Five Days Left | y.seok

The End

♪ NCT U - Timeless ♪

Quand il arriva à l’hôpital, ce jour là, il donnait l'impression d'être une toute autre personne. Ses yeux étaient vides, si on oubliait les larmes qui s'y trouvaient, ses cernes plus noires que jamais, et les coins de ses lèvres étaient dirigés vers le bas, preuve indéniable de sa contrariété. Il le savait, si Yoongi était toujours en vie, ce n'était plus qu'une question de temps avant que ce statut change. Une semaine plus tôt, il n'aurait jamais cru que sa vie serait ainsi bouleversée, que son quotidien serait ainsi chamboulée. Il se voyait déjà vieillir avec lui, passer sa vie à ses côtés, il s'imaginait adopter un enfant, peut-être même deux, habiter dans une petite maison tranquille en banlieue, visiter le monde avec lui. Mais rien de tout ça ne pourrait arriver, parce qu'il allait mourir.

Mourir.

La veille, il aurait rejeter ce mot avec vigueur, refusant de réellement y penser, mais après avoir passé la veille à son chevet, à principalement le regarder dormir, et la nuit à réfléchir, il commençait à se dire que c'était peut-être la seule solution. Est-ce qu'il voulait garder Yoongi à ses côtés ? Définitivement. Est-ce qu'il voulait le voir lutter pour vivre et souffrir chaque jour un peu plus ? Non. Il l'aimait bien trop pour vouloir revoir chez lui les mêmes expressions de souffrance et de détresse dont il avait été témoin récemment. Alors, quand il tomba sur la vision d'un Yoongi endormi dans ce lit blanc, son torse se soulevant au rythme de sa respiration alors qu'il avait l'air serein, calme et heureux, il sut qu'il avait prit la bonne décision. Il quitta donc la chambre aussitôt et se dirigea vers l’ascenseur, ignorant royalement l'infirmière qui venait de le saluer. Il n'avait pas le courage de l'affronter, de lui sourire, de lui demander des nouvelles de son petit ami juste pour avoir le droit à ce regard compatissant plein de pitié.

Ce n'est qu'une fois qu'il fut sur le toit qu'il se rendit compte de la hauteur à laquelle il se trouvait. Cinq étages. Ce n'était pas énorme, mais... C'était assez. Mais, alors que son regard se perdait sur les passants qui se baladaient tranquillement un peu plus loin, il sentit une pointe de culpabilité naître dans son cœur. Il pensa à tous leurs amis, ceux avec qui ils avaient grandit, ceux qui faisaient partie de leur quotidien tout comme ceux qu'ils fréquentaient plus rarement. Il pensa à ses élèves, à ces enfants qui allaient être confronté à une perte bien trop tôt dans leur vie. Il pensa à ses parents, à sa mère qui serait détruite en apprenant la mort de ses deux fils -celui a qui elle avait donné naissance et celui qu'elle avait recueillit quand il en avait eu besoin- et à sa sœur qui refuserait probablement d'y croire. Et puis il pensa à Yoongi. Est-ce qu'il apprendrait sa mort avant de succomber à la maladie ? Ou est-ce qu'ils seraient unis même dans ces circonstances ?

S'il était au courant de ce qu'il pensait, ce qu'il allait faire, qu'en penserait-il ? Il l'insulterait probablement, affirmant qu'il était l'homme le plus stupide qu'il n'avait jamais vu, et qu'il fallait qu'il éloigne son cul du bord sinon le boulet qu'il était allait finir par tomber. Et alors il le menacerait de le ramener à la vie pour ensuite le tuer de ses propres mains. Mais il n'était pas là, il n'était pas au courant, et le grand garçon qu'il était pouvait faire ce qu'il voulait. Alors pourquoi est-ce qu'il était toujours en train d'y réfléchir ?

Pourquoi est-ce qu'il hésitait ?

Peut-être tenait-il trop à la vie pour aussi sauter le pas. Peut-être aimait-il trop son quotidien pour y mettre fin. Peut-être avait-il toujours espoir que tout ceci ne soit qu'un cauchemar. Il espérait toujours se réveiller dans son lit, en sueur, à côté d'un Yoongi qui se plaindrait de s'être fait réveiller par ses stupides rêves, mais qui se redresserait et le prendrait dans ses bras jusqu'à ce qu'il se calme. Et alors ils se rendormiraient pour se réveiller le lendemain, et ils reprendraient leur petite routine. Douche, café, petit bisou avant de partir, une journée loin l'un de l'autre avant de se retrouver autour d'un bon repas chaud le soir. Mais non, il fallait qu'il se rende à l'évidence, il était face à la réalité, et c'était bien plus effrayant.