NAMAE WO YOBU YO

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Elle avait réussi. Après tant d'années passées là-bas, à Eldarya, elle était enfin de retour sur Terre. Ses espoirs avaient porté leurs fruits. Ses amis de là-bas et elle s'étaient séparés depuis quelques heures déjà mais elle était restée là, plantée au beau milieu de ce bosquet où tout avait commencé. Elle se remémorait toutes ses aventures passées dans un autre monde. Mais plus son esprit vagabondait dans les méandres de ses souvenirs plus il ne pouvait se séparer de l'image de quelqu'un. Le son de sa voix, ses mots. Puis son visage. Son nez droit, ses yeux verts malicieux – comme ceux de Oz dans Pandora Hearts –, ses oreilles longues et pointues qu'elle ne pouvait s'empêcher de tirer gentiment. Elle aimait entortiller ses doigts dans ses longs cheveux bleus lorsqu'il était assoupi. Quelques larmes se mirent à glisser le long de ses joues tandis que ses lèvres se tordirent en un sourire nostalgique. Soudain elle se souvint des quelques baisers qu'ils avaient échangés de gré ou de force. Machinalement, elle porta ses doigts à ses lèvres comme pour imiter son toucher. Elle se trouvait dans un petit coin de la forêt que personne n'avait remarqué jusqu'alors pourtant le sentier pour y accéder était très fréquenté. D'ailleurs elle pouvait observer un père de famille tenant par la main deux petites filles qui riaient aux éclats. Elle se souvint, en voyant cette petite tribu, de son père et de sa sœur qui l'attendait chez elle. Euphorique et enthousiaste elle se mit à courir à en perdre haleine pour rallier sa maison.

Il avait réussi. Cela faisait peut-être deux semaines qu'il avait trouvé le moyen de la ramener chez elle et qu'elle y était retournée. Avec réticence il avait accepté, à sa demande, de garder sa Libleunette. Pourtant il avait ces bestioles en horreur. Mais pour elle, il aurait tout fait, tout accepté. Enfermé dans son laboratoire depuis son départ, il lui en voulait un peu qu'elle l'ait abandonné pour sa famille terrienne. C'était bien la seule personne avec qui il pouvait se montrer sous son vrai jour. Qui aime bien châtie bien, lui disait-elle à longueur de temps et elle avait raison. Sans vraiment se l'avouer il l'aimait à en perdre la raison. Finalement, il pouvait conclure qu'une partie de lui s'en était allée avec elle. C'est ce que ses amis lui répétaient car ils avaient tous remarqué son comportement. Chaque remarque cynique étaient empreinte de méfiance et d'amertume. Il avait voulu recommencer ses ébats avec Ewelein mais celle-ci avait refusé et elle l'avait enguirlandé sur le fait qu'il souhaite reprendre leur relation sexuelle malgré les sentiments qu'il lui portait à elle. Ses cheveux châtains et ondulés qui rebondissaient à chacun de ses pas. Ses yeux revêtant une couleur différente en fonction de la luminosité. Son sourire, sa voix fluette voire nasillarde. Elle le privait également de la sensation de béatitude qu'il avait auprès d'elle. Des rires se firent entendre derrière les portes de son laboratoire. Agacé d'être dérangé dans sa contemplation démoralisante désormais quotidienne, il ouvrit la porte furieusement afin de surprendre ceux qui ne respectaient pas son malheur en leur hurlant dessus toute la rage qu'il contenait. Cependant, personne ne se trouvait devant sa porte ni dans le couloir. Etrange... Surtout qu'il entendait encore ces rires, dont l'un, lui était bizarrement familier... Se penchant au-dessus de la rambarde il remarqua que la salle des portes était déserte. En effet, lorsqu'il prit le temps d'examiner un peu mieux son environnement il comprit qu'il avait ruminé jusqu'à midi et que tout le monde était parti se sustenter. Il allait retourner dans son antre lorsque...

« Dis moi, qu'as-tu fais pendant ces trois ans ? Papa et moi nous nous sommes inquiétés. Entendit-il réprimander une personne.

Eh bien, je ne saurais trop expliquer. Disons que je suis partie faire de l'humanitaire sur un coup de tête. J'ai rien préparé pour vous contacter, puis j'étais tellement occupée que j'avoue ne pas y avoir pensé. Mais Marie, vous m'avez terriblement manqué papa et toi. C'était sa voix, il n'avait aucun doute là-dessus. Mais s'il pouvait l'entendre c'est que quelque part à Eldarya se trouvait une brèche entre son monde et le sien. Il devait absolument la trouver ! »

Histoires EldaryennesWhere stories live. Discover now