Illusion ( Chapitre 2)

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La villa de ses parents se situait sur la cote californienne où une splendide vue l'accueillait chaque fin de journée. Ivy, puisqu'elle n'était pas entièrement une vampire, pouvait se permettre de contempler les couchers de soleil.

La vue de la terrasse de la maison était à couper le souffle. On apercevait une étendue d'eau infinie et le soleil semblait tout simplement plonger dans la mer et lui donnait une jolie teinte jaune-orangée. Le ciel, quant à lui, devenait bleu, mauve et rose. La mi-vampire pouvait passer des heures à admirer le paysage.

Son père avait aménagé un véritable petit paradis sur la plage. Juste avant que la végétation ne cesse, un magnifique petit jardin trouvait sa place entre les palmiers. Des multitudes de fleurs colorées zigzaguaient autour des arbres et des arbustes et une pergola permettait à sa mère de faire son yoga en fin de journée. Des hamacs avaient été accrochés un peu plus loin, juste sur le bord de la plage où Heath et Évalyne se plaisaient à observer la lune et les étoiles. Le coucher de soleil était réservé exclusivement à Ivy. C'était son moment à elle.

Un petit coin bien spécial lui avait été attribué. Sous un grand palmier qui s'avançait au-dessus de l'eau, une longue balançoire bougeait au gré du vent. Ivy s'assoyait dessus et se balançait pendant des heures. Elle avait l'impression de s'envoler au-dessus de la mer.

En réalité, c'était son vœu le plus cher : partir à la découverte. De quoi ? D'elle-même. Elle se cherchait depuis des années. Elle avait l'impression de ne point avoir de personnalité, ou peut-être sommeillait-elle très profondément en elle.

Ivy ferma les yeux devant tant de beauté. Elle était une éternelle romantique.

Elle se mit à chanter :

Dans les eaux de la mer
On voit des reflets d'or
Quand le soleil s'endort

Dans les bras de la mer.
Et le ciel se repose,
La mer est un miroir
Où son bleu devient noir...

Elle se permit de songer à s'évader de se monde triste qui était le sien.

À l'instant où elle se fit cette réflexion, un papillon apparut dans son champ de vision. Il voleta sous ses yeux avec une facilité si déconcertante qu'Ivy l'envia. Elle prit délicatement l'insecte dans sa main. Comme il était beau avec ses dégradés de bleus ! On aurait dit un ciel nocturne !

-         J'aimerais tant pouvoir changer le passé et enfin trouver l'amour, dit-elle juste avant d'ouvrir sa main et de laisser le papillon pendre son envol.

Selon une vieille légende amérindienne, confier son souhait à un papillon pour ensuite le libérer amènerait l'insecte à éprouver de la gratitude et il irait confier son vœu au Grand Esprit. Le vœu serait ainsi exaucé.

Ivy n'était pourtant pas si naïve. C'était comme pour les étoiles filantes. Elle se plaisait à faire des vœux lorsqu'elle en apercevait, mais jamais un seul ne s'était réalisé.

Elle resta un bon moment perchée sur sa balançoire puis, lorsque la nuit prit fin, elle rentra à la maison.

Évalyne et Heath étaient revenus de travailler. Ils se trouvaient à la cuisine et parlaient à voix basse. Ivy tendit l'oreille et entendit une partie de leur conversation.

-         Je m'inquiète pour elle, Heath, disait sa mère. Elle se laisse dépérir. Tu as vu comme elle est blême ! Elle n'a même pas souri ce matin lorsque nous lui avons fait une surprise.

-         C'est sans doute une mauvaise passe, répondit Heath.

-         Et si ça continuait ? Avant, elle était tout le temps joyeuse et pétillante. On dirait qu'elle a perdu goût à la vie.

Elle ne pouvait dire mieux !

-         Je ne sais plus quoi faire, conclut Évalyne avec un sanglot dans sa voix.

-         Tout va s'arranger, ma douce, je te le promets.

-         Je l'espère, Heath, je n'en peux plus. On dirait qu'elle me transmet sa mélancolie.

Ivy en avait assez entendu. Elle s'empressa de traverser le salon pendant que son père enlaçait sa mère pour la réconforter.

La mi-vampire sentit l'obscurité revenir. Sa sérénité avait disparu tout d'un coup. Elle se rendit compte qu'à cause d'elle, ses parents étaient malheureux. Elle ne faisait que gâcher leur vie !

Ivy s'enferma dans sa chambre, malheureuse. Des larmes s'échappèrent de ses yeux tandis qu'elle se déshabillait pour se mettre au lit. Elle avait envie de crier son désespoir, mais au lieu de cela, elle balança son chandail avec rage sur une chaise.

Elle enfila un pantalon gris en molleton et un débardeur aussi sombre que la nuit, puis détacha ses cheveux qui tombèrent dans son dos.

-         Le bonheur est une illusion, se dit la mi-vampire en se couchant.


Vous devez vous dire qu'elle est vraiment assommante ! Eh bien, elle aura bientôt une drôle de surprise notre Ivy !

Évasion Nocturne ( Édité aux éditions du Petit Caveau)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant