur ! » grognait Regina. Emma souriait puis après un instant, se rapprochait.

Elle tendait sa main sur la joue de Regina et la lui caressait doucement. Elle observait les yeux clos de l'hôte et la trouvait encore plus radieuse avec les couleurs chaudes des flammes reflétant sur le côté de son visage. Elle passait une mèche de ses cheveux ébène derrière l'oreille et lui délivrait un long et sulfureux baiser duquel Regina n'avait manqué de l'apprécier.

Fin