11. Grey Hue

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Il était peut-être resté une dizaine de minutes planté debout devant ce banc. Le vent doux venant refroidir doucement ses joues chauffées par l'afflux de sang qui lui était monté après l'intervention d'un certain serveur désormais bien loin de cet endroit. Que devait il penser, que devait il faire, qu'est-ce qu'il s'était réellement passé et qu'est-ce qui faisait simplement partie de son imagination. Tant de questions qui se bousculaient dans sa tête, qui faisaient bouilloner ses neurones. La seule chose qu'il savait réellement comme étant un événement physique et bien réel, c'était le sourire timide et un tantitnet niais qui ne voulait pas quitter ses lèvres pulpeuses.

Devait-il comprendre qu'un espoir, aussi plausible qu'évident étant donné les évènements précedents, venait de fleurir quelque part à l'interieur de son cœur jusque là solitaire ? Il avait envie de crier que oui, montrer à quel point il se sentait heureux et vivant mais une autre partie de lui, la plus terre à terre qui avait tendance à prendre le dessus sur ses émotions décuplées, lui disait qu'il ne servait à rien de crier victoire trop tôt même s'il n'arrivait pas pour autant à s'inquiéter.

Passant lâchement sa main dans ses cheveux, il se rassit sur le banc comme s'il ne pouvait pas soutenir tout ceci sur ses jambes qu'il sentait vacillantes d'adrénaline. Ses yeux étaient pétillants et il ne cachait pas son sourire malgré ses nombreuses tentatives pour ne pas passer pour fou devant les passants. Il contempla le ciel l'espace de quelques instants y perdant son regard. Et pour la première fois depuis un certain temps, il ne se sentit pas plus handicapé que ça de ne pas pouvoir en distinguer les couleurs. En son fort intérieur il se sentait apaisé d'avoir découvert que ne pas voir les couleurs ne jouait pas tant que ça un obstacle au bonheur. Il n'avait presque plus envie de les voir.

Ce fut une vibration dans une de ses poches qui le sortit de sa torpeur. Il sursauta au moment de cette manifestation soudaine et se sentit idiot quand, une fraction de seconde plus tard, il comprit que ça n'émanait d'autre chose que de son portable abandonné dans sa poche près d'une heure plus tôt. Alerté tout de même par ces vibrations, il s'empressa de le retrouver au fond de celle-ci et ne fut même pas surpris de découvrir qui était son interlocuteur. Il porta l'appareil à son oreille pendant que d'un geste habile il faisait glisser l'icône sur l'écran lui permettant ainsi de décrocher.

"-Je te manque tant que ça Taehyung ?"

Aucune réponse ne lui parvint mis à part un brouhaha de l'autre côté du fil. Il reconnut cependant, légérement tamisées par l'éloignement du combiné, les voix de son interlocuteur et de Hoseok qui devaient certainement s'échanger des paroles passionantes comme par exemple des propos à base de guimauves ou de mots doux dégoulinants. Ceci dit, Jimin chassa rapidement cette pensée, étant lui même mal placé pour faire des réflexions désagréables après avoir passé une dizaine de minutes à rougir comme une écolière. Il patienta, certainement que Taehyung n'avait pas réalisé qu'il avait décroché. Cependant, Jimin n'était pas un homme de patience et la perdit bien vite quand il crut entendre le bruit de succion bien commun aux baisers langoureux à travers l'appareil.

"-Oh Taehyung, j'te dérange peut-être ? Il dit à l'attention du combiné, peut-être un peu trop fort quand il réalisa que des passants se retournaient sur leur chemin. Il y eut un bruit de frottement puis soudain une voix.
-Oups, coucou 'Minnie c'est moi ! Il énonca joyeusement en pouffant bêtement.
-Sans blague, j'aurais pas deviné moi-même. Qui serait assez niais pour appeler son mec 'mon bouiboui', hein ?
-Oh... Je sais pas, on peut s'attendre à tout avec le futur proche Yoongi-Jimin, qui sait tu pourrais nous étonner en terme de niaiserie."

A ces dires, Jimin rougit furieusement, bien heureux que Taehyung ne soit pas juste en face de lui pour se moquer de sa face cramoisie. A son ton bien trop provocateur et satisfait, il pouvait très clairement l'imaginer en train de faire danser ses sourcils en vague, mouvement qu'il s'était entrainé à faire sciement pour pouvoir l'utiliser exactement dans ce genre de situation. Il le détestait autant qu'il l'adorait. En l'absence de réponse, l'autre relança de plus belle.

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