Chapitre 1

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En ouvrant la trappe du grenier, je sentis l'odeur de renfermé qui
s'en dégageait. Derrière moi, je voyais mes cinq petits-enfants s'agiter. Lorsque je pénétrai dans ce vieux grenier, mon œil fut attiré par un coffre assez ancien. Je l'ouvris et y découvris ce journal que j'avais tant chéri pendant notre fuite. Perdue dans mes pensées j'entendis Alexandre, mon petit-fils qui me demanda si je pouvais leur faire découvrir mon passé. J'acceptai et je commençai à raconter mon épopée.

C'était en automne 1942 dans le cœur de Lyon. Je vivais avec mes
parents, mes sœurs Anya et Meredy ainsi que mes frères Alexis et Isaac. Nous revenions du marché quand maman arriva, nos affaires à la main, en larmes. Elle nous embrassa en nous suppliant de nous enfuir. D'après ce que j'avais compris, je devais m'occuper de mes petits frères et sœurs et partir vers le Nord, car
les nazis cherchaient les Juifs dans la ville. Alors qu'on entendit des cris
d'alerte, Isaac prit les affaires, Anya donna la main à Alexis et je pris Meredy dans mes bras pour s'en aller avant l'arrivée des Allemands. Cela faisait bientôt une demie-journée que nous avions quitté la maison et la plus jeune, Meredy, pleurait et réclamait nos parents. J'essayais de la calmer puis je compris que le voyage allait être long et compliqué. Je voulais quitter le pays au plus vite. Je
réfléchis et pris la décision d'aller au Royaume-Uni, un endroit où nous avions toujours voulu aller avec ma famille. Je pris conscience que, du haut de mes 19 ans, j'étais la seule adulte qui pouvait guider mes frères et sœurs. Je devais être à la hauteur pour affronter les obstacles de ce voyage.

Je posai mon journal sur mes genoux. Je dus prendre une grande inspiration à cause de tous ces souvenirs qui me revenaient. J'invitai mes petits-enfants à descendre au salon. Une fois installé, je repris mon carnet de
voyage et je continuais mon récit.

Nous étions arrivés à Calais. La route jusqu'ici fut compliquée. Nous avons dû nous cacher, courir, négocier... Nous étions prêts pour la traversée en bateau. Seulement, nous n'avions pas assez d'argent alors, après une longue réflexion, je pris la dure décision de me sacrifier pour mes frères et sœurs soient sains et saufs. En les faisant embarquer, un homme me fit comprendre que je pouvais passer avec eux et qu'il n'en dirait rien à personne. Je resterais toujours reconnaissante envers ce monsieur sans qui, je n'aurais jamais pu aider ma petite famille dans un trajet un peu plus compliqué que prévu.

Le Voyage Avec Un Journal De BordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant