Gabrielle se réveilla dans un sursaut, son cœur battant la chamade. Elle se repris rapidement ses esprits. Éberluée, elle scruta les environs, et son cœur rata un battement. C'était la maison de son oncle...
Elle détailla les murs en pierre, les tourelles recouvertes de tuiles brillant dans les dernières lueurs du jour comme une carapace de scarabée, le lierre qui s'enroulait entre les créneaux, les volets pourpres. Elle se sentit chez elle. Elle saisit sa petite grenouille et d'un pas assuré, elle s'avança vers la lourde porte de chêne, puis sans hésitation poussa le battant, pénétrant dans un immense hall. Rien n'était poussiéreux et l'endroit était comme dans ses souvenirs. Une ambiance à la fois chaleureuse et mystérieuse, lui évoquant des dédales de couloirs plongés dans une obscure clarté, des couleurs pourpres et sombres. Effleurant du bout des doigts les anciennes tapisseries, elle se remémora ses souvenirs d'enfance, passés dans cette maison. Elle se revit haute comme trois pomme, sur le dos de son oncle, marchant à travers la forêt, plus rassurée qu'effrayée par les bruissements autour d'elle. Puis quelques années plus tard, chevauchant une jument noir au plus profond des bois, à la recherche de champignons mortels, pour compléter son livre de recherche élaboré par elle même. Elle devait avoir huit ans et venait d'assister à la mort d'un renard blessé par une balle de chasseur. Depuis ce jour là, elle avait toujours entretenu une haine farouche des chasseurs et des braconniers, qu'elle méprisait tout autant. Le fait de se repaître de la souffrance et de la mort la rebutait.
Les souvenirs défilaient si vite devant ses yeux qu'ils formaient un brouillard coloré et dense. Prise dans cette étau paralysant, elle chancela sous l'afflux. Il lui sembla que sa poitrine se déchirait de douleur, et elle tomba à genoux, ses épaules agitées de lourds sanglots. Mrs Scamander enfouit son museau dans ses boucles rousses, lui apportant un peu de réconfort. Les larmes roulaient sans discontinuer sur ses joues, se perdant dans ses cheveux. Et elle pleura pour la seule personne qu'elle n'ait jamais aimé comme sa famille. Il lui manquait tant. Tous les sentiments qu'elle avait emprisonné derrière un mur d'impassibilité resurgissaient dans un torrent incontrôlable. Elle resta prostrée de longues minutes, puis mue par un ordre impérieux, se redressa et marcha comme un automate, gravissant les marches de l'escalier en colimaçon, qui amenait à la chambre dans laquelle elle avait toujours dormi lorsqu'elle venait passer ses courtes vacances dans le manoir. Elle fixa la porte quelques instants et inspira un grand coup. Elle ne savait pas mais quelque chose l'attirait irrésistiblement de l'autre côté de la cloison. Elle enclencha la poignée et franchit l'entrée. Elle observa la chambre avec son immense lit à baldaquins, ses rideaux de velours et ses meubles en ébène. Elle inspira à pleins poumons l'odeur de bois qui flottait dans la pièce et écarquilla les yeux en apercevant une lettre cachetée sur l'oreiller. Elle se précipita vers le lit, enjambant les poufs, les livres puis se stoppa net et fixa l'enveloppe le souffle court. Elle ouvrit délicatement le cachet de cire et en sortit un papier fragile et corné. Une déception sans nom lui serra le cœur. Elle s'était attendue à trouver une lettre, une trace écrite, une preuve que son oncle ne l'avait pas totalement abandonné. Mais elle devait admettre que le parchemin était entièrement vierge.
Soudain, une illumination traversa son cerveau ! Et si la lettre était tout simplement écrite à l'encre invisible ! Elle parcouru la pièce, rassemblant les affaires nécessaires, et descendit dans l'un de ses endroits préférée... Le laboratoire.
Gabrielle s'installa sur le bureau, alluma des bougies sous les fioles en verre, et posa la grenouille curieuse sur le pan de travail. Elle commença à mélanger des feuilles de souci, des graines de gentiane, de la liqueur de rose et de l'extrait de pavot. Le liquide porté à ébullition devint translucide avec des reflets dorés. Elle sourit. C'était son oncle qui lui avait appris à concocter ce mélange. Lorsqu'elle lui avait demandé pourquoi, il lui avait répondu simplement que peut être un jour cela serait utile. Elle n'avait pas compris à l'époque, mais maintenant, cela lui semblait évident. Un filet de sueur coulait sur son front tant elle était concentrée, l'œil agrandit par la loupe, elle trempa un pinceau dans le liquide et fit un trait au milieu de la feuille. Des lignes fines et noires apparurent. Surexcitée, elle imbiba une petite éponge et, méticuleusement, la passa sur toute la surface. Au lieu d'une lettre, ce fut une carte qui apparu, des indications notées dans les coins. Gabrielle vit aussitôt que la carte était fractionnée en quatre parties, chacune représentant un étage. Le dernier lui ayant toujours été interdit par son oncle...
Gabrielle observa interdite, la porte condamnée par des briques qui aurait du mener à l'étage interdit. Elle eu un grognement de frustration, elle savait que quelque chose d'extrêmement important était là, juste derrière la cloison. Elle enragea et hurla, laissant libre court à sa colère et donna un violent coup de pied dans les briques, ce qui eu pour seul effet de lui provoquer une douleur aigüe dans le gros orteil. Elle devait certainement s'être cassé quelque chose. Sa grenouille sauta de son épaule et se dirigea par petites bonds vers la fenêtre. Ayant peur qu'elle n'attente à sa vie, même si c'était peu probable car Mrs Scamander était une grenouille heureuse, Gabrielle s'empressa de la suivre. Elle l'attrapa juste avant qu'elle ne saute sur la cadran de la fenêtre.
- Mais qu'est ce qu'il t'arrive, murmura Gabrielle sans vraiment attendre de réponse.
La grenouille s'échappa de sa poigne et se glissa entre les battants de la fenêtre.
- Fichu batracien, pesta la jeune fille, qui, bien sûr malgré ses paroles adorait la grenouille, qui lui apportait le réconfort dont ses parents l'avaient toujours privé.
Elle ouvrit délicatement la fenêtre, et trouva Mrs Scamander assise le le rebord , fixant le soleil déclinant. Elle se retourna vers Gabrielle, et l'observa comme si elle voulait lui dire quelque chose. Parfois la jeune fille regrettait qu'elle ne puisse pas parler. Elle se pencha et regarda dans la direction que pointait de son museau l'animal. Elle vit alors un rebord étroit, à peine assez large pour pouvoir loger les pieds d'une adolescente. Le regard de la grenouille était insistant, et Gabrielle compris alors. Mrs Scamander bondit sur son épaule, et l'adolescente enjamba le rebord de la fenêtre. Elle inspira puis se mit à avancer le long de la corniche. Chaque fois qu'elle manquait de déraper, la grenouille semblait lui redonner l'équilibre. Arrivée de l'autre côté, elle pénétra dans la pièce immense. C'est seulement à ce moment là qu'elle se rendit compte du risque qu'elle avait prit, en jouant aux équilibristes, perchée à plusieurs mètres de hauteur. C'est comme si sa grenouille lui avait insufflé du courage. Elle fixa, incrédule, l'animal qui lui rendit calmement son regard. La jeune fille décida qu'elle s'en inquiéterait plus tard, empoigna délicatement la bestiole outrée et la déposa sur son épaule.
Regardant alternativement son plan et les lieux, elle trouva enfin ce qu'elle cherchait. Un lourd coffre en bois brut serti de pierres flamboyantes. Elle observa la serrure quelques instants, puis mit sa main dans sa poche et sorti une clef en inox dont elle était parvenue à réaliser une réplique grâce au dessin au dos du plan. Elle avait eu l'intuition qu'elle servirait à ouvrir un coffre et elle avait raison!
Elle fit tourner la clef deux fois dans la serrure et un déclic retentit dans le silence religieux de la pièce. Le couvercle se souleva dans un nuage de poussière et Gabrielle se pencha. Quelque chose reposait au fond de la caisse...
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La malle ...
ParanormalLors du décès de son oncle, Gabrielle va trouver dans son grenier une malle contenant des choses... Des créatures ... Fantastiques ... Effrayantes ... Dangereuses ... Et elle va devenir la maîtresse de cette valise contenant un trésor aussi fabuleux...