Je suis sorti avant tout le monde, pour rentrer le plus vite possible. Ça pourrait rentrer dans la catégorie lâcheté... Savez-vous pourquoi ? Je fuis, la seule chose, le seul phénomène auquel personne ne peut échapper. Au lieu d'essayer de prolonger les bons moments, je me bats dans l'optique d'écourter et de limiter les mauvais.
Mais ça n'a rien changé. J'ai quand même pris le même bus que cinq autres camarades prennent tous les jours, et pourtant, eux sont arrivés à l'arrêt une dizaine de minutes plus tard. La musique qui résonnait dans mes oreilles se calait sur le mouvement de la foule qui se balançaient de manière désorganisée, en fonction des virages que prenait le véhicule selon les différents plis ambigus de la route. Tout semblait évoluer sans moi, immobile et silencieux, le souffle court parmi une trentaine de personnes en mouvement, qui parlaient, bousculaient, soufflaient d'impatience, piétinaient, râlaient sur le pauvre conducteur. Des gens qui vivaient, tout simplement. Mais pour autant, chacun arrivait à rester indépendant du monde qui l'entourait, dans leur bulle. Comme s'ils cherchaient à se protéger de quelque chose d'invisible, penché sur eux, guettant par-dessus leurs épaules, prête à leur sauter dessus au moindre pas de travers. C'est assez marrant quand on y pense, toutes les personnes présentes étaient si proche et pourtant chacune des âmes présentes ici étaient chacune dispatchées sous leur carapace étanches de toute chose, filtrant leurs émotions derrières d'autres.
Les sons de basse fessaient vibrer mon corps en entier tans il était fort. J'arrivais à ressentir chacune des vibrations provenant du plus profond de ma cage thoracique, mon cœur était affolé par la situation. Je ne me sentais pas bien. Ma main vint attraper celle d'une dame à ma droite, j'avais un besoin de contact, peu importe lequel. Je ne pus capter la légère chaleur de la main de ma voisine que quelques instants. Elle se retira brutalement et s'écarta, me regardant comme si je n'étais qu'un monstre. Cette fois-ci, c'était moi qui avait besoin d'aide, cela fessait-il réellement de moi une bête ignoble que les gens peuvent prendre pour le souffre douleurs de leurs consciences ? C'est donc cet effet que procure cela.
Je venais de descendre d'un palier supérieur sans m'en rendre instantanément compte. J'avais de nouveau perdu une partie de moi-même. J'étais conscient que la chute était presque inévitable, je l'ai toujours guettée avec appréhension. Mais j'ai compris récemment que plus on tombait bas, plus il était dur de remonter et plus les chances d'y arriver étaient faibles. Il est un moment où l'on ne peut plus y arriver seul, mais comment faire lorsque l'on a personne ? On dépérit ? Je n'ai jamais eu de réels espoirs à l'éventualité d'un bonheur futur et pourtant une petite lueur réside tout de même quelques part. Autrement je serais mort je pense. Je ne sais pas si cela sert à grand-chose, mais cette lueur ne peut pas s'éteindre. On peut le croire, mais l'espoir ne disparaît jamais dans sa totalité. Rien de se perds, il peut disparaître un instant. Après tout, tout peut s'arranger si on le veut vraiment. Je pourrais aussi. Il faut croire que je ne suis pas prêt à me tourner vers ce futur dont j'ai pourtant tans besoin.
Je descendis sous les regards attentifs et presque dégradants des quelques passagers que j'ai dû déranger pour pouvoir sortir et atterrit dans une flaque, suffisamment profonde pour laisser pénétrer l'eau de pluie glacée et sale à travers le textile de mes baskets que je croyais jusque-là imperméabilisées. S'il n'y avait pas eu cette flaque boueuse et clairement dégelasse, j'aurais pu me blesser en marchant sur mon lacet défait quelques mètres plus loin. L'effet papillon allait dans un sens dont je me contentais. J'ai repris ma route, en courant cette fois, pour aller me débarrasser de mon sac et l'échanger contre mon vélo. Ce bicycle me supportait depuis des années, il n'avait jamais défailli. C'est d'ailleurs avec lui que j'ai parcouru plus de cinq-cents kilomètres à travers le pays il y a à-peu-près trois an. Pour fêter la fin de notre dernière année de liberté avant le bac. Un dernier trip avant les études supérieures. Nous étions partis à six. Ce voyage de huit jours était peut-être une bêtise, mais nous nous sommes bien amusés. La bande c'est un peu dessoudé depuis le départ de Luke vers le Sud mais nous étions toujours cinq. Bien plus indépendants les uns des autres, certes, mais toujours là. On ne peut pas vraiment effacer le passé. Ça n'est plus vraiment de l'amitié mais par respect et principe on continuait de se voir de temps à autres et de se salué lorsque que nous nous croisions dans la rue.
Je venais de traverser un champ et en abordais un second. Les larmes me montaient légèrement aux yeux et ma gorge me grattait. Je comptais aller le plus loin possible, afin d'arrêter de penser au demi-tour qui ne me donnait pas la moindre envie. Je voulais me décoller de ma place dans la société, cette étiquette tatouée sur mon corps et ma conscience, rien que quelques instants. Je cru entendre une sorte de cri qui me coupa dans mon élan et me fit perdre l'équilibre. Cette scène passa au ralenti pour moi. En l'air, la larme qui me menaçait depuis quelques minutes passa la barrière de mes paupières et entama sa descente, fluide. Je fini par heurté le sol et se fut plusieurs de mes os qui craquèrent à l'unisson. La douleur m'envahie si vite que mon cœur me donna l'impression de lâcher.
Quand je rouvris les yeux, ce fut sur un ciel nuageux d'une nuit sombre. Je pensais n'avoir fermer les yeux que quelques secondes et pourtant une éternité semblait s'être écoulée. J'ai dû perdre connaissance. Je mis un certain temps pour parvenir à bouger mon bras vers mon téléphone et je me rendis compte de deux choses : il était approximativement vingt et une heure et je n'avais plus que deux pour cent de batterie. J'ai alors levé la main pour venir m'essuyer le front puis celle-ci descendit jusqu'à mon épaule, douloureuse. J'y trouvais alors une substance violacé gélatineuse qui me surpris. J'en raclais un peu à l'aide de la manche de mon pull et rapprocha la substance de mon nez afin de pouvoir mettre un nom sur la chose mais je n'ai pas trouvé de réponse à ce que cela pouvait bien être. Seule une odeur de vielle conserve de fruit resta encrée au niveau de mes sinus. Me fessant éternuer un peu de poussière que j'avais inhalé lors de ma cascade.
Je me tournais de nouveau vers le ciel, presque totalement noir. Les étoiles commençaient à apparaître et je n'étais plus qu'un vulgaire élément de la chaîne alimentaire pour les insectes environnant. Sentant les moustiques me piqué, je me suis levé le plus vite possible et ramassa mon téléphone. Mon vélo quant à lui avait disparu mais je n'avais pas le temps de m'inquiété pour ça. Le boîtier que je tenais dans ma main se mis à vibrer doucement dans ma paume. Je le tournais alors pour découvrir un écran à demi cassé. Cependant j'arrivais toujours a distingué assez clairement le nom de l'appel entrant que je venais de recevoir. Il sonna une seconde fois. Mais le nom qui s'y affichait ne me fut supportable que durant quelques secondes, dans l'immobilité. Mon visage se contracta légèrement et je balançais alors l'objet ridicule le plus fort possible dans l'étendue du champ de blés bercé par les doux rayons de la lune. La sonnerie retentis encore. Le son s'atténua en trois derniers drings. Je suis resté là, immobile à attendre qu'un miracle ai lieu. Qu'en ouvrant les yeux les choses seraient différentes. J'étais seul.
Les minutes passèrent, je m'apaisais lentement aux bruits de la nuit. Face à la nationale, les lumières violentes des phares réfléchissaient les unes sur les autres. Créant un tunnel de lumières entre le blanc et le bleu, passant par l'orange. Ce tunnel été continuel, sans brèche. Les lumières étaient tellement puissantes qu'elles me laissaient croire qu'en les traversant ma vie serait peut-être à son tour elle-même tout aussi fluide, belle et continuelle. Mais non, je n'allais pas franchir cette barrière pour la simple et bonne raison que je ne peux pas abandonner. Quelque chose m'attend quelque part, je ne sais pas encore quoi exactement mais j'y crois... Même si pour cela je dois attendre un siècle entier, j'attendrais.
En fin de compte, il est possible que le bonheur soit l'échéance.
J'entendis un bruit semblable à celui d'un pas, derrière moi. Je m'appuyais sur mon bras le plus fonctionnel et me redressait prudemment, non sans mal en espérant que les choses n'empirent pas une nouvelle fois. Ça peut être la fin.
-Il y a quelqu'un ?
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Déchut
Ciencia FicciónEn arrière plan de mon sourire, une âme réduite à la souffrance. Tout est liés, mais jusqu'à quel point ? 450# le 30 Mars 2018. 171# le 31 Mars 2018. 32# classement chute le 13 Mai 2018.