Chapitre 3

61 4 3
                                    

Je prends prudemment et lentement le papier orange entre mes mains et le lit à voix basse :

« On se reverra, chère Aria. »

Mon souffle est comme coupé. Je sens mon pouls accélérer quand je réalise que mon rêve était sans doute réel... il s'est produit mais je ne l'ai pas vécu consciemment. C'est une énigme sans réponse qui reste encrée dans ma tête. Cette main froide qui m'a frôlée dans mon cou était donc "réelle"... brrr, ça me donne des frissons. Qui était cette personne à la peau si froide ? Cela ne peut être qu'un fantôme mais je ne crois pas que ce soit ça... c'est impossible, il ne m'aurait pas écrit un mot, je n'aurais pas senti sa main. Pourquoi "on se reverra ?" Je ne l'ai même pas vue, c'est plutôt cette personne qui m'a vue...
Je décide donc de sortir mon joli carnet de mon tiroir et en extrait également la clé déposée à côté de celui-ci. Je l'insère délicatement dans la serrure placée au centre, la tourne et le déverrouille.
A chaque fois que je le touche, j'ai un sentiment étrange qui se répand dans tout mon être, comme une force puissante qui m'est invisible.
Après avoir longuement analysé le papier, je le place dans mon carnet pour le mettre "en sécurité" (je veux dire par là que Tiphanie ne pourra pas tomber sur celui-ci en faisant le ménage ou je ne sais quoi). Enfin, je referme le journal et le verrouille avec sa clé.
À ma plus grande surprise, la clé s'éjecte dans l'air et tombe sur le sol, comme si une force surnaturelle l'avait empêchée de fermer le carnet. Je la ramasse et la regarde un instant, m'interrogeant sur ce qui vient de se passer. Je réessaye et la même action se produit. Je prends donc la décision de l'ouvrir et regarder ce qui cloche... une phrase déstabilisante en grandes lettres noires est écrite... :

« Il n'est pas la bienvenue. »

Est ce une blague ? Je suis sûrement en train de rêver.. je ne me souviens absolument pas avoir écrit cela ! Qui a bien pu écrire cette phrase ? C'est incompréhensible... je me sens perdue. Soudainement, mon regard se pose sur la fameux mot orange.
Et si le carnet s'était mis à me prévenir que le mot était malsain ? Qu'il ne le voulait pas à l'intérieur de lui ? Ce serait fou mais c'est probable. Je l'enlève et le place sur mon bureau, j'essaye ensuite de le fermer à l'aide de la clé et observe ce qui se passe. Voyons si ça marche cette fois-ci... j'ai l'impression d'être folle. Pourtant, il se ferme à merveille...
Il me faut véritablement des explications. A ce stade, j'aimerais au moins savoir quelle est la cause de tous ces événements !
Tout d'abord, qui est l'inconnu qui s'est introduit dans ma propre chambre et qui m'a déposé son fichu mot ? Et ensuite, pourquoi mon journal se met-il à écrire des phrases qui n'ont aucun sens ?
Fatiguée, je range mon beau carnet dans mon tiroir et ce qui est pour le mot... je le met sous mon oreiller, personne n'ira fouiller ici.

La porte d'entrée claque bruyamment : je devine donc que Tiphanie est rentrée.
Je descends pour l'accueillir et la trouve avec un visage bouleversé. Elle s'excuse de ne pas m'avoir prévenue qu'elle rentrerait plus tard que prévu... je la pardonne sur-le-champ et l'embrasse fort.
Nous dinons et discutons du déroulement de notre journée, comme d'habitude : une journée émotionnelle pour Aaron mais dans l'ensemble, très ennuyante... (jusqu'à ce soir bien sûr... mais c'est un secret, je préfère ne pas le lui dire, elle se fait déjà assez de soucis pour moi alors je ne veux pas en rajouter, surtout qu'elle me prendra pour une folle et m'emmènera dans un hôpital psychiatrique... ce n'est absolument pas ce que je souhaite).
Je l'embrasse une seconde fois et monte me coucher.
Une fois mise en pyjama, je m'effondre sur mon baldaquin. Je réfléchis longuement aux actes de tout à l'heure en fixant le plafond. Je me relève et marche en direction de ma fenêtre. Je l'ouvre et sens une brise de fraîcheur me caresser le visage.
Il fait nuit, l'obscurité est présente ainsi que les milliers d'étoiles étincelantes qui réussissent à éclairer. Mais pas d'avantage pour que je puisse voir nettement la « Fantasy Forest ». Cette sombre nuit me rappelle ce rêve... d'ailleurs, quand j'y pense, c'est lui qui a commencé toute cette histoire. Depuis que je l'ai fait, je ne pense plus qu'à ça et il se passe des choses anormales sans arrêt.
« On se reverra, Aria », comment connaît elle mon prénom alors que moi non ? Pourquoi nous reverrons nous ? (Personnellement, je n'espère pas la revoir, elle me fait froid dans le dos). Toujours en observant la forêt noire, je remarque quelques petites lueurs jaunes apparaissent de plus en plus nombreuses, encore ces silhouettes troubles passer à toute vitesse d'arbres en arbres. Cela ne me fait pas peur, j'aimerais même y aller pour découvrir ce que c'est réellement mais au fond de moi... je sais que ça peut être dangereux d'aller dans une forêt la nuit dont je ne connais même pas l'itinéraire, le lieu et surtout si je remarque ces phénomènes étranges, elle pourrait contenir des animaux féroces, des personnes qui squattent tels que des sans abris etc...
Cependant, il faut que j'aille faire un tour un soir pour m'assurer que je ne suis pas soumise à des hallucinations permanentes.
Je ferme enfin la fenêtre ainsi que les rideaux. Je m'allonge sur mon lit, éteint la lumière et plonge dans un sommeil profond...

***
Je marche. Je marche encore dans un endroit que je ne connais pas. J'ai une impression de déjà-vu. Cette fois-ci, il fait totalement noir, je ne vois rien.
Une femme apparaît au loin accompagnée d'un homme.
« Tu nous retrouveras... pas vrai ? Sois prudente Aria, je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. » dit la femme laissant un écho de sa voix paraître. Son visage a l'air triste et nostalgique.
« Tu en es capable, nous le savons. A présent, tu es assez grande pour savoir la vérité. » prononce sérieusement l'homme, laissant également un écho derrière sa voix grave.
J'aimerais parler mais n'arrive pas à sortir un seul mot de ma bouche. J'aimerais leur demander qui ils sont, d'où ils viennent, si je les ai déjà vus et surtout, de quelle vérité parle t il ? Mais je ne peux pas, ma voix s'est envolée.
Le duo disparait petit à petit comme s'ils se faisaient effacer. Quant à moi, je reste immobile, seule. Sans personne. Comme toujours. Je resterai seule toute ma vie. Que ce soit réel ou virtuel.

***

Aria et les 7 mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant