Amelia Chance

9. Lettre

À mon tour, je quitte la pièce secrète, sans fermer les lumières et en laissant tout en place.

Je referme la porte, sans prendre la peine de la cacher, puis je sort dans ma chambre, surprenant Mik et Brittany en train de s'embrasser passionnément. La routine quoi. Ils s'arrêtent pour me dévisager, mais je continue ma route, imperturbable, sans leur jeter le moindre coup d'oeil. Je pêche mon manteau au passage et me dépêche de sortir de la chambre. En quelques minutes, je suis dans la cour du pensionnat et je m'écrase sur un banc à proximité, fixant le vide comme un zombie.

Je ne connais même pas Zack, et lui ne me connaît pas. Tout ce que je sais est qu'il a eu un dur passé et... C'est tout. En fait, je suis sûre que si nous n'avions pas été engagés dans toute cette histoire, Zack et moi ne nous serions même pas supportés.

Ne dis pas ça, Amélia, me souffle une partie de moi. Vous êtes faits pour être ensemble.

Quoi ?

Non.

Non.

Tu crois que c'est un rêve?

Que tu vas te réveiller demain, dans ton lit, deux ans plus tôt?

Tu crois que c'est comme ça que tu vas faire revenir ta famille ainsi?

Tu rêves Amélia, tu rêves.

Tu rêves...

Une lumière jaune pâle illumine soudainement l'atmosphère et je relève tranquillement la tête. Comme si le soleil était devant moi, la lumière m'éblouit et quelqu'un sort du brouillard, faisant de l'ombre sur mon visage.

J'essaie d'identifier la personne. C'est un homme d'environ 35 ans, plutôt grand et ses cheveux sont brun foncé.

- Qui êtes-vous ? Demandai-je à l'inconnu.

Pour seule réponse, l'homme me sourit et vient s'asseoir sur le banc, près de moi.

- Ça n'a pas d'importance, Amélia, me souffle-t-il.

Je fronce les sourcils en l'observant. Un air légèrement triste est peint sur son visage. Son sourire est faible mais sincère, et j'entends son coeur tambouriner à travers sa poitrine. Ses yeux sont... Noirs. Ses yeux sont noirs. Noir charbon. Je sursaute et l'homme, compatissant, pose doucement sa main sur son épaule. Je me retourne alors vers celle-ci comme si c'était une bactérie suspecte, avant de reporter mon regard sur l'intriguant inconnu.

- Ne fuis pas ton destin, Amélia, me glisse-t-il.

Quoi ?

- Pardon ... M'incrustai-je. Puis-je savoir de quel droit vous me conseillez ?

L'homme rit doucement, d'un rire cristallin, léger. Il est si étrange, pourtant je sens un lien entre cet homme et moi, comme si une sorte d'enchantement scintillait en lui.

- N'essaye pas de comprendre, me raisonne-t-il de sa voix angélique. Tu comprendras bien assez tôt.

Bon, c'est moi ou il me prend pour une conne ?

- J'aimerais seulement que tu te rappelles d'une chose, Amélia, poursuit l'inconnu, en prenant bien soin de fixer ses yeux sur les miens.

C'est si irréel. Licornes, magie, Disney. Est-ce que c'est un rêve que je fais ? La voix de l'homme interromps subitement mes pensées.

- Peut importe le chemin que tu choisiras, souviens-toi que les choses ne seront pas toujours ce que tu voudras et il sera de ton devoir de trouver la vérité, et rien d'autre, Amélia. Ne perds pas de vue pourquoi tu es là.