LES SAGESSES DE MILO

SAGESSE 15 : OBSERVER LES GENS

SAGESSE 15 : OBSERVER LES GENS

La période du BAC a été l'une des plus fatigantes et pénibles de ma vie. Après avoir arrêté d'être dans le déni devant mon sujet de philo, les S de la France entière et moi avons enchaîné toute la semaine les différentes épreuves interminables. Comme d'hab', je vise 11.

À chaque fois que je raconte comment je m'en suis sorti, je ressemble à un zombie. Je repense toujours à Mao Zhedong qui a prouvé que j'ai vraiment eu de la chance étant donnée que c'était la seule compo d'histoire que j'avais relu, persuadé que ce serait compo géo. J'ai trouvé les réseaux de capteurs très chiants en maths et le tartre de la physique insupportable sous le climat de chaleur.

Mais, ce soir, c'est la fête. Enfin, chez moi. Pour une fois, Milo organise une soirée post-bac. Et une sacrée soirée étant donné que mes soirées sont toujours bien foutues.

— On sera combien ? demande Ovide vautré dans mon canapé.

Je compte sur mes doigts.

— Cinquante ?

Camille lance :

— La débandade.

Tristan ajoute :

— On se serrera dans les toilettes.

Mes trois meilleurs potes sont bien sûr là en avance. Ils ont l'air contents. Fin surtout Ovide qui s'en est bien sorti en physique. Et vu comment la physique représente toute sa vie, il est content.

Au début, j'ai vraiment cru qu'entre Camille et Ovide, ce serait vraiment gênant. Mais à ma grande surprise, ça s'est fait tout autrement. Ils sont comme d'habitude, en limite un peu plus proche. Et le groupe a l'air de se porter bien. Je ne ressens pas vraiment d'ondes d'hypocrisie de leur part. Seulement de la réelle entente et compréhension.

— Les gars, faut que je vous dise un truc, annonce soudainement Ovide.

J'ai envie de me boucher les oreilles. Le truc, c'est qu'aujourd'hui, Ovide m'a dit qu'il aimerait parler de son état psychologique sérieusement à Tristan et Camille et leur expliquer le pourquoi du comment. Ça m'a surpris de le voir si déterminé à tout révéler d'un coup. Mais il m'a dit qu'il se sentait prêt à faire le pas, surtout qu'il sent que le groupe s'en remettra.

— Je vois un psy, débute-t-il.

Ovide attend le « pourquoi » légendaire de Tristan. Mais ça ne sort pas. Camille écoute attentivement, l'air inquiet.

— Ayez l'air un peu étonné tout de même, je me plains en levant les yeux au ciel.

Le plus beau du groupe prend alors la parole :

— Solange m'a déjà raconté. Avec sa tante tout ça. Fin, elle pensait que j'étais au courant.

— Elle t'a dit quoi ? demandé-je surpris.

— Pour tes coupures et ta dépression.

Ah.

Concis, brut, direct. Tristan.

Camille poursuit :

— Et Tristan m'a demandé si je savais ce qui s'était passé. Et bah je t'avoue que je lui ai juste raconté pour Aimée. Et quand j'ai appris pour ce qui s'était passé, bah on s'en est voulu. Mais on a gardé le silence pour attendre que tu nous parles de ça.

Deux fois « ah. ».

De l'autre côté de la pièce, Ovide a l'air totalement ébranlé.

— Désolé les gars de vous en parler que maintenant. J'étais juste pas prêt d'affronter ça en face de vous honnêtement.