Aubépine, chevalière confirmée - 1

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Il était une fois, une jeune chevalière nommée Aubépine. Son intelligence n'ayant d'égal que sa bravoure et sa beauté, elle fut rapidement connue dans tout le comté. Pour elle les missions s'enchainaient jusqu'à son arrivée à la cour de la Grande Reine Esperanza. Cette dernière avait un fils, le Prince Dagonet.

Celui-ci, qui avait toujours préféré la broderie à l'épée et la cuisine à la chasse devint, par un mystérieux hasard, fou amoureux d'Aubépine. Après des années d'une cour enflammée la jeune chevalière fini par céder, tout en ayant une condition : secrète devait rester leur liaison, car si la Reine-mère la découvrait, qui sait ce qu'en échange de leur prospérité elle pourrait demander...

Ici commence notre histoire, alors qu'Aubépine et son prince se baladent dans les jardins, un soir d'été.

*

Dans le ciel, l'astre diurne cédait sa place au nocturne. Les deux amants se baladaient main dans la main, insouciants. La jeune chevalière comme à son habitude, portait son armure rutilante qui brillait avec les ultimes rayons du soleil. Ses longs cheveux étaient attachés, ceinturés par une fine couronne d'argent. Le prince quant à lui se contentait d'une longue tunique bleue azur, de bottes de chasses et d'un diadème discret. Se cachant derrière une colonne en riant silencieusement, les deux amoureux s'embrassèrent passionnément. Avant qu'un cri vienne interrompre leur démonstration d'affection. Un jeune domestique qui venait de laisser choir son panier à linge sale les fixait, ahuri et désorienté. Puis abandonnant lâchement sa corvée, se mit à courir sans se retourner. Aubépine lâcha Dagonet et soupira.

- Nous sommes fichus, déclara la belle chevalière.

- Ne dit pas cela, ma douce...

- Tu as vu comme moi vers où ce serviteur s'enfuyais...

- Les appartements de ma mère, conclut le prince.

Ils soupirèrent de concert. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : la fin de leur bel amour secret... Moins d'une demi-heure plus tard, la Reine les convoqua tous les deux dans la grande salle de réception du palais. Dagonet était assis à ses côtés, tandis qu'Aubépine avançait jusqu'au trône, sous le regard de centaines de courtisans curieux. La jeune femme se retint fortement de grimacer, puis s'inclina devant Sa Majesté. La Grand Reine Crécélia la fixant de ses grands yeux verts en amande, légèrement amusée. Ce qui n'indiquait rien de bon pour la chevalière. Tous retinrent leur souffle tandis que la souveraine prenait la parole.

- Chère chevalière Aubépine, cela fait des années que vous protégez avec bravoure notre contrée. Juste héroïne, vous êtes de tous appréciée.

Des murmures d'approbation se firent entendre dans la salle, tandis qu'Aubépine se figea. Le pire était forcément à venir.

- Il me semble que vous avez quelques chose à me demander concernant mon fils ? lâcha la Reine.

Aubépine avala discrètement sa salive de travers. Elle était fichue. Elle fixa son amant paniqué quelques instants avant de prendre sa décision. Puis mis un genou à terre, sous une stupéfaction générale.

- Majesté, je vous demande la main de votre fils, le prince Dagonet.

Certains courtisans tournèrent de l'œil, émus. Tous pépiant dans leur coin, quand la Reine leva la main. Le silence se fit d'un coup alors que la souveraine quittait délicatement son trône, sa longue robe rouge flottant à terre.

- Jeune chevalière téméraire, je vous l'accorde.

Des cris de joie résonnèrent dans la salle. Surprise, Aubépine regarda rapidement son fiancé, qui ne semblait pas plus rassuré.

- Toutefois, j'y mets une condition. J'exige que vous me rameniez la tête du Vorax, cet horrible dragon qui terrorise nos contrées.

Le cœur de la chevalière rata un battement. Elle aurait préféré affronter les trolls des montagnes, les géants des marais ou mêmes les tyranniques couturiers du château pour sa robe de cérémonie. Mais le Vorax, créature légendaire... Était tout simplement hors de portée.

Six Contes pour faire rêver un monstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant