L'unique fenêtre de la cabane se mît à miroiter des lumières orangées, à 4 heures du matin.
Ce qui réveilla soudainement Seïja qui sortit de la cabane pour avoir une meilleure vue de ce qui se passait. Dehors, on entendait des coups de feu, les flammes montaient au ciel, et des cris retentissaient jusqu'à la forêt. Ca devait être effrayant là-bas... Si ça dure trop, une vraie révolution pourrait commencer.
La cabane n'était visiblement pas à l'abri, et Seïja devait trouver un autre accès avant que celui là ne brûle avec la forêt par accident. Le passage ne sera plus trouvable si il se retrouve sous les cendres...
Elle courût jusqu'aux portes de la ville, déjà carbonisées à coups de cocktails molotov. Tout le monde criait, les voitures sortaient tant bien que mal entre les débris parterre et les balles perdues.
Compte tenu de la situation, entrer serait risqué. Etant étrangère, personne ne savait dans quel camp était Seïja. Il lui fallait donc se rendre dans un lieu plus en sécurité avant qu'un garde impérial ne vienne l'attaquer ou qu'un communiste la capture comme otage. Seïja se retourna pour voir si il n'y avait pas une meilleure direction à prendre à l'extérieur de la ville.
Malheureusement, les nuages devenaient orangés aussi au-dessus des villages aux alentours, et les forêts étaient sûrement en proie aux combats, on entendait les balles siffler dans l'air.
Le meilleur endroit semblait être le capitole, là où se trouvait le dictateur. Il serait sûrement défendu avec toutes les forces militaires du pays. Donc Seïja dépassa l'entrée de la ville et se lança dans des sprints à travers les boulevards de la ville en évitant les pluies de balles, comme tous ceux qui fuyaient la ville. Tout le monde criait en se bousculant, certains tombaient à cause des coups de coude, d'autres tombaient à cause des coups de feu. Les flashs de lumière et le bruit des tirs faisait penser à un orage.
Une heure plus tard, elle arriva enfin en face du capitole, essoufflée. Mais celui-ci était encerclé de flammes.
Tous les militaires étaient à terre,les chars renversés, les grilles déchirées. Espérant que le lieu avait été détruit et que plus personne n'y était, Seïja continua sa course avec espoir, n'ayant pas vraiment d'autre solution. Elle entra.
Le hall était effondré, les escaliers enfoncés dans le parking du sous-sol, les murs étaient troués par les impacts d'obus.
Elle monta difficilement les débris, évitant les draps brûlants, traversa les corridors, pour enfin arriver devant ce qui semblait être l'entrée du bureau du chef d'état. Elle entendait des voix en sortir. Elle se rapprocha de la porte pour écouter ce qui se passait.
Des personnes étaient probablement à l'intérieur de la pièce. Un choc brutal se fît entendre, comme un meuble qui tombe. Puis un bruit de pas se rapprocha.
Seïja s'écarta de la porte avec panique, mais il n'y avait aucun endroit où se cacher et elle n'avait pas le temps avant que la personne arrive. Elle resta donc le plus loin possible de la porte, espérant pouvoir fuir au cas où elle serait remarquée.
La porte s'entre-ouvrit lentement pour laisser entrevoir un homme d'une quarantaine d'années aux yeux bruns.
« - Que fais-tu là petite ? Tu écoutais à la porte ? Dit-il gentiment.
- Non non! Je cherchais juste un abri (c'était vrai en plus!) .
- Je vois. Tu ne devrais pas rester là, trouve un autre abri ou reste-ici deux minutes le temps que je règle un problème ici d'accord?
- Euh... Je vais attendre. (Pourquoi j'ai dit ça ??? C'était l'instinct qui avait parlé...)
- Ok. Patiente un instant.
Un autre homme, du même âge mais beaucoup plus massif arriva à grands pas.
- On a pas le temps pour ça ! Cette pourriture n'est pas morte !
Le quarantenaire se retourna doucement.
- Désolé de dire ça, mais le marché disait que si on déclenchait la révolution, nous aurions le Livre. C'est chose faite. Nous n'avons donc plus rien à faire ici. Nous vous laissons salir vos propres mains tous seuls.
- Tuez-le ! Cet aristocrate doit payer pour ses crimes ! Répondit la brute, insistant.
- En effet il doit payer. Mais nous ne pouvons pas le tuer, les conditions pour cela ne sont pas remplies. Nous partons. Après ça, l'homme, ainsi que le groupe qui l'accompagnait, sortirent calmement de la salle, en silence, sans aucune peur.
- Nous ne pouvons pas non plus le tuer ! Nous ne voulons pas tremper notre pays dans le sang !
- C'est déjà chose faite. Nous aussi nous voulions la révolution. Il marqua un soupir. Pas les flammes et les tirs.
- La révolution ne peut-être faîte sans la mort du dictateur ! Aidez-nous ! L'homme en face haussa les épaules et répondit toujours sans pression.
- Nous ne sommes pas des assassins de ce genre. Vous oui. Assumez vos actes.
- Si c'est comme ça nous ne vous laisserons pas sortir avec votre bouquin ! Dit le révolutionnaire en haussant le ton.
- C'était pas dans le marché ça. Le ton de l'homme était devenu beaucoup plus impatient.
- Alors tuez-le si ça ne vous plaît pas !
- Mmmm. L'homme fixa Seïja dans les yeux. Vous permettez que j'ai une petite discussion avant ? J'ai une idée. L'homme alors fît signe à Seïja de s'approcher, se baissa à sa hauteur et lui chuchota à l'oreille pour ne pas être entendu.
- Tu as déjà tué quelqu'un ou pas ? J'ai deux solutions en tête, chuchota t-il doucement.
- Non... Je veux pas tuer quelqu'un, je l'ai jamais fait (j'ai peur. C'est la première fois que j'ai autant peur. Les gens ou les monstres ne me font pas peur, mais ce type...) Seïja n'était pas du genre peureuse, mais le calme de la personne en face d'elle lui faisait perdre ses moyens.
- D'accord. Tu sais ce que c'est un Livre ? Pas ceux que tu trouves en bibliothèque, je parle des artefacts magiques.
- Non... c'est quoi ? L'homme sortit alors un petit livre de poche de sa veste, et le tendit à Seïja.
- Je t'expliques. Tu va mettre ce livre dans ta poche, pointer du doigt le dictateur, et dire «Kill» d'accord ? Il ne mourra pas vraiment, rassure-toi. Si tu le fais, je t'amènerai où tu veux aller et je te protégerais entre-temps. Il faudra juste que tu nous laisse faire le reste une fois que tu aura prononcé l'incantation, et il faudra que tu fermes les yeux pour ne pas voir ce qui se passe, d'accord ?
- Ok (seule solution qui me reste à faire...). La situation était curieuse mais très tendue. Les révolutionnaires avaient déjà leurs armes en joue.
Choquée et sans vraiment comprendre la situation, elle s'avança vers l'homme à terre. Seïja s'était souvent battue, avait volé, avait été blessée. Mais elle se trouvait face à un situation beaucoup plus dure à présent, à laquelle elle était loin d'être prête. Tuer est quelque chose qui est radicalement différent de violenter quelqu'un avec ses poings.
Je m'avança vers le dictateur, parterre, sanguinolent, qui n'arrivait plus à dire un mot. Je tremblais. Finalement, je me lança et je le pointa du doigt, et prononça l'incantation.
« Kill »
J'ai peu de souvenirs de ce qu'il s'est passé ensuite. Le temps s'était figé, la lumière s'était assombrie, et des lettres blanches étaient apparues sur ma main. Le dictateur a craché du sang, puis je suis devenue noire et me suis effondrée je crois. C'est tout ce que je dont je me souviens précisément. Après, comme l'homme m'avait dit de faire, j'ai fermé les yeux pour ne rien voir.
Puis j'ai eu tellement sommeil que je me suis endormie.