DEAR FUCKING WORLD

Balançoire

« - Maman j'y vais !

Elle est assise sur le canapé, et son regard vide fixe l'écran télévisé, diffusant probablement une émission de télé-réalité débile.
Comme à son habitude, elle ne répond pas.
Je sors et m'engouffre dans les rues ensoleillées de Paris.

Je sonne à la porte, et le petit garçonnet vient m'ouvrir.

« - Maman ! Alex est là !

Il me saute dans les bras en riant.

- Ça va mon grand ?
Il hoche la tête et me tire par la main.

- Salut Alexandra, me sourit sa mère. Je vais rentrer vers 23 heures, faut pas qu'il se couche trop tard hier on était chez des amis donc... Il y a des pâtes dans le placard et des steaks hachés au congélateur. Ça te va ?
- Parfait !
- Bon je vous laisse, je vais être en retard !
- Bye !

Elle sourit et je me tourne vers le garçon :

- Louis tu veux qu'on fasse quoi ?
- Hum... il réfléchit quelques secondes. De la balançoire !

Il m'emmène dehors et je le pousse sur la balançoire en plastique jaune.
Je le pousse, plus fort encore et entend son rire.
Ce rire d'enfant qui me rappelle le sien, que je réentendrai plus.

Flashback, trois ans plus tôt

« - Mais pousse moi plus haut ! rie-t-il.
Mon grand frère le pousse en rigolant tandis que je les filme s'amuser.

Le parc est bondé, et son rire se mêle à celui des autres enfants, formant la plus belle mélodie qui soit.

Fin flashback

Flashback 6 ans plus tôt

Maman nous appelle dans le salon.
J'accours, mon grand frère de trois ans mon aîné sur les talons.

- Quoi ?
- Vous allez avoir un nouveau petit frère.

Fin flashback

« - Encore !

Mais je n'obéis pas. Je m'arrête. Je ne veux pas reproduire ses erreurs..

Flashback trois ans plus tôt

« - Encore ! rit mon petit frère.
L'ainé obéit et le pousse plus haut encore.

Puis tout se passe très vite. Sa main lâche la corde de la balançoire, et son corps d'enfant tombe sur les graviers du parc dans un bruit sourd. Mon téléphone tombe aussi, et je vois mon grand frère courir à son chevet et s'agenouiller à côté de son corps immobile.
Il crie, il doit me crier de faire quelque chose ainsi qu'à tout les adultes du parc, mais je n'entends rien, aucun son ne parvient à mes oreilles.
Sur le moment personne ne fait rien. Les enfants arrêtent de rire et les adultes ne bougent plus, mais aucun ne sort son téléphone pour appeler les secours.

Puis c'est comme si je sortais de l'eau, je reviens à la réalité, et j'entends mon grand frère crier et pleurer. Le petit lui ne pleure pas, ne crie pas.