SAGESSE 8 : BOIRE DU JUS D'ORANGE
— Alors ?
Ovide est assis contre mon mur, totalement épuisé. Il est huit heures du matin, on s'est réveillé en entendant le klaxon incessant d'une voiture. Je l'observe se concentrer un court instant sur ma réplique lancée. Il grimace. Et j'attends. Il sait très bien où je veux en venir, et si rassembler ses idées lui prend du temps, il en aura autant qu'il le faudra.
Le silence pèse.
— Milo ?
Je lève la tête sur le champ. Même en lisant son regard, j'ai du mal à contenir ma douleur. Il a l'air de souffrir dès le matin. Et ça craint.
— Je vais pas bien du tout.
Nouveau silence de la matinée. L'idée même qu'Ovide puisse avoir le cœur brisé me fait mal. Je déteste ça. Voir mes proches dans un état de souffrance craint. J'aime souvent me la péter de ne pas avoir de soucis comme les autres. Mais je n'ai jamais aimé le fait que les autres puissent avoir des soucis. Et là, toute cette situation m'intimide et me dépasse. Ovide va souvent mal, mais cette fois, ça ne va vraiment pas bien du tout.
— J'ai juste tout le temps l'impression que le monde va s'écrouler. Quand je me réveille, quand je bosse, quand je parle et quand je m'endors. Tout est plus noir que blanc. Même si je souris de temps en temps. Et j'ai l'impression de tout dramatiser. C'est immonde.
Ovide me sourit tristement. Et je lui jette mon plaid pour qu'il s'enroule à l'intérieur.
Je chuchote pour ne pas réveiller les autres en ce dimanche matin de la flemme :
— Hier soir, elle t'a fait quoi Cassandra ?
Silence.
— Elle m'a rien fait. Je l'ai embrassée pour essayer d'oublier l'autre. On me donnait de l'attention, j'ai cru que c'était une bonne idée. Et quand je me suis rendu compte que c'était une très mauvaise idée et qu'on allait coucher ensemble, j'ai paniqué, raconte-t-il sans cacher sa culpabilité.
Ovide a l'air totalement dépassé.
— En gros t'as merdé.
Il soupire.
— Ouais.
On se regarde un instant. Le temps qu'il capte que je n'approuve pas son comportement. Ovide est humain, il fait des erreurs de temps en temps. Mais Ovide n'est pas con. Et ce qu'il fait en ce moment est con. Se servir des émotions des autres pour combler les siens. C'est cruel quand même. Même quand on est désespéré.
On reste silencieux un bon moment.
Cependant, j'arrive à peine contenir mon sourire rassuré de voir qu'il est lucide sur la situation. Les gens qui arrivent à garder un contact visuel long sans sourire ou rire sont tout de même vachement forts et experts dans la matière. Personnellement, croiser les iris du con me fait sourire par réflexe. Et garder mon air calme et mature avec un sourire de gosse rend l'image très peu crédible.
— Fais gaffe le poireau, tu recommences plus sinon je vais te foutre mon pied dans ton cul, assuré-je en essayant de tourner la menace avec un peu d'humour.
Mon meilleur ami me sourit et assure d'une voix sincère :
— Je vais me reprendre en main Milo.
***
Ovide marche à côté de moi. Lorsqu'on arrive devant chez Estelle, le portail est déjà ouvert. Le brun toque à sa porte avec aise et je laisse mes yeux divaguer dans le jardin.
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LES SAGESSES DE MILO
Teen FictionMilo n'a pas vraiment d'histoire à raconter sur lui. Sa vie est tranquille, il voit à peu près le bout du chemin et le confort de sa vie ne l'intimide pas. Cependant, quand il est question des histoires foireuses de ses amis, il est là et est le gra...