Elle était là, immobile. Ses pensées dérivaient, emportées par la blancheur infinie de la neige qui tombait en silence autour d'elle. Le paysage glacé, d'une beauté austère, évoquait en elle une étrange mélancolie. Un sourire triste se dessina sur ses lèvres, tandis qu'elle levait lentement la main vers le ciel, tentant de saisir l'un de ces flocons éphémères.
Ses doigts fins attrapèrent un flocon, mais dès qu'il fondit sur sa peau, il se teinta de rouge. Le sang. Ses mains étaient couvertes de sang. Celui de ses amis, de sa famille, de sa vie. Une sensation familière qui la ramena brusquement à la réalité.
Un rire amer échappa de ses lèvres gercées. Le froid engourdissait son corps, la faisant vaciller entre la conscience et l'oubli. Le temps lui échappait. Peu importait ce qu'elle avait été ou ce qu'elle aurait pu devenir. Tout n'était plus que ruine.
Un bruit dans la neige fit écho. Ses instincts prirent le dessus; sans réfléchir, elle lança le couteau qu'elle tenait encore. Puis elle ferma les yeux, se laissant aller à l'obscurité qui l'envahissait. Le silence s'installa, la neige tombait encore, plus douce, plus légère. Et au loin, une voix... Quelqu'un appelait, mais elle ne pouvait plus répondre.
Elle sombra.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, une lumière vive la força à cligner des paupières. Elle était couchée, entourée de bruits de machines. Une odeur de mer salée emplissait l'air. Elle n'était plus dehors. Lentement, elle se redressa, le corps encore engourdi, observant les perfusions qui pendaient de ses bras.
Le souvenir de la neige lui revint. Le froid, le sang, l'obscurité... Elle avait voulu mourir. Alors pourquoi était-elle encore là ? Avec une détermination sourde, elle arracha les aiguilles de ses bras. Une douleur vive la fit grimacer, mais elle l'ignora. Le sang commença à couler à nouveau.
Des bips retentirent dans la pièce. La porte s'ouvrit brusquement. Un homme entra, vêtu d'un sweat jaune et noir, un chapeau tacheté de blanc sur la tête. Ses yeux gris brillèrent d'une lueur glaciale lorsqu'il la vit.
— " Arrête."
Elle le regarda sans bouger, ses mains encore tremblantes de fatigue. Il s'approcha froidement, attrapant son bras pour inspecter les dégâts.
— " Tu as un sacré sens de l'autodestruction, pas vrai ? "
Il fronça les sourcils et sortit rapidement de quoi bander la plaie. Elle l'observa sans un mot, trop fatiguée pour réagir.
— " Ne bouge pas."
Son ton était ferme, presque autoritaire. Elle ne chercha pas à résister. Pourquoi le ferait-elle ? Tout ce qu'elle voulait, c'était en finir.
— " Tu devrais apprécier d'être encore en vie."
Elle baissa les yeux, la douleur dans son bras étant le seul rappel tangible de son existence. Pourquoi quelqu'un s'était-il donné la peine de la sauver ?
Lorsqu'il termina de bander son bras, il recula, croisant les bras, la fixant d'un regard perçant. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Elle essaya à nouveau, en vain.
Il soupira, puis se leva pour fouiller un tiroir. Il en sortit un carnet et un stylo, qu'il lui tendit.
— " Écris."
Elle hésita, mais prit le carnet.
— " Ton nom ? "
Après un long moment, elle écrivit d'une main tremblante : Je ne sais pas.
— " Ton âge ? "
Elle secoua la tête et écrivit à nouveau : Je ne me souviens pas.
Il soupira, visiblement frustré.
— " D'accord. Et tu te souviens de quoi que ce soit d'autre ? "
Elle resta silencieuse un instant, réfléchissant. Puis, lentement, elle écrivit : La neige. Le sang. Le froid. Je voulais mourir.
Il la regarda en silence pendant plusieurs secondes. Ses traits se durcirent.
— " Tant pis pour toi, tu es encore là."
Elle leva les yeux vers lui, cherchant à comprendre.
— " Trafalgar Law. Je suis médecin. Tu es sur mon navire. Tu étais la seule survivante d'un massacre."
Elle fronça les sourcils, le regardant d'un air interrogateur. Il lui répondit avant même qu'elle n'écrive la question.
— "Pourquoi t'avoir sauvée ? Parce que je le pouvais. Mais ce n'était pas un acte de bonté, alors ne te fais pas d'illusions."
Son ton était glacial. Elle baissa les yeux sur le carnet, puis écrivit doucement : Pourquoi ne pas m'avoir laissée mourir ?
Il serra la mâchoire, visiblement agacé. Il tourna les talons et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, il s'arrêta et lança sans se retourner :
— " Les faibles n'ont pas le privilège de choisir leur mort."
Puis il sortit, la porte se refermant doucement derrière lui. La jeune fille resta immobile, les mots résonnant encore dans sa tête. Les faibles n'ont pas le droit de choisir...
Elle laissa échapper un petit rire amer, et pour la première fois depuis longtemps, un léger sourire étira ses lèvres. Peut-être, après tout, que ce n'était pas encore la fin.

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Trafalgar Law X OC One Day More
Fanfiction"Ce n'est pas le temps qui manque, c'est nous qui lui manquons." Paul Claudel Peu importe qui je suis, où je vais, je ne semble jamais être en mesure d'échapper à l'emprise totureuse du temps.