On s'appartient (Terminé)

Chapitre 39 🗽

Cassie Thomson

Je termine de préparer le petit-déjeuner. Je lui ai préparé plus de choses que d'habitude, c'est pas tous les jours qu'on a 30 ans.

Je mets tout sur le plateau, prends mon ordi et mon petit cadeau, qui n'est trois fois rien. Je fais un sourire à Jack avant de quitter le salon pour retourner dans la chambre.

Je dépose le plateau à côté de Hugo ainsi que mon ordi et le cadeau :
- Hey, joyeux anniversaire mon amour ! - Cassie

Il dort tellement profondément qu'il ne m'entend pas. Je pourrais le chatouiller mais il s'énerverait :
- Hugo... Allez mon vieux, ça va être froid. - Cassie

Il s'est endormi tard à cause de moi, c'est sûrement pour ça qu'il dort encore :
- Hugo allez ! Hugo ? Hugo ? Hugo ! - Cassie

Je comprends enfin... Il fallait que ça arrive aujourd'hui... :
- Hugo !!! HUGO ! Je t'aime je t'aime... JACK ! - Cassie

Son cœur ne bat plus, il ne respire plus, il ne fait plus parti de ce monde ça y' est... :
- Que se passe-t-il ? - Jack
- Noooooon... - Cassie
- HUGO ! - Jack

Ma tête est posée sur son torse, là où son cœur battait encore hier... Je pleure, je pleure et je pleure... Je prends la main de Hugo et la pose sur mon ventre :
- Ewen, dit adieu à papa... - Cassie

Sa main droite est dans ma main gauche et nos deux autres mains sont posées ensemble sur mon ventre. Je ne sens plus son souffle, ni les battements de son cœur mais je les imagine entre deux sanglots. Il est toujours là, quelque part.

*

Cela fait déjà plusieurs jours que Hugo est décédé. Je n'avais jamais autant pleuré, mes yeux sont si rouges...

Je me réveille lentement dans le lit de ma chambre - celle chez mes parents - et fixe un point au loin à travers ma fenêtre.

C'est dingue comment tout une chose peut s'écrouler en une fraction de seconde. C'est comme si on cassait un mur porteur et que tout s'effondrait d'un coup. C'est la même chose car dans cette situation, tout repose sur une seule chose, le mur. Dans notre situation, tout était basé sur l'amour. L'amour qu'il y avait entre nous était le mur porteur de notre relation.

Notre mur n'existe plus, ou du moins qu'à moitié. Je l'aimerai toujours mais est-ce qu'on peut parler de sentiments éprouvés par une personne morte, par une âme irréelle ? Non, je ne pense pas.

Ne plus jamais le voir, le sentir, l'entendre, le toucher, me paraît inconcevable mais je n'ai pourtant pas le choix.
Je dois continuer ma vie, notre vie, et faire tout ce qui était prévu. Il faut que Ewen voit le jour, et qu'il grandisse dans la maison que Hugo et moi avons créé.

Cette maison qu'il n'a jamais vu entièrement finalisée. Je devais lui montrer le matin de ses trente ans. Je devais aussi lui donner mon cadeau, j'avais emballé dans du papier cadeau une image de l'échographie...

J'ai eu le temps de me préparer à tout ça, plusieurs mois à vrai dire, mais on n'est jamais prêts. C'est impossible d'être prêt.

*

Hier, j'ai reçu un courrier, je sais qu'il vient de Hugo mais je ne l'ai toujours pas ouvert... Je sens que c'est le moment. J'ouvre l'enveloppe, et lis la lettre :

« Cassie Thomson, euh Cassie Koekelberg, ma femme, mon amour, mon cœur, mon tout... si tu lis cette lettre c'est que je ne fais plus parti de ce monde.

Je n'ai jamais écrit de lettre avant donc je sais pas trop comment m'y prendre. Je veux que tu saches à quel point je t'ai aimé, à quel point je t'aime et à quel point je t'aimerai. Tu vois la limite de l'Univers ? Et bien c'est la même limite pour l'amour que j'ai pour toi.

J'ai l'impression que cette lettre va être une catastrophe mais tant pis ! Je ne te l'ai pas dit de mon vivant mais en plus d'hériter mon argent, tu hérites aussi de mon logement à Rotterdam, j'espère que tu emmèneras Ewen un jour ! Si tu le fais pas je le saurais !

J'ai passé une super fin de vie à tes côtés, j'ai pu mourir en paix. J'aurais bien emporté avec moi tes yeux pour pouvoir les regarder encore et encore mais bon, c'était compliqué...

J'ai quelque chose à te demander, s'il te plaît la cuisine fait la en noir, pas en gris bébé ! Et aussi prévois un garage, j'ai une voiture à Rotterdam, mais elle est pour Ewen.

Je ne sais pas quoi te dire d'autre... Tu sais déjà tout. Tu pourras lire cette lettre encore et encore. Mais j'espère que au bout d'un moment tu arrêteras de pleurer comme tu pleures en ce moment parce que si la lettre est trop mouillée ce sera illisible ! Et puis tu sais, tu crois que je suis parti mais en réalité je suis là, autour de toi mais tu ne me vois pas. Tu vas me manquer Cassie, embrasse Ewen tous les soirs pour moi, je t'aime. »

Les derniers mots de sa lettre sont les mêmes que les derniers mots qu'il m'a dit : je t'aime.

Je replis la lettre et essuie mes larmes. Je prends un mouchoir et me mouche pour la énième fois...
Je range la lettre dans l'enveloppe et m'aperçois qu'il y a une petite photo à l'intérieur. Je fais glisser cette dernière dans ma main et la regarde.

Cette photo a été prise lors du mariage. Hugo
a passé ses mains autour de mon ventre et mes mains sont posées sur les siennes. Nous sourions comme deux personnes qui vivent le plus beau jour de leur vie. Cette photo, je ne dois pas la perdre. Cette photo c'est nous.