18- Négociation

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La lumière était proche, je le sentais, mais l'obscurité demeurait toujours entière. M'entourant de ses milles bras, jamais elle ne m'avait parue aussi froide qu'à cet instant. Ou était-ce la solitude qui me faisait ressentir se vide glacial ? Quoi qu'en fut l'aspect de l'environnement où je me trouvais, qu'une seule chose me tiraillait vraiment... Mais je ne savais pas quoi. C'était comme si quelques choses me manquait, une part de moi-même qui s'était volatilisée. Peut-être était-ce dû au fait que je ne sentais absolument pas mon corps... Non, c'était psychique.

Le temps passait sans que je puisse m'en rendre compte. Rien ne m'était étranger mais rien ne m'était pour autant familier. Une voix que je connaissais sans la reconnaître était là. Comme un point d'encrage vers une réalité qui m'échappait encore...

Puis après un temps que je ne sus compter, tout sembla s'éclaircir, comme l'aube après une longue nuit voilée par les nuages.

Je vis d'abord une intense lumière comme celle que l'on voit au bout d'un tunnel. Puis, peu à peu, me rapprochant d'elle, ou elle se rapprochant de moi, je fus comme inspirée par celle-ci.

Me brûlant la rétine, je gardai dans un premier temps les yeux fermés. Cependant, l'envie de comprendre revint à l'assaut de mon esprit et je ne pus résister plus longtemps. Éblouie, j'ouvris les yeux lentement.

Il me fallut du temps, beaucoup de temps, avant que je comprenne où est-ce que je me trouvais.

J'avais l'impression que mon cerveau s'était transformé en bouillie. Tous mes souvenirs étaient embourbés dans un mélange gluant et lointain et me semblaient inaccessibles.

Quoi qu'il en soit, je me souvins de tout après que j'eusse croisé deux yeux verts perchés au-dessus de ma tête.

Je me souvins de notre retour d'Asgard, de notre fuite, de mes recherches, de mon travail de mercenaire. Mais je me souvins surtout de notre lien et de ces Asgardiens qui tenaient -tiennent-ils toujours ?- ma mère en otage et que ce fut l'un d'eux qui me poignarda à l'aide du sceptre de Loki. Ce même sceptre qui m'a, par le passé, donné mes dons pour la magie. Tout fut clair - ou presque- à présent.

-Combien de temps ? demandai-je à Loki.

-Trois jours.

Il ne semblait soucieux mais quelques choses n'avait pas l'air d'aller.

Je voulus venir à sa rencontre dans son esprit, mais il fut plus rapide que moi : je sentis une légère caresse pareil à une fraîche brise sur la peau sous le lourd soleil d'été.

-Qui y a-t-il ? lui demandai-je mentalement.

-Nous sommes enfermés, répondit-il par le même biais.

Je ne pris même pas la peine de regarder autour de moi. Je savais que les dires de Loki étaient réels et ce fut pour cela que je gardai mes yeux plantés dans les siens. Voir la vérité en face m'aurait un peu plus abattue.

Au fond, je priais pour éviter de rester enfermer à vie. Même être éliminé m'était sûrement conseillée... Attendre et être confinée toute ma vie entre quatre murs sans voir la lumière du jour ou même de la nuit, me rendra sûrement folle.

-En temps normal, ils ne m'auraient jamais mise dans la même cellule que la tienne... Alors que s'est-il passé ? demandai-je confuse face à cette situation peu ordinaire.

-Moi-même, je n'en ai aucune idée.

-Je dois leur parler, déclarai-je en essayant de me redresser.

Cependant, la difficulté fut plus grande que ce à quoi j'avais pu penser ; la douleur s'était éprise de mon corps.

- Reste tranquille, jeune Midgardienne, dit Loki en me repoussant doucement.

Le Crime A Un Pardon [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant