Y aller par quatre chemins

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Alors que nous avancions dans les couloirs du palais, guidés par la duchesse qui bouillait de l'intérieur, je sentis un léger picotement me traverser le corps. L'étrange sensation, la même que j'avais ressentie en traversant le bouclier de l'académie, disparut aussi vite qu'elle était apparue. Un instant plus tard, les deux lourdes portes d'entrée se refermèrent derrière nous et nous piégèrent à l'intérieur.

— Qu'est-ce que cet imbécile a encore fait  ? rétorqua Elisabeth entre ses dents et sur la défensive.

Elle ne s'était même pas retournée à cause du bruit de la porte. Comme je m'y attendais, tout le monde avait ressenti le phénomène magique qui planait dans l'air et restait sur ses gardes. Nous n'avions pas fait deux mètres que Ronan et Camille, en tête de groupe, disparurent sans laisser de trace.

— J'en étais sûre, souffla Elisabeth.

— Deux de vos élèves ont disparu et c'est tout ce que ça vous fait  ? m'emportais-je.

— Enzo est un abruti fini, mais s'il y a bien une chose dont je suis sûre, c'est qu'il ne ferait jamais de mal à qui que ce soit sans raison. Si nous continuons d'avancer, nous devrions les retrouver.

Comme pour illustrer ses dires, l'enseignante amorça un pas et disparut à son tour.

— Ça ne vous inquiète pas plus que ça  ? questionnais-je les autres enfants encore avec moi.

Pour toute réponse, ils haussèrent les épaules et avancèrent eux aussi. Je me retrouvais seule dans ce palais immense sans savoir où ils étaient passés. Je pouvais sentir l'énergie de Céleste dans les étages supérieurs, mais il m'était impossible de la rejoindre.

— Ne t'inquiète pas, il ne lui arrivera rien, me rassura Scyllia.

Je n'avais même pas remarqué qu'elle n'avait pas traversé avec les autres et m'avait attendue. Cette enfant avait deviné mes pensées et avait su trouver la bonne phrase pour me redonner du courage. Son sourire me réconfortait, cependant, je ne pouvais m'empêcher d'avoir les larmes aux yeux en imaginant ce que mon amie devait endurer entre leurs mains. Bien vite, je repris mes esprits et traversa cet étrange chose qui faisait disparaître les gens. Céleste avait besoin de moi et ça n'était pas ce tour de passe-passe qui allait me décourager.

Je pris donc une grande inspiration et avança d'un air décidé. Une forte lumière m'éblouit un instant et j'entendis les voix familières des élèves de la classe qui refleurissaient sur ce qui venait de leur arriver.

— Ha, vous voila enfin, souffla Elisabeth alors que je retrouvais la vue. J'ai cru un instant que vous aviez été transportées autre part.

— Vous avez une idée de ce qui se passe ici  ? demanda Scyllia.

— Enzo a dû placer des ponts de téléportation partout dans le palais pour le transformer en labyrinthe. Ça ne sert donc à rien d'essayer de se rapprocher d'eux, il va falloir partir au hasard dans les couloirs et trouver celui qui nous mène à eux.

— Nous devrions faire des équipes et nous séparer, proposa Zack.

— Je ne pense pas que ça soit une bonne idée. Aucun d'entre vous ne connaît de parade à la téléportation forcée. Si par chance vous arriviez devant lui, il serait capable de vous renvoyer à l'entrée.

— Mais vous, vous connaissez ce sort, s'étonna Zoé. Pourquoi n'annulez-vous pas tout simplement ceux qu'il a créés dans le palais  ?

— Encore une question intéressante  ? la railla Ronan. Notre amie pyromancienne avancerait-elle sur le chemin de l'intelligence  ?

Céleste et ScylliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant