Succombe-moi

Chapitre II

21:00 Paris, Edit'Morn.

Je rangeai mes affaires, fatiguée de cette dernière journée de semaine et pressée de retrouver mon lit. Je guettais tous les moindres recoins de mon bureau avant de le quitter pour un mois. Un mois ! J'attrapai mes talons que j'enfilai en retrouvant cette douleur intense de porter cette torture. Je fermai la fenêtre qui était toujours ouverte même en hiver lorsqu'il faisait -10 degrés. J'enfilai ma veste en cuire noire, mon sac sur l'épaule et saisis une enveloppe dans ma main gauche. Je déchirai délicatement l'enveloppe afin de ne pas saccager son contenu, puis attrapai les trois feuilles pliées en éventail à l'intérieur. En les dépliant je pus y trouver quelques infos sur le voyage.

-Assurance... blabla... pas intéressant... mesures de sécurité... 's'en tape... décollage 5:45... ouais... Attends. Quoi ??! Cinq heures ?! Du matin ?! Criais-je en sortant de mon bureau.

Je relus quatre fois ce chiffre, prenant sur moi, puis continuais.

-11 heures de vol... plus rien ne me choque. Place A015, première classe... première classe ? Ah ça déconne plus là. Atterrissage Los-Angeles. Temps en arrivant... 30 degrés. Ça change d'ici. Conseils... ok.

Je continuais de lire en marchant sans faire attention à mon entourage. Quoi qu'il arrive tout le monde était déjà parti. J'appelai l'ascenseur obnubilée par mon récit.
Je fus réveillée par le « ding » de la machine indiquant que l'ascenseur allait s'ouvrir. Les portes s'ouvrirent et comme par hasard, je tombai nez à nez avec Miller. Elle ne prononça pas un seul mot, ne me lança pas un seul regard, attendant que je monte. Pourtant, je ne bougeai pas. Ne me demandez pas pourquoi je restais figée. Mes yeux étaient fixés dans les siens. Après de longues secondes les portes commencèrent à se refermer quand elle mit sa main pour les en empêcher.

-Vous attendez quoi Johnson ?! Dit-elle en me sortant de ma bulle.
-Quoi ..? Oui pardon. Dis-je en me faufilant à l'intérieur.

Je me plaçai bien au fond de la cabine tout en me forçant à fixer la porte métallique se refermant. Nous étions au dixième étage. Autant dire que nous allions passer la nuit ici. Neuvième étage. Personne n'entra. Personne n'allait rentrer de toutes façons il était bien trop tard. Mes yeux dévièrent doucement vers les cheveux de Miller. Ses cheveux blonds attachés en chignon rendaient sa nuque visible. Sa nuque... Oulah. Laure calme-toi regarde les portes comme elles ont une belle nuque aussi. Huitième étage. Toujours personne. Mon regard tourna vers Miller encore une fois. Elle ne faisait rien. Attendant silencieusement qu'on parvienne au rez-de-chaussée. Elle portait un long manteau brun en daim, qui laissait s'échapper des jambes nue pourvues d'un collant transparent. Soudain elle se tourna et me surprit en train de l'observer. Je rougissais à vue d'œil et Miller le remarqua puisqu'elle leva les yeux au ciel puis se retourna. Je commençai à avoir chaud et tout m'irritait. Le bruit de ce maudit ascenseur vieux de mille ans me rendait dingue. Jusqu'à ce que cet infâme bruit se stoppe. Se stop... se... Hein ?! Mais nous n'étions pas arrivées... Pourquoi les portes ne s'ouvrent-elles pas ? Noooon pas ici. Pas avec elle. Pas maintenant.

-On doit être en panne. Expliqua-t-elle.

« On doit être en panne » répétais-je dans ma tête.
Bordel. On est en panne. Je suis coincée dans un ascenseur au septième étage avec ma boss à qui je fais de l'œil depuis des mois, mais tout va pour le mieux du monde !!

-Il faut appeler les secours ! Finis-je par dire.
- Il est vingt et une heure Johnson. Rétorqua-elle.

Je me précipitai sur le petit bouton en forme de cloche et l'enfonçai de toutes mes forces. Après bien une minute d'attente, on entendit une voix masculine à moitié endormie.