Chapitre 3

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Une journée de réflexion

Je me réveillai doucement dans mon box aux alentours des six heures du matin. L'écuie était calme, je n'entendais aucun bruit. J'apercevais au loin le soleil levant qui passait à travers une légère ouverture de la porte du fond de l'écurie.  Ça allait être une douce journée d'automne où il allait faire bon. Cette jolie vue me rappela mon plus profond rêve. Moi, en train de galoper dans une grande plaine infinie et inhabitée sous un ciel nuancé de rouge, d'orange et de jaune. Cette scène se passerait en Camargue, le plus bel endroit pour moi. Pour cause, champs, plages et marais inoccupés y sont. Dans ce monde je n'aurais aucune contrainte, aucun cavalier à porter ou plutôt à supporter. Je serais libre. Je pourrais y rencontrer une belle jument ou peut-être même un troupeau où on serait tous soudés. Un pur bonheur pour une vie heureuse à l'infini.

Je fût interrompu dans mes pensées par un groupe d'humains qui rentraient dans l'écurie et qui ne se génaient pas de parler et rire très fort, ce qui réveilla tout le monde en plus de m'extraire de mon esprit. Et oui, j'allais oublier, nous sommes dimanche, le jour des concours. Moi je ne me souviens pas en avoir fait, appart dans mon propre centre équestre en entraînement, donc ici même. Je les ai observés prendre chacun leur poney ou cheval puis les brosser et leur mettre des protections de transport pendant qu'ils mangeaient leur foin. Ils sont ensuite partis, sûrement dans le camion, nous laissant, moi et les autres qui n'avaient pas le droit de goûter à cette expérience. C'est vrai que j'aimerais bien les accompagner. Je pense que les concours seraient une bonne occupation qui animerait plus ma vie. Mais non, aucun cavalier ne veut m'y amener avec lui.

Un parlfrenier arriva alors quelques minutes plus tard pour donner du foin aux chevaux comme moi qui n'avaient pas la chance d'aller concourir en ce dimanche. Puis, il nous a sortis dans un grand pré pendant 45 minutes. Je me suis un peu amusé avec une ponette se nommant Aurore. On galopait, on s'arrêtait, on ruait, on se mordillait. Ça faisait longtemps que je n'avait pas autant profité de cette sortie dehors avec un de mes collègues. Mais, il était déjà l'heure de rentrer, le palfrenier réapparut malheureusement pour nous rentrer chacun dans notre box.

J'ai terminé ma fin de matinée à discuter de tout et de rien avec mon voisin de box, Chantilly. Nous avons commencé par parler du concours et du beau temps d'aujourd'hui. Il m'a appris que cette année le centre équestre comptait se rendre aux championnats de France à Lamotte-Beuvron. Ça donne envie, mais de toute façon je ne serai plus là. Ensuite, je lui ai justement fait part de mon envie d'évasion et de liberté car je lui faisait confiance. Il m'a conseillé de le faire quand il n'y avait pas d'humains à proximité, sinon ils me rattraperaient facilement et ça serait voué directement à néant. Il avait raison.

Nous avons cessé notre conversation quand un cavalier est apparu pour prendre Chantilly et aller le monter. Alors je me mis à réfléchier à plusieurs techniques d'évasions. Je commencerai demain. Chaque jour je testerai quelque chose, car si je me fait rattraper, je serai surveillé le reste de la journée donc je pourrais tenter une nouvelle idée que le lendemain. Premièrement, lundi j'essayerai d'ouvrir le loquet de mon box durant la pause du midi et je partirai tranquillement de l'écurie. Si cela ne fonctionne pas, mardi, je m'enfuierai quand je serais au pré tout simplement en sautant le fil. Et si tout cela est voué à l'échec, mon évasion sera mercredi. Quand un enfant m'amènera en direction du manége ou de la carrière je tirerai très fort et je m'enfuierai au galop le plus vite possible. Voilà mes plans. Demain sera le grand jour, la journée où mon avenir va peut-être changer. Sinon, je pourrai quand même essayer les autres jours mais j'ai le pressentiment que ce lundi sera un tournant dans ma vie. Il est vrai que je n'ai rien décidé en cas d'imprévus mais je sais très bien improviser. J'éprouve tellement l'envie d'y arriver. Cela fait depuis trop longtemps que j'ai cette envie de cette liberté. Je ne veux plus être coincé dans cette routine de coups de talons, fessiers tapant dans le dos et à-coups dans le mort. Sans parler de l'enchaînement de plusieurs heures de cours tous les samedis et mercredis

Je revins à la réalité un instant. Mais, que vais-je faire après ? Une fois dehors, comment j'arriverai à rejoindre la Camargue ? Non tais-toi, j'y arriverai, je trouverai des solutions, je n'en doute point, il le faut. Ou, du moins je trouverai tout de même un lieu où vivre librement. Cette exitation de fuite m'a envahit ce soir. Mes poils se sont dressés et mes oreilles ont frétillés durant cette longue réflexion. Il faut absolument que je réussisse. Sinon, comment je vais être heureux ? Je ne peux plus supporter ce rythme et ces conditions de vie, même si certains trouvent que j'ai de la chance. J'entendis les cavaliers rentrer quelques minutes plus tard, ils venaient du concours. Les chevaux et poneys furents mis dans leur box et l'écurie devint, après,  silencieuse. Je m'endormis rapidement tout agité à l'idée d'être demain.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 20, 2018 ⏰

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