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          Croyez-vous au hasard ? J'y ai cru moi-même pendant un long moment mais ça n'est qu'une excuse parmi des centaines d'autres face aux choses qui arrivent dans la vie. En réalité, il n'y a rien de réellement écrit, ni de hasard, de chance, non...J'en doute.

          Nous avons tous notre part de responsabilité dans ce qu'il nous arrive. J'ai fini par m'y faire mais c'est en quelques jours que ma vision des choses a été totalement perturbée, je ne sais pas pourquoi moi plus qu'un autre a eu droit à ce que sa vie soit foutue en l'air. Mais pour une fois, je ne vois pas ce que j'ai bien pu faire. Les choses se sont faites, c'est tout. Et il faut croire, que je dois y être en partie pour quelque chose.

          La vie d'un étudiant est peu passionnante, ennuyeuse je pourrais même dire. La routine me bouffe. Certains le vivent très bien, j'avoue avoir du mal. J'attends la chose qui pourra changer la donne, l'imprévu qui pourra faire ce que je ne suis plus en mesure d'accomplir depuis longtemps, me sortir de là. C'est trop dur.

          Ce jour avait commencé comme un autre. En me réveillant, la seule chose que j'espérais c'est qu'elle soit moins pire que la précédente et que je puisse tracer ma route sans trop réfléchir. Pour une seule et simple raison Ça fait moins mal.

          Je ne sais même pas pourquoi cette capacité m'est toujours aussi développée. Quel fou passant ses journées à courir pour ne pas louper les transports en communs, à passer une moyenne de dix heures de travail scolaire par jour et qui se fait laver le cerveau par des insomnies aurait encore le temps de réfléchir à dans quel sens va le monde ? Le peu de temps libre que nous avons, je le passe à faire de l'activité physique car sans ça je ne tiendrais pas le coup. Du moins je ne le tiendrais plus. J'ai ce besoin constant de me défoncer le plus possible, ne serait-ce qu'en courant. Ça me permet d'oublier ma journée. De tout vidé, jusqu'à vomir s'il le faut. Mon idéologie pourrait vous semblé trop arrêtée, fataliste ou trop je ne sais quoi d'autres, mais sachez que d'après moi, la mentalité des gens dépend du facteur déprime autant que du facteur espoir. Un léger déséquilibre peut tout gâcher en l'espace d'un court instant vous savez ?

           Je me levais donc enfin, le plus tard possible. Pour tout vous dire j'avais remis mon réveil cinq fois sur un intervalle d'une heure. Craignant la sonnerie suivante et l'attendant patiemment à la fois, scrutant le plafond que je finissais par connaître par cœur au fil des jours qui passaient. J'ai la sensation que quelque part, ce rectangle ocre veille sur moi : il me coupe du monde du dessus, du froid, de la pluie et reste là, dans le silence. Je sais...étrange. Il ne me fallut que dix minutes pour être prêt et je sorti plus tôt que prévu. J'aime quand tout est vide et silencieux. Je peux respirer et me laisser bercer par les réverbères que m'offrent la ville endormie. Les lumières de nuit sont pour moi la représentation de la fameuse lueur d'espoir qui maintient en vie. Si elles n'étaient pas là, tout serait encore plus froid, plus obscur que ça ne peut déjà l'être.

          Au moins j'étais sûr d'avoir mon bus et puis j'avais moins de chances de croiser des personnes que je ne supportais plus de voir. Le comble est bien que je tombe sur l'une d'elles, à chaque fois que je prends le bus de six heures vingt. Il m'observe souvent, me glaçant le sang tans l'angoisse qu'il me procurait me pétrifiais intérieurement. Je ne cillerais pas devant lui, je n'ai pas à lui témoigner la moindre attention, plus maintenant. Avant nous étions amis. Il n'y a je pense aucuns conflits mais pour autant l'un ne va pas et n'ira plus jamais vers l'autre. Le temps est une notion qui fait bouger les choses, rien n'est vraiment statique. Le temps et à la fois votre pire ennemi et votre plus cher allié. Il est un train qui peut vous envoyer n'importe où. Nous avons tous notre ticket, il n'a pas de prix. Si ce n'est celui de votre vie.

          Les gens sont étranges entre eux. D'autant que plus l'on grandit, plus il est difficile de crée des liens avec les gens que nous croissons. Il y a quelques années, tenir une porte à quelqu'un ou voir les mêmes personnes tous les jours devrait nous pousser à crée des liens. Mais non. Les liens sociaux passent dorénavant après tout le reste. C'est malheureux. Beaucoup sont seuls et montrent clairement qu'ils ont besoins d'aide. Mais personne ne fait rien. La solidarité à disparue tout comme la dignité, l'empathie et la compassion, entraînés sur une pente commune, glissante et raide.

DéchutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant