Chapitre 6

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Une demi-heure plus tard, Arnaud et Victoria arrivaient. Bien évidemment, les parents d'Alexy et Armin sont d'accord pour que je reste ce soir. On est vendredi soir. Et même un autre jour n'aurait surement pas posé de problème. Ils ont toujours été adorables avec moi. Une seconde famille. Peut-être même la seule si on pense à l'aide qu'a été mes parents... Au moins je peux toujours compter sur eux pour avoir un endroit où me poser et réfléchir tranquillement. Victoria a souvent été une oreille conciliante à laquelle je pouvais me confier, même si ça concernait mes peines de cœur avec l'un de ses fils. Ses conseils me rappellent souvent ceux d'Alexy, avec plus de maturité et d'expérience. Arnaud, lui, est plus avare en paroles mais c'est aussi quelqu'un d'une grande douceur. Peut-être un peu plus de mal à l'exprimer seulement (Armin est bien son fils...). En plus, c'est un excellent cuisinier. Non pas qu'il fasse des plats extravagants dignes de figurer dans des livres, lui sa spécialité c'est les plats qui réchauffe le cœur. Ceux dont la simple vision te donne le sourire parce qu'ils te rappelle de bons moments. Parfois même capable de me donner faim. Un vrai magicien en somme.

Ça faisait longtemps que je ne les avais pas vu. Depuis ma dispute avec Armin en juillet dernier en fait. Trois mois. Je me sens honteuse, j'ai peur de passer pour une malpolie, une ingrate. Et ça ne serait pas démérité ! Pourtant, alors qu'Arnaud s'affaire en cuisine avec les jumeaux, je me retrouve dans le salon a discuter avec Victoria comme si l'on ne s'était pas vues depuis une semaine ou deux :

- Alors Ralph, ça va les cours de terminale ? Les garçons semblent avoir plus de mal que l'année dernière.
- Je m'en sors... dis-je, mal assurée. On sent vraiment cette année qu'on est dans un lycée spécialisé. J'aime beaucoup les cours de philo même si ce n'est pas là où je brille le plus...
- Allons, pas de fausse modestie, sourit-elle. Alex me disait encore l'autre jour que tu avais passé le cours à débattre avec le prof sur l'allégorie de la grotte.

Un petit sourire apparaît sur mon visage. L'allégorie de la caverne, c'était un drôle de cours, c'est vrai. Je rigole doucement :

- Oui, la semaine dernière. C'était un sujet passionnant et du coup j'ai demandé plus d'info au professeur. Mais on n'a pas vraiment débattu, plutôt échangé des pistes de réflexions.

Victoria, elle, ne se gêne pas pour éclater de rire franchement :

- Ahah, ça devait être intéressant. Si seulement un de mes fils pouvait être aussi passionné par les cours que toi, ajoute-t-elle en haussant la voix.

Nous entendons toutes les deux un grognement suivi d'un "Je t'ai entendu, Maman" de la part d'Armin. L'hilarité nous gagne vite alors que, dans la pièce d'à côté, le jeune homme rumine et qu'Alexy et leur père commence à le taquiner. Mon dieu, qu'ils m'avaient manquée, tous les quatre ensemble. C'est la plus belle famille qui soit. Je ne suis même pas jalouse. Juste heureuse de pouvoir être avec eux. Je fais mine de me lever :

- Je vais mettre la table pendant qu'ils finissent.
- Tut-tut-tut. Laisse les "hômmes" s'en occuper. Pas vrai mes poussins ?
- Oui, mamaaaan... disent à l'unisson les jumeaux.

Je me rassois en répriment un nouveau fou rire. Mais je m'avoue vaincu lorsque j'entends Arnaud dire aux garçons "C'est bon les poussins, je finis la cuisine. Allez mettre la table pour ces dames.". Je les vois arriver alors que je m'essuie une larme au coin de l'œil. Alexy se dirige tout sourire vers le buffet où est rangé la vaisselle suivi d'Armin qui tire une tête de six pieds de long. Cependant, alors qu'il passe devant nous, je le vois me jeter un petit coup d'œil et me faire un de ses sourires dont il a le secret. De ceux qui font bondir mon cœur.

Quelques instants plus tard, nous nous installons tous à table pour déguster un délicieux poulet au lait de coco avec du riz. L'odeur sucrée-salée du plat fait gronder mon estomac. Je suis heureuse. Je vais réussir à manger. Quand le plat m'arrive, je me sers de quoi remplir à peu près la moitié de mon assiette. Je suis confiante. Alexy me jette tout de même un regard interrogateur. Je lui répond par un sourire. On discute de tout et de rien pendant le repas. Des anecdotes du boulots, de musiques, des vacances de la Toussaint qui approchent. Cependant, je me rends bientôt compte que je n'arriverai pas à finir mon assiette. Mon estomac me signifie déjà qu'il n'acceptera pas la moindre bouchée supplémentaire. Et il m'en reste encore une bonne part. Mince...

Et j'ai foutrement besoin d'amour [Arret Definitif]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant