1 : Détresse acquise.

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Bonjour à toutes et à tous.

Si vous ne me connaissez pas, enchantée, on m'appelle Lin Konasa ; allez savoir pourquoi.

Cette histoire, probablement interminable, est une réécriture d'une fanfiction que j'ai écrite durant de longues années, et qui me tient particulièrement à cœur.

Je n'aime pas vraiment dévoiler le contenu d'une narration à l'avance, donc si vous estimez n'être trop sensible à aucun sujet, je vous en prie, lisez. Si vous avez un doute, vous pouvez jeter un coup d'œil à la liste des triggers Warning présents dans la bio de l'histoire.

Cette fanfiction est classée comme rated M. Vous lisez en votre âme et conscience.

Je tiens à remercier énormément Marycath pour son grand travail de correction (si y'a des erreurs, n'hésitez pas à l'insulter), et 100_100_otaku pour son aide et son avis constructif sur mes petits écrits.

Sur ce, bonne lecture !

Citation sérieuse du jour :

"Quand l'hiver vient, ne mange pas la neige jaune"

Temps de chargement - The Witcher 3.

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Chapitre 1 : Détresse acquise.

Lundi 13 septembre : 08h47

PDV Eren :

  Je fixai ce vieux bâtiment morose comme s'il était l'accomplissement amère de toutes mes erreurs. Face à cette allure sérieuse, cette architecture carrée et ce gris affreusement fade, j'avais l'impression de voir l'absurdité de mon existence.
  Évidemment, je n'étais pas ici dans le but louable de décrocher un diplôme, je savais très bien que ça serait un effort vain. Mais au moins, j'aurais la paix durant un an. Et je pourrais joyeusement réfléchir, en séchant ma scolarité, à ce que j'allais bien pouvoir foutre après avoir foutu ma vie l'air.
  J'aurais surement dû me retrouver vendeur à MacDo, mais non, je me retrouvais là. Si j'avais été honnête, je l'aurais coupé dans ses peurs. Je lui aurais dit à quel point j'étais infiniment plus demeuré que n'importe quel débile qu'elle avait pu croiser. Je lui aurais avoué que je ne serais jamais foutu de décrocher le moindre apprentissage, et que je n'avais rien à foutre dans l'amphithéâtre d'une fac. Mais encore plus lâche que con, j'étais là.
  Le simple regard que m'avait offert Mikasa, lorsque je lui avais parlé de mon absence d'ambition, m'avait résumé tout ce qu'elle en pensait, et ce qu'elle avait eu à me dire. En y repensant aujourd'hui, je trouvais ses peurs bien ironiques. Elle était terrorisée que je me fasse bouffer dès le début de ma vie active, alors que pour en arriver jusque-là, j'avais déjà dû sacrifier le peu de vitalité qu'il me restait.
  La boule qui ne quittait jamais mon ventre semblait s'alourdir à chaque seconde, comme pour m'empêcher d'avancer vers le portail qui me séparait de cette faculté. Putain, et dire que la première fois que j'avais croisé Jean, je l'avais trouvé plutôt sympa. Je ravalais le dégoût acide qui cherchait à s'extirper de mon œsophage.
  Tous les jours, je continuai de me demander comment j'avais pu me laisser faire pour de telles futilités. Seul, abandonné par la sécurité de ma sœur et les bons conseils d'Armin, j'avais peut-être simplement craqué. Et effrayé à l'idée qu'ils remarquent le boulet que je pouvais être, je m'étais persuadé que décrocher le bac prouvait une forme de stabilité chez moi. Ou alors, j'avais juste eu peur de me faire mettre à la porte. Après tout, mon nom était incompatible avec le fait de rater quelque chose d'aussi commun et accessible que ce diplôme. Aux yeux de mon tuteur, un tel échec entacherait fortement la perfection que je représentais à la vue des autres. Il n'est pas vraiment naturel de penser qu'un fils de génie n'ait pas son bac. Mais plus j'y réfléchissais, plus je me disais que je n'avais même pas vendu mon cul pour un diplôme, mais par simple résignation à l'horreur quotidienne.
  Mais peu importait la raison, j'avais fini par décrocher cette merde au prix de mon âme, un vieux morceau de papier cartonné à l'odeur putride de mes entrailles ouvertes.

C'est vraiment un prof ça ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant