Partie 8

62.9K 7.4K 99
                                    


Madjiguene Ndoye

Depuis quelques temps ,je ne pensais plus à chercher un stage ou un travail, tout ce qui m'importait ,c'était l'état de santé de papa . Moi qui croyait qu'il se portait bien alors que je me faisais de fausses illusions . Ces derniers jours je passai  presque toute la journée à l'hôpital, parfois même je passais la nuit espérant que tout s'arrangera. Mon frère était même venu passer un week-end avec lui et retourner auprès de la famille. Son travail l'attendait aussi. Je n'avais plus le coeur d'être loin de mon père, je regrettais déjà le fait d'avoir laissé filer ces quelques mois sans trouver de travail pour l'aider, j'ai passé nuits et jours à rien faire alors que je pouvais dégoter quelque chose. Comment avec ma dévouée mère, qui me ne cessait de me demander de patienter, de ne pas me plaindre auprès de ceux qui ont opté à m'aider sans rien attendre en retour.

Aujourd'hui comme toute la semaine j'ai passé la nuit à l'hôpital mais je ne comprenais pas l'attiude brusque du médecin. Il m'a strictement interdit de rester dans la salle comme j'avais pris mon temps à insister pour qu'il me laisse au moins d'être auprès de lui. Je voyais mon père à travers la fenêtre. Il avait encore maigri ,son corps ne ressemblait plus à rien . Il n'était que l'ombre de lui-même, je pleurais en voyant mon géniteur dans cet état ,cet homme qui s'est toujours sacrifié pour le bonheur de tous. Il lui arrivait même de mettre en avance les besoins d'autrui nous faisant attendre. Il voulait toujours aider son conjoint,il était toujours actif et aujourd'hui le voilà faible ,sans force , plus faible qu'un nouveau-né qui dorme. Je ne pouvais plus me retenir ,j'avais comme l'impression de quitter le monde. Pour ne pas tomber dans les pompes, je suis assise par terre , pleurant toutes les larmes de mon corps.

Le premier chant du coq  m'a réveillé, l'odeur qui caressait mes narines me rappela juste que j'étais toujours à l'hôpital. Cet endroit sinistre qui te fait penser à Allah Asawajel , à tes actes qu'ils soient positifs ou négatifs, tu vois des malades qui sont entre la vie et la mort , posés sur les bancards tandis que des milliers de gens s'amusent à l'extérieur . Sains et saufs, ils ne soucient que de ce qu'ils vont pouvoir faire de leur journée et illégalement . D'autres par contre ils consacrent toute leur vie à Allah, ils travaillent dur ,riches ou pas , ils s'estiment heureux et pensent tout leur temps à partager ce qu'ils ont de peu avec les démunis. Quel acte noble ! Quelle sagesse !Quel dévouement!

Au moins aujourd'hui on m'a permis de voir mon père. Il m'a sourit légèrement et m'a parlé comme s'il me disait À Dieu. Je ne peux plus refuser à mon coeur, ce que mon esprit redoute depuis quelques temps. Mon père est entrain de mourir, la j'en suis sûre . Je n'ai pas fait médecine pour rien mais de la me voir incapable de sauver mon père, c'est justement dire qu'il n'y a de dieux que Dieu. Celui qui à le premier et le dernier mot. Celui qui nous a donné cette connaissance pour que nous aidions les malades mais pas forcément aller au delà de ce qu'il nous a permis. Nous n'avons pas la capacité de ressusciter.

Achadu an lahahila ila la .
Tout ce que j'ai retenu comme dernier mot de mon père. Avez-vous assisté à la perte d'un être cher pour savoir ce que ça fait ? Je ne vous imagine pas à ma place.
Mon père est-il réellement mort ? Me questionnai -je en riant. Ce rire de détresse ,de mélancolie, ce rire d'amertume .

_Je suis sincèrement désolé mademoiselle ndoye mais nous avons fait de notre mieux pour le sauver par contre Dieu en à décider ainsi. Dit le médecin qui venait d'entrer.

Il ferma les yeux de mon père pour ensuite le couvrir d'un drap. Il me rappella aussi d'avoir déjà prévenu mon frère puisque je suis une femme, il serait préférable que ça soit lui qui règle les formalités.
Il a tout fait pour me trouver un chauffeur, il n'avait toujours pas réussi à joindre Badiene Rougui J'ignorais cette force qui m'animait quand je me suis enggroufrée dans un taxi en lui demandant de me conduire à fann-Résidence.

Madjiguene NdoyeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant