SAGESSE 7 : ÊTRE LÀ

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SAGESSE 7 : ÊTRE LÀ

— Non mais regarde-le qui galère à ne pas lui sourire, lancé-je en pointant du doigt Tristan.

Camille pose son regard sur le duo intrigant en pleine conversation dans un coin de la cafétéria.

— Tu l'as pas vu en classe à lui faire des yeux doux, ajoute le blond.

Solange est descendue donner ses anciennes copies d'SVT à Aimée. Et pour une fois, Tristan l'a croisée à la cafét' en prenant vraiment compte de sa présence. Et il l'a tellement remarquée qu'il est obligé d'aller la voir pour discuter.

Ils sont drôles tous les deux, à se chercher du regard sans vraiment oser lever les sous-entendus. Solange fait une bonne tête de moins que Tristan et elle ne porte pas son anorak orange habituel. Il commence peut-être à faire trop chaud pour ça. À la place, elle porte un simple sweat rouge qui se marie bien avec son rouge à lèvres. Tristan est super intimidé. C'est une grande première pour le Dom Juan.

— Je parie 5€ qu'elle va le trouver moins cool qu'elle l'imaginait, du genre gros lourd, déclaré-je amusé.

— Il veut juste lui proposer d'aller acheter un bouquin avec lui. C'est tout, assure Camille en essayant de défendre sa cause.

— « Acheter un bouquin », répété-je en insistant sur les guillemets avec mes doigts.

Je reçois un petit coup dans les côtes. C'est Tristan qui est de retour pour nous jouer de mauvais tours.

— Alors ? dis-je innocemment.

Tristan sourit tout en poussant un long soupir.

— Fais pas le malin tocard.

Je lui fais un clin d'œil.

— On va « acheter un bouquin » ensemble ? le taquiné-je avec un sourire osé.

Le brun me redonne une bourrade.

— Ferme-la roh ! rouspète-t-il en levant les yeux au ciel.

Tristan a l'air tout de même aux anges. Elle a dû dire oui.

— Il lui a écrit un mail, cafte Camille.

Son meilleur ami lui frappe l'arrière du crâne et quelques Secondes se retournent pour nous observer.

— Trop romantique, je me fous de sa gueule même si je trouve ça vraiment mignon.

C'est grave de voir Tristan faire autant d'effort. La dernière fois qu'il a agit avec autant d'attention et de tendresse, c'était quand il avait essayé de nous gratter six euros pour se payer un bon kebab à une heure du matin chez Ovide.

— Je vous emmerde tous de toute façon, déclare sévèrement Tristan.

Camille et moi essayons de lui faire des croche-pieds lorsqu'il remonte les escaliers. Les Secondes le matent sans discrétion. C'est vrai qu'on a l'habitude de trouver Tristan beau. À force, j'ai commencé à m'habituer. Mais comme on dit chez moi, plus on a des potes beaux, plus on a de la chance d'être pas beau.

***

— Je peux avoir le poivre ? interroge Océane à table.

Maman parle de son boulot, des autres avocats du cabinet qui lui tapent sur les nerfs. Papa veut parler foot et politique. Mais maman s'en fout. Alors on écoute.

Je passe le poivre à ma petite sœur et regarde mon plat un instant. Les brocolis, j'aime ça une fois sur deux. Et là, c'est pas tombé sur la bonne fois.

LES SAGESSES DE MILOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant