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Chapitre 19 - Romy

Mais pourquoi je pense autant à Harry ? Il en a sûrement rien à faire de moi, je me fais très probablement des idées. Je sens que je vais être gênée de le revoir. Voir même honteuse, si je me rends compte que je me suis imaginée des choses totalement fausses. Heureusement qu'il repart dans deux jours pour Londres, au moins je ne me tracasserai plus la tête.

Au lieu de profiter de Zachary, je ne fais que de penser à ça. J'essaye de faire bonne figure devant mon copain mais c'est difficile. Il ne semble pas percevoir le moindre doute chez moi. Tant mieux, ça m'évite à devoir me justifier et à lui raconter. J'imagine que ça ne lui plairait guère. Bien qu'il soit adorable je doute qu'il apprécie le faite qu'un autre homme s'intéresse à moi et que j'en sois troublée.

Oui je suis troublée. Pas dans le sens où j'ai le moindre sentiment pour Harry, mais plus par le faite que je sois surprise de sa réaction. Et encore plus si c'est moi qui fabule.

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Aujourd'hui c'est le jour de la chorale aux Acacias. Ma collègue a choisi d'introduire une nouvelle chanson dans leur répertoire; "Les feuilles mortes" une si jolie chanson d'après-guerre dont les paroles ont été écrites par Jacques Prévert.

J'ai déjà entendu cette chanson chez mes grands-parents. Ils avaient pour habitude de nous faire découvrir des chansons de leur jeunesse après le repas familial. C'était devenu une sorte de rituel. À force d'entendre les paroles nous étions capables de chanter tous ensemble. C'était notre petite chorale à nous, ou plutôt une sorte de karaoké vu notre médiocre niveau de chant. Il y avait plus de notes fausses que justes mais c'était un moment de partage et de convivialité.

Ma famille me manque. Après le divorce de mes parents, mon père est parti vivre sur Grenoble avec son nouveau compagnon. Quant à ma mère, son travail d'infirmière à domicile lui prend tout son temps. J'admire son dévouement et sa passion pour son métier mais j'aimerai pouvoir passer plus de moment avec elle. Entre mère et fille.

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Le couple du deuxième étage est déjà installé pour l'atelier. Ils ne rateraient pour rien au monde la chorale. Le monsieur m'a même demandé s'il n'était pas possible de rajouter un autre atelier de chant dans la semaine. "J'ai vu avec l'animatrice et malheureusement elle a déjà calé toutes ses activités à elle", lui avais-je répondu.

Marguerite s'est installée au fond de la pièce à sa place de habituelle. "Si j'ai une envie présente, il est plus facile pour moi de m'éclipser !" m'avait-elle confié.

Édith, une résidente passionnée par le chant, est également là. Cette dame, qui est une ancienne cantatrice, aime prodiguer des conseils aux autres chanteurs. Elle prend son rôle de coach vocale très à cœur. Je l'ai même surprise à donner des cours de chant à Jeanne et Marguerite dans la chambre de cette dernière. C'était plutôt cocasse à voir.

Jeanne finit par arriver et elle est accompagnée de son gendre. Il s'assoit à la même place que la dernière fois, de sorte à être en retrait.

Harry ne passe pas inaperçu à chacun de ses passages. Déjà avec Elsa l'autre jour et là, je surprends la stagiaire aide-soignante qui le reluque. N'aurait-elle pas autre chose à faire ?

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Quelques fausses notes plus tard, et l'atelier chorale prend fin pour aujourd'hui. Quelques-uns des résidents sont en train de remonter dans leur chambre, de manière autonome ou avec l'aide d'un soignant.

Jeanne discute avec sa chère amie Marguerite. Elles sont toutes les deux tellement bavardes qu'à ce train là, elles seront encore ici à l'heure du repas du soir. Au moins, elles n'auront pas à effectuer les aller-retour de la chambre à la salle de repas et c'est plutôt un avantage.

Après avoir débriefé très rapidement avec ma collègue, je vois Harry qui s'approche de moi;

- Je voulais te dire au revoir Romy. Je repars à Londres après-demain mais je ne vais pas pouvoir venir ici demain. Je voulais te remercier pour Jeanne et ta venue au parc hier qui la beaucoup touché, moi aussi d'ailleurs.