Chapitre 3

92 5 3
                                    

- Bien. Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins : tu es une sorcière Amalia.

J'ouvris grand mes yeux. Quoi ? Mais qu'est ce que c'est que cette histoire ? 

Une sorcière ? Moi ? Mais bien sûr ! Je me demandai si elle n'avait pas reçu un coup sur la tête ou abusé sur l'alcool. Cela expliquerait aussi pourquoi elle est venue se perdre par ici. Même si je suis déçue de ne pas pouvoir quitter cet endroit, je lui répond doucement :

- Sans vouloir vous offenser, je pense vraiment que vous devriez aller voir un médecin...

J'adorais les récits fantastiques, ils me permettait de m'évader de cet endroit, mais je savais faire la différence entre les histoires inventées et la réalité. Et les sorciers n'appartenaient certainement pas à la seconde catégorie ! Mon interlocutrice me fixa un instant en se pinçant les lèvres, puis me dit d'une voix où perçait son amusement :

- Je te jures que je suis en parfaite santé, mais merci de t'en inquiéter. Les sorciers existent ; j'en suis une et tu en es une, voilà pourquoi tu dois me suivre à l'école pour jeunes sorciers, Poudlard. Je vois bien que tu n'es pas convaincue, et pour répondre à ce doute je ne te poserais qu'une seule question : Il n'est jamais arrivé de choses étranges ou inexplicables lorsque tu étais triste ou en colère ?

Alors, le verre de ce matin apparut dans mon esprit, tout comme un souvenir plus lointain...

FLASH-BACK :

Je dois avoir 8 ou 9 ans. Aujourd'hui, nous partons au zoo avec l'orphelinat et j'ai attendu cette sortie avec tellement d'impatience ! Lorsque nous sommes entrés, tous les autres se sont mis à crier. Chacun y va de son idée :

- Je veux trop voir les chiots !

- Non on commence par les girafes !

L'une des accompagnatrices hausse la voix pour se faire entendre :

- Un peu de patience les enfants, nous allons voir tous les animaux !

Moi, il me tarde de voir les fauves, en particulier les lions. Je les trouve si beau et majestueux dans les livres ! Je veux trop les voir en vrai ! Mais je ne dis rien, en attendant patiemment.

Betty se fait encore remarquer, et décide que l'on verra les girafes en premier.

On a continué de faire le tour de toutes les cages et on est enfin arrivés à la cage des lions. Comme certains sont fatiguées, on fait une pause. Je m'avance vers la cage, fascinée. Devant moi se tient un magnifique lion que tout le monde prend en photo.

J'arrive juste devant lui et le contemple. Seule la vitre nous sépare.

- Comme tu es beau... murmure-je.

Le lion, comme s'il m'avait entendu, relève sa tête et me regarde. Je suis comme hypnotisée, comme si on se comprenait lui et moi. Il est enfermé dans sa cage et moi, dans l'orphelinat, avec les autres qui ne font que nous regarder.

- On se comprend toi et moi, lui disais-je.

Et là, le lion se lève et s'avance jusqu'à moi. Je pose ma main contre la vitre, et le lion pose la sienne contre la mienne !

Malheureusement, Betty vient gâcher mon moment en s'approchant. Elle est plus âgée que moi. Elle lança un regard au lion et dit :

- Je suis sûre qu'il serait plus beau en tapis bien moelleux ! Vas-t'en !

Je la regarde, outrée. Comment peut-elle dire ça ! Elle est en train de me gâcher le moment que j'attends depuis des mois ! Elle se tourne vers moi :

- Après tout, laissons les animaux entre eux ! N'est-ce-pas Gondy ? Oups, pardon, tu n'es pas un animal, tu es carrément un déchet de la société, alors ne cherche pas à te faire de nouveaux amis, surtout s'ils risquent de finir comme tapis de salon !

Elle est partie en riant. Les larmes me montent aux yeux mais je les ignore. Je me tourne vers le lion et une haine profonde m'envahit.

Et là, le lion s'avance et me tourne autour ! La vitre a disparu sous les cris des visiteurs, comme par magie ! Je tends la main et le lion pose son museau dessus ! Il avance sa tête de façon à ce que nos fronts se touchent.

Ensuite, il s'avance vers Betty, morte de peur. Il lui grogne dessus en sortant ses crocs.

FIN FLASH-BACK

Je me rappelai que tout le monde m'avait dévisagée ce jour-là. Les accompagnantes nous avaient fait rentrer à l'orphelinat et je n'avais pas attendu longtemps avant de me faire convoquer par la directrice...

Je regarde le professeur, toujours assises devant moi. Et si... Et si c'était moi qui avait fait disparaitre la vitre ? C'est vrai que j'étais tellement en colère... Et ce matin, le verre qui était tombé comme par magie après que Betty m'ait agressée...

Je relevai ma tête, ébahie. Ce n'était pas possible !

La femme sortit quelque chose de sous sa cape. Il s'agit d'un long bout de bois finement ouvragé. Une baguette. Elle fit un geste du poignet et murmura quelques mots. Aussitôt, une lueur bleutée sortit de la baguette et forma un chat qui vint se blottir entre mes jambes. J'essayai de le toucher, mais il disparut. Le professeur McGonagall rangea sa baguette, sortit une montre et regarda l'heure :

- Le temps presse... Maintenant que tu es en mesure de me croire, Amalia, il faudrait vraiment que tu me suives. Tu dois étudier à Poudlard afin d'apprendre à maitriser ta magie. Je te laisse quelques minutes pour prendre tes effets personnels. Je t'attends en bas.

Je réalisai soudainement ce que tout cela voulait dire. LA MAGIE EXISTAIT ! J'ETAIS CAPABLE D'EN FAIRE ! ET J'ALLAIS QUITTER CET ENDROIT DE MALHEUR ! Un large sourire apparut sur mes lèvres et je sautai sur mes pieds, sous le regard amusé de la professeure. Je montai dans ma chambre et ouvrit mon armoire : je pris un sac en toile que j'avais gagné à l'école, et y fourrait les quelques vêtements que je possédais. Je rejoignis les douches en trottinant, ce même sourire sur les lèvres. J'attrapais mon nécessaire de toilette. Je redescendis dans le hall et trouvai la directrice et le professeur McGonagall en train de parler : surement la directrice s'assurait qu'elle n'avait rien à payer et qu'elle ne me reverrait pas avant longtemps ! Elles s'interrompirent quand elles me virent arriver et je m'apprêtais à partir lorsque j'entendis hurler :

- VOUS NE POUVEZ PAS L'ADOPTER !

Je me retournai et vit Betty arriver sur ses béquilles. Elle était rouge de colère.

- ELLE N'EST PAS NORMALE ! ELLE MERITE DE CROUPIR ICI ! TU M'ENTENDS GONDY ? TU NE MERITES PAS DE VIVRE COMME UN ETRE HUMAIN ! TU AURAIS DU VIVRE COMME UNE BETE PARCE QUE C'EST...

Elle n'eut pas le temps de finir que je me sentis exploser. Littéralement. Toutes ces années de violence, de moqueries, d'harcèlement remontèrent à la surface. Une puissance nouvelle monta en moi, ne demandant qu'à être libérée. Ne sachant pas comment me contrôler, je la laissa tout simplement sortir : le sol trembla, les objets tombèrent et se fracassèrent, et les vitres explosèrent, comme si des milliers de pierres avaient été jetées sur elles. Tout le monde se mit à crier pendant que je tombais sur mes genoux, puis le silence tomba. Le professeur McGonagall leva sa baguette et lança ce que je pensai être un sort :

- Oubliettes !

Le visage de toutes les autres personnes se figea, leurs yeux devinrent vides. Elle remit tout en place à l'aide de sa baguette et se dirigea vers moi. Elle m'aida à me relever et me regarda. Je vis qu'elle tentait de masquer sa surprise et son inquiétude, mais elle me répondit dans un sourire :

- Elles commençaient à me taper sur les nerfs celles-là ! Nous y allons ?

Je me retournai et vis que tout le monde était retourné dans la salle à manger. J'entendis les échos d'un repas normal, et compris que la sorcière avait fait en sorte qu'ils ne se souviennent pas de ma démonstration de force.

Nous sortîmes de l'endroit où j'avais passé les dix dernières années de ma vie, et elle me tendit sa main. Je la saisis sans aucune hésitation, même si je restais troublée par la scène. Je n'eus pas le temps d'y repenser : dès que nos mains se touchèrent, je me sentis aspirée par le nombril et tout disparut autour de moi.  

Amalia et le monde des sorciersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant