Chapitre 1 :

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12 novembre 21h45:

- Lana, tu peux partir on s'occupera de sortir les poubelles après notre ronde.

- Merci Caro, je finis mes transmissions et je me sauve. 

Jecomplète mes dernières transmissions , souhaite bon courage à mes collègues denuit et part me changer aux vestiaires afin de partir pour de bon. Je travaillecomme aide-soignante dans un foyer de vie pour personne en situation dehandicap depuis plus d'un an, principalement les week-ends et les vacances bienqu'il m'arrive de travailler certains soirs en semaine. Je suis en 3ème année d'école d'infirmière, je me suis orientée dans la santé dès ma sortie du bac. J'aime beaucoup mon travail et je sais par avance que les résidents et mes collègues me manqueront lorsque je serais diplômée.

Je traverse rapidement le parking de l'établissement, frigorifiée par le froid hivernal qui s'installe doucement. Dans mes mains glacées, je prends les clés dans la poche de mon manteau et je déverrouille ma voiture pour m'installer sur le siège conducteur et commence à mettre le contact, pressée de rentrer chez moi.

Je me gare à 20 min de chez, n'ayant pas le luxe de pouvoir me garer face à mon immeuble et privilégie la marche à pied, c'est donc dans un soupir fatiguée que je remonte mon écharpe autour de mes épaules et mon cou avant de retourner dans l'air froid qui chatouille mon nez rougis. 

Mes amies n'aiment pas que je rentre seule le soir, elles ont peur pour moi, ce que je peux comprendre, il y a eu beaucoup d'agressions ces derniers temps. Mais je suis prudente, je ne traverse que les rues éclairées et j'ai toujours ma bombe au poivre dans la poche en cas de souci. 

Mes écouteurs dans les oreilles j'avance rapidement pour pouvoir me glisser le plus vite possible sous ma couette.  J'aime rentrer le dimanche car les rues sont vides, à part quelques courageux qui promènent leur chiens de temps en temps.

Dans mes pensées, je suis distraite par l'agitation dans une ruelle dans le coin de mon œil. Un fait intéressant à savoir et que face à la peur, les êtres vivants sont programmés pour répondre à un danger, c'est ce qu'on appelle l'instinct de survie. La menace déclenche des émotions pour nous alerter afin de réagir, et c'est trois réactions sont le combat, la fuite , ou la soumission. On combat quand on pense que l'on a plus rien à perdre, on fuit quand on trouve le danger trop grand, et on se soumet, on se fige quand nous sommes submergés. Mon instinct, ou plutôt mon cerveau essaie de comprendre, et mon corps est paralysée par l'effroyable spectacle qui se déroule sous mes yeux. Un homme que je reconnais comme le vigile d'un des bars du coin se fait violemment agresser. Moi qui suis fier de mes un mètre soixante neuf, je ne me suis jamais senti aussi petite que face à cet agresseur qui me parait immense. 

L'agresseur a une capuche, ce qui me cache la majorité de son visage dans la nuit, mais je peux voir un tatouage de rose sur sa main droite. 

Je sursaute lorsque qu'un violent coup s'abat sur le crane du vigile, ce dernier tourne la tête dans ma direction et un sentiment de panique s'empare de moi. Je retrouve enfin l'usage de mes jambes et tente de me cacher derrière un panneau publicitaire. Je veux appeler les secours, mais j'ai trop peur d'être entendu. Je réfléchis aussi vite que possible à une solution, et je me rappelle du numéro pour les sourds et malentendants, il alerte les secours par SMS, c'est le 114.

Je m'empresse de décrire la situation, avec le plus de détails possibles, mais mes mains tremblent sous la panique, je suis au bord de la crise d'angoisse. Avec l'habitude, j'arrive à les maitriser un peu mieux mais c'est dur, ma respiration se saccade. Et je perds l'équilibre, je me cogne sur le panneau ce qui informe le meurtrier de ma présence. Il regarde dans ma direction, achève le vigile, se lève et se dirige vers moi.

Je me mets à courir le plus vite possible dans la direction du commissariat, je ne veux pas aller vers mon appartement de peur qu'il sache où j'habite. Je suis toujours autant paniquée et j'ai de plus en plus de difficultés à reprendre mon souffle, tandis que le tueur se rapproche de moi. Alors je me mets à crier à l'aide en espérant que quelqu'un sorte de chez soi pour m'aider.

Mais personne ne sort, personne ne veut aider une fille de vingt ans qui fuit un homme. Mes larmes brouillent ma vue, je n'ai pu voir l'obstacle et je trébuche pour finir par tomber au sol. Ma main se verrouille sur ma poche pour attraper ma petite bombe dans un dernier geste d'espoir, mais l'agresseur est déjà au-dessus de moi, ses genoux de chaque côté de mes côtes et je vois ses mains se fermer en poings pour sentir le premier coup tomber. Je hurle de douleur quand son premier poing s'abat sur mes côtes. Je n'ai plus rien à perdre, alors je me défends comme je peux, je griffe , je hurle de tout mes poumons, la ou mes mains tombes , je le frappe du plus fort de mes poings, j'essaie de le mordre, tout pour qu'il s'éloigne mais rien n'y fait. Il est plus fort que moi et un coup plus fort que d'autres à la tête brouille ma vision de noir. Il devient plus difficile de rester consciente, ma tête tourne sur le côté et maintenant, les mains devant mon visage j'essaie seulement de rendre cela le moins douloureux possible, espérant qu'il s'épuise. 

Je suis épuisée, par les émotions, l'adrénaline, la course, je ne veux qu'une chose, terminer tout ça pour de bon. Je l'entends dans un bruit lointain me crier dessus et m'insulter quand dans une dernière tentative je l'asperge de ma bombe mais cela ne fait que l'enhardir plus fort encore. Puis soudainement je ne sens plus son poids sur moi. Je reste quelques instants les yeux fermés pour tenter de me reprendre, et je peux entendre la voix d'une fille me parler. Elle me fait asseoir contre un mur et sors de l'eau et des mouchoirs de son sac, essuyant le sang de mon visage, la jeune fille me sourit doucement, rassurante, et un léger sourire, douloureux, étire mes lèvres. 

- Ça vaaller, je vais m'occuper de toi, c'est finis maintenant..tu n'es plus touteseule, mes amis s'occupe du gars, d'accord ? Tu peux me serrer la main si tuveux, aussi fort que tu le souhaites. Tu veux bien me dire ton nom si tu yarrives ? Moi c'est Gaby.

Je ne lui réponds pas, mais je sers sa main comme un ancrage, de petites larmes coulant sur mes joues et elle comprend, me caresse le dos de la main et m'apporte du réconfort, et c'est déjà tout ce que je peux demander. 

Je vois au loin deux autres hommes revenir, épuisés et blessés, qui devaient être les amis de Gaby, mais alors que mon regard fait le tour de la rue, aucune trace de mon agresseur, il a disparu...

- Jesuis désolée, dit le premier homme avec des lunettes glissant sur son nez, on aessayé de le retenir mais il a réussi à fuir. Ne t'inquiète pas, on va resteravec toi, tu ne crains plus rien.

Je pleure doucement à cette annonce, me mordant la lèvre pour faire taire les sanglots. Autant que ses paroles se veulent rassurantes , je ne peux enlever la crainte qui me tiens au corps alors que j'ai assisté à un meurtre et que ma peau porte encore la trace de ses poings. Sans oublier que maintenant je peux mettre un visage à cet homme, il hantera sûrement mes cauchemars...

Le garçon qui tentait tant bien que mal de me réconforter , s'est présenté comme Noa, le frère de Gaby. Il a 22 ans, m'explique t-il, et fait des études de communication. Gaby quant à elle , à 23 ans et travaille comme esthéticienne. 

Le deuxième garçon par contre ne dit pas un mot, restant derrière ses amis , la colère déformant ses traits alors que ses poings tremblaient. Il faisait les cents pas, incapable de tenir en place. 

-C'est Ilyes, m'explique Noa qui me voit le fixer. Il peut paraître flippant comme ça mais il ne te fera aucun mal. Ne te fis pas à son apparence, il déteste simplement l'injustice et il s'en veut sûrement de ne pas avoir pu attraper l'agresseur...Il a juste...

- Tu en dis trop, elle t'a pas demandé un roman et puis il n'aime pas qu'on parle de ça je te rappelle.

Leurs voix se firent de plus en plus basses alors que je sens mes paupières se fermer doucement. Le dernier son que j'entends est celui des sirènes de pompiers.

Une main se pose sur mon épaule, mais ça devient trop compliqué d'être présente, on me bouge, j'ai mal, mes larmes ont cessé de couler et je me sens simplement partir....

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C'est la fin de ce premier chapitre, j'espère qu'il plaira. Je suis loin d'être douée, mais j'ai pris plaisir à l'écrire.

Un témoin de trop...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant