Partie VII

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21 Septembre 1983

Cher Journal,

Le garçon qui m'avait indiqué où je pouvais trouver Richie ne m'a pas menti. Je l'ai retrouvé. Bien entendu j'ai du surmonter des épreuves toutes aussi horribles les unes que les autres.

Après avoir terminé le repas avec ma mère et avalé mes médicaments, je suis allé dans ma chambre comme tout les soirs pour lire La Chartreuse de Parme, cependant ce soir je ne l'ai pas fait. Non sans grincer des dents je te l'accorde.
Une fois que ma mère fut couchée, je suis passé par la fenêtre et j'ai quitté ma chambre.

Je me suis dirigé vers l'une des adresses que m'avait donné le jeune.
Arrivé devant le porche d'entrée, j'ai inspiré profondément pour me donner du courage mais au contraire je l'ai perdu en sentant l'horrible odeur qu'était celle de la transpiration humaine qui s'émanait de l'intérieur.

Je n'ai même pas eu besoin de frapper à la porte que celle-ci s'est ouverte sur une fille en larme qui quitta rapidement les lieux. Je me suis même surpris à me dire que je ne n'espérais pas finir comme elle.

Un pied devant l'autre, j'entrais dans cette immense baraque.
À l'intérieur, tout était comme je l'imaginait. Certains jeunes en folie dansaient sensuellement dans le salon, d'autres étaient vautrés sur les fauteuils et canapés avec un verre débordant de ponche à la main, il y avait aussi les adolescents débordant d'hormones qui se bouffaient littéralement la bouche et pour finir ceux qui consommaient sans aucun gêne des stupéfiants ou fumaient simplement une clope comme Richie par exemple.

Je m'avançais alors dans cet enfer. Impossible de marcher, des gens partout.
Impossible de voir, ma vision se brouille.
Impossible de respirer, l'odeur est insoutenable.
J'arrivais au niveau de la cuisine lorsque j'aperçu Richie de dos. J'hurlais son nom mais aucune réaction. J'essayais de passer à travers les gens mais aucun moyen, je m'épuisais pour rien.

Je commençais réellement à me sentir mal et il me fallait de l'eau. Je perdu toute trace de Richie et me dirigea vers les gobelets pour prendre à boire. Quelqu'un m'en donna un et m'assura que c'était de l'eau. Je portais alors le liquide à mes lèvres et bu tout le contenu. Quelques minutes plus tard je commençais à ressentir des douleurs à la gorge et à l'estomac. J'accouru aux WC à l'étage et vomi. J'étais accroupi au dessus de la cuvette, attendant que le reste sorte lorsque quelqu'un rentra dans la pièce. Il m'appela par mon nom, ce qui me fit relever la tête.
Richie.
Il était surpris de me voir là. D'autant plus dans l'état où j'étais.
Il s'accroupit à mon niveau et posa sa main sur mon dos.
D'une voix faible, je lui demanda de prendre dans ma banane mes médicaments contre le vomissement. Délicatement, il les pris et me les donna.
Il m'aida à me relever et on sorti prendre l'air dans le jardin. Il devait être seulement 22h et le ciel était totalement noir et couvert de gros nuages.
On s'était assis l'un à côté de l'autre, silencieux. Chacun de nous réfléchissait à comment poser sa question.
Richie fut le premier. Il me demanda pourquoi je suis là. Cependant, je n'y répondit pas et lui demanda à mon tour pourquoi il n'était pas venu de toute la semaine alors qu'il semblait en bonne forme.
Sa réponse me surpris.
« J'avais besoin de prendre du recul » avait-il dit.
Lorsque je lui demanda sur quoi, il me répondit en me regardant droit dans les yeux : « sur ma vie ».
Je voulais lui poser un milliard de questions mais il se leva et d'un ton autoritaire il m'incita à rentrer chez moi car il se faisait tard. J'ai accepté à une condition, enfin plutôt deux. La première étant qu'il me raccompagne et la deuxième étant qu'il ne me laisse plus jamais sans aucunes nouvelles.

Eddie

Paper and Love [ Reddie ] It FrenchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant