Les Colosses de Pelleamer

Chapitre 1 - NoirEpée : le retour de Fordred

L'aube. L'heure où les garçons de ferme se lèvent, et vont nourrir les bêtes. Enfin, presque tous, car dans le cas de Maldrezan, la nuit fut courte voire inexistante, et les animaux digèrent déjà leur ration. Non pas qu'il aime ses corvées - il les déteste, - mais plus vite réalisées, plus vite il était tranquille. De plus, ça lui évite d'avoir à dire bonjour aux Galleon, dans la mesure où il déteste la compagnie des autres à peine levé. Il n'aime pas tellement la vie en société de manière générale.

M. et Mme Galleon ne sont pas ce qu'on pourrait appeler des tyrans, en fait, ils ont été on ne peut plus prévenant après l'accident survenu à la Ferme. Malheureusement, Maldrezan n'entend pas s'entendre avec ses parents d'adoptions. Il n'entend plus se lier avec personne, d'ailleurs... Lorsque son regard se perd à l'horizon, il repense à la Ferme, bâtie par ses aïeux.

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Il y a trois mois de cela, ses parents, son petit frère Jinran et lui-même y vivaient encore. Elle avait, de mémoire, toujours appartenu à leur famille. Le petit Maldrezan avait chevauché sa première biquette à l'endroit où son père l'avait fait avant lui et son petit frère s'y était également amusé. Ils vivaient une existence relativement simple et calme, leur père était le forgeron du village et, lorsqu'il n'était pas à la ferme, il allait forger armes et équipements pour les hommes du shérif Langcraster. Ils chapeautaient un cheptel de communes et tournaient en compagnie de quelques hommes d'armes dans le but de mettre fin à quelques délits mineurs.

Cette vie paisible prit brusquement fin le jour où un gang de brigands rudement armés, - probablement d'anciens mercenaires, - passèrent dans le village. Tels des sauvages, ils entreprirent de tout rafler : femmes,bijoux, alcools... et ce jour-là, le shérif était beaucoup trop loin... Bien entendu, le père du jeune Maldrezan saisit épée et bouclier avant de sortir défendre sa petite famille. Mais un brigand le prit de vitesse et pénétra le domicile familial. Constatant que sa femme était prise en otage, il déposa les armes, à contrecœur. Il fut égorgé le premier, elle mourut quelques secondes après lui.

L'aîné vit ce spectacle d'horreur et entreprit de sauver le dernier membre de sa famille, en lui ordonnant de courir s'abriter dans la cabane au fond du jardin, cachée dans le vieil arbre, après avoir sauté par la fenêtre de la chambre. Une fois à l'abri, Jinran se retourna, pensant voir son frère arriver. Mais il ne vint pas. Son frère allait se battre.

Le chef des brigand, un dénommé Irkalin le dragon, s'essuyait les pieds sur la robe de la pauvre mère de Maldrezan, tout en sirotant une bouteille d'alcool dans le salon et ne vit pas descendre le jeune homme. Un vacarme se faisait entendre depuis l'étage, où un brigand pillait et fracassait les meubles. Le grand miroir de la coiffeuse de la mère des jeunes garçons se brisa. Irkalin se leva du canapé et ressortit dans la rue, pour commettre d'autres abjections. Une fois la porte refermée,le jeune homme se précipita dans la cuisine, où un brigand mordait à pleine dents dans leur jambon du mois. S'emparant du couteau de cuisine, il l'égorgea discrètement, cracha sur son corps encore chaud et le délesta de son épée, avant de s'éclipser par la fenêtre. A seulement seize ans, il avait déjà du sang sur les mains.

Meurtres, viols , incendies résonnaient dans le village. Maldrezan bouillait de rage. Il ne pourrait pas faire son deuil sans se venger.

- « Quelle bande de ploucs,seulement dix personnes peuvent les réduire a néant, quel intérêt d'avoir un village peuplés de tel pecnots...»

Irkalin cracha le vin sur une torche, et un magnifique mais destructeur geyser de flamme prit d'assaut la Ferme. Une flèche vint accueillir le cracheur de feu, en plein dans la joue. Ça n'était pas assez pour le tuer, mais ça le stoppa net. Tous, Maldrezan inclus, se tournèrent vers le jeune Jinran, apeuré mais, du haut de ses douze ans, il était déterminé à venir aider son frère.