Je marchais dans la forêt sans savoir où j'allais, droit devant moi, fixant un point invisible devant mon regard noir comme de la pierre. Mes bottines étaient recouvertes de terre, mais je m'en fichais. Mes cheveux étaient emmêlés, mes vêtements froissés. Mais je continuais de marcher.
Dans ma tête, la scène se répétait : celle de ma mère me hurlant dessus. Puis notre dispute. Ensuite, je m'étais emportée, puis avait claqué la porte d'entrée. Je m'étais enfuie dans la forêt.
Ma mère ne s'inquiétait pas. Elle savait que j'aimais aller dans cet endroit, et cela m'apaisait. Le silence me permettait de remettre mes idées en place, et personne ne pouvait venir me déranger.
Je vivais seule avec ma mère depuis le départ de mon père, sept ans plus tôt. On habitait une maison au milieu de nulle part, bordant une forêt immense. J'allais au lycée en bus. Bientôt, j'allai passer le baccalauréat et j'irai à l'université - si, par miracle, je réussissais le bac. Je pourrai de moins en moins faire de ma vie un exemple de liberté auquel je m'étais habitué pour me consacrer à mon avenir.
Je n'avais pas d'amis et n'en avais jamais eu. Cela ne me dérangeait pas. Mes seules amies étaient la solitude et la nature, mais ma meilleure amie était cette forêt, que je connaissais depuis que j'avais appris à marcher.
J'aimais me promener seule, sentir la douce brise sur mon visage, les branches des arbres me frôlant au passage et le silence régner. Je me sentais libre, et c'était une des plus belles sensations qui pouvaient exister.
Soudain, le vent se fit plus fort, plus violent. Je me mis à marcher plus vite, mes cheveux noirs de jais volant derrière moi. Je resserrais mon manteau. On était en mars, et l'air était encore froid. Je portais seulement un jean déchiré que j'avais depuis au moins trois ans, un tee-shirt sous un vieux pull en laine qui avait appartenu à ma grand-mère, et mon manteau en fausse peau d'animal. Mes bottines étaient vieilles elle-aussi, mais avec ma mère, on ne pouvait se permettre de dépenser de l'argent dans de nouvelles chaussures ou vêtements. Elle allait bientôt devoir me payer les études, et on économisait le plus possible.
Le ciel gronda. Bientôt, des gouttes tombèrent au sol d'un ton régulier, et j'accélérais encore le pas. Je m'empêchais de grelotter, mais j'étais frigorifiée. La pluie se fit plus forte, l'orage gronda encore. Je me mis à courir, pensant à ma maison chaude et douillette... Je ne voyais plus, la pluie me brouillait la vue. Je trébuchai. Mon corps heurta violemment le sol trempé et boueux. Je me relevai avec effort et me suis remise à courir. Où étais-je ? Complètement perdue, je m'arrêtai et m'adossai au tronc d'un grand arbre. Je soufflai, épuisée, grelottant dans mes vieux vêtements trempés. Je levai mes yeux.
Des éclairs déchiraient le ciel. Cela faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu un orage de cette taille. Je m'efforçais de calmer ma respiration. Je détestais le tonnerre. Mon père avait été écrasé sous un arbre un jour tel celui-ci. A l'époque, j'avais seulement 10 ans. Je ramassais des champignons dans cette forêt avec mon père, à la lisière, assez prêt pour pas que je me perde. Ce jour là, on s'était un peu plus aventuré, et l'orage nous avait surpris...
Je secouai la tête pour chasser ces souvenirs qui me hantaient encore. Les éclairs se faisaient de plus en plus nombreux.
Alors, j'entendis encore la voix de ma mère qui me disait "Si tu es surprise par orage, surtout, ne t'abrite pas sous un arbre ! C'est comme ça que ton père n'est plus là..." Avant que je puisse comprendre ce qu'il se passait, je sentis l'arbre basculer après un bruit assourdissant. Un éclair l'avait touché ! Je cherchai à me décaler mais c'était trop tard, le tronc s'approchait dangereusement du sol, m'emportant avec lui. Je me débattis comme je pus, mais je n'avais plus de force.
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Heavy Secret
ParanormalAshlyn Hudson, 17 ans, est une jeune fille normale étant dans sa dernière année de lycée. Mais elle voit sa vie basculer quand, un soir d'orage, elle rencontre Alden Hell, un jeune homme mystérieux la sauvant de près de la mort. Ils se revoient, et...