de l'autre côté de la méditerranée

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Chapitre 3

De l'autre côté de la méditerranée

« L'embarquement pour le vol de Paris a commencé, veuillez vous présenter au guichet 14 du terminal », annonça une voix commerciale en haut parleur. Convaincu, Richard se dirigea vers le guichet d'accueil, tendit son passeport à l'hôtesse.

– J'aimerai changer mon vol vers Alger, Pourriez-vous m'aider ? La suppliant.

– Je dois vérifier s'il y a encore des sièges libres, un instant s'il vous plait, lui précisa l'hôtesse. Les derniers sièges disponibles sont en première classe Monsieur.

– Réservez un siège pour moi s'il vous plaît ! Répliqua Richard au grand soulagement.

Elle examina ses coordonnées, releva sa tète pour voir que son visage correspondait bien à la photo du passeport avant de le lui rendre avec le billet dedans.

L'embarquement est dans une demi-heure, vous pouvez y aller Monsieur, bon voyage, lui souhaita l'hôtesse en souriant.

Richard ramassa son sac et se dirigea vers le contrôle des passeports avant de faire brièvement les boutiques des souvenirs. Il pensa à lui acheter un livre, prit le premier sur lequel il a jeté son regard. Après que la vendeuse l'eut emballé, il rejoignit aussitôt la salle d'embarquement. À l'entrée de l'avion, les hôtesses le saluèrent lorsque l'une d'entre elles le guida vers son siège, il s'assit confortablement, fit sortir son cellulaire et se mit à écrire à l'éditeur de son manuscrit.

–»... Je suis au regret de vous informer que je suis dans l'obligation de changer la date de mon rendez-vous du dépôt de mon manuscrit pour une urgence familiale, je vous prie de m'excuser et d'agréer mes plus sincères salutations. » Signé Richard.

Le copilote s'est mit à parler dans le poste du pilotage annonçant qu'ils étaient prêts pour le décollage. Richard se redressa, mit sa ceinture. L'avion fit un tour de piste et décolla. Il profita une dernière fois pour admirer les alentours collant son front sur le hublot avant que le Boeing 889 prit son envol dans les nuages. Il demeura déconnecté des autres passagers, n'échangea que quelques mots à son Co-passager.

Deux heures se sont écoulées lorsque l'avion venait de traverser la méditerranée. Le pilote annonça qu'il devait faire tourner l'avion quelques tours au-dessus de l'aéroport, le temps de libérer la piste d'atterrissage. Richard appuya sa tête en arrière contre son siège, jeta son regard à travers le hublot de l'avion. Il se réjouit du beau temps, brulé d'envie de pouvoir enfin respirer l'air du pays. L'avion frotta légèrement le sol pour atterrir. L'espace de quelques minutes les passagers commençaient les uns après les autres à se relever, se diriger vers la porte de la sortie. Après s'être passé par la douane, Richard récupéra ses bagages et quitta l'aéroport.

Au bout d'une demi-heure le voilà devant la sortie de l'aéroport, autant d'années passées loin du pays rien n'avait vraiment changé. Il regarda autour de lui, laissa tomber son sac au sol, respira un bon coup et saisit son portable, l'appel retentit, elle décrocha.

– Bonjour Sarah, heureux que t'aies répondu.

– Bonjour, je me suis inquiétée pour toi, es-tu arrivé à destination ?

– Il y a deux choses que tu dois savoir. Lui déclara-t-il.

– Qu'est-ce qu'il y a ? Sentit son sang se glaçait dans ses veines.

– La première chose, je viens d'arriver en Algérie.

–Comment est-ce possible ? Sarah fronça ses sourcils.,

– Laisse-moi finir ! Je souhaitais te présenter mes condoléances comme il se doit. J'aurais voulu que la rencontre se déroule dans un climat meilleur, mais le destin en a décidé autrement et ...

Sous un silence paisible, Sarah sentit un frisson traverser son corps, ne réalisant pas un mot de ce qu'il lui avait dit. Elle aurait considéré sa présence pour une blague si son père n'était pas réellement décédé sauf que le moment était de tout sauf de plaisanterie. N'acceptant pas l'idée que Richard était bien à des kilomètres d'elle.

– Et qu'est-ce qu'il en est de ton manuscrit ? Tu devais partir à Paris pour le déposer, reposta-t-elle d'un ton inquiétant

– Tu es en deuil Sarah, et cela me concerne moi aussi. Je ressens ta souffrance au plus profond de mon être, le livre peut attendre. En revanche, je regrette de ne pas avoir connu ton père.

– S'il te plait, n'en rajoute pas. Une larme roula sur sa joue.

– Je ne cherche pas à te le faire regretter, loin de cela, j'essaie seulement te dire que son décès m'a remis en question, c'est pour cela que je suis à l'heure que je te parle proche comme je ne l'ai jamais été.

Dès l'instant où ces derniers mots ont été prononcés, de nouveau les larmes se précipitèrent pour lui brouiller la vue.

– C'était quoi la deuxième chose ? L'interrogea d'une voix chagrine.

– Il va falloir que je reparte après que je t'aurai rencontré et m'assurer que ça ira mieux.

– Je ne pense pas que je pourrai un jour m'y remettre Richard, je me noie dans mes émotions... toi tel que je te connais, tu l'aurais vraiment adoré. Il était un homme à la fois sévère et drôle, attentif aux uns et aux autres, vous vous serrez certainement bien entendus si vous vous étiez rencontré, dit-elle avec regret.

– Laisse-nous parler de tout cela autour d'un café, tu veux ? Nous avons assez perdu du temps comme ça, il est temps que nos regards reposent sur les autres. Tenta-t-il de la rassurer.

Innocemment, un sourire fait honorer son visage, s'est sentie rassurée, elle sécha brièvement ses larmes.

– Alors on se voit demain au café du coin ? S'enthousiasma-t-il.

Malgré son arrivé, Sarah refusait tout contact avec l'extérieur.

– Je ne dois pas sortir de la maison en ce moment, je dois faire honneur à mon père, dit-elle. Une sorte d'obligation religieuse, poursuivit Sarah.

Théoriquement, ce raisonnement était tout à fait logique, et Richard s'en rendait bien compte.

– Excuse-moi, cela ne m'a pas traversé l'esprit.

– C'est moi qui m'excuse, je me sens toute perdu.

– Tu n'as pas à l'être, j'apprécie tes principes, néanmoins, je viens de faire plus que 3 heures de vol, et tu ne serais pas repartie sans venir me voir.

- Où-est ce que tu veux en venir ? Se douta-elle

– Je me demande si tu serais d'accord que je vienne chez toi ?

– Mais oui, j'en serai ravie.

– Tu vas me présenter à ta mère ?

– Oui, elle sait d'ailleurs tout sur toi, lui répondit en souriant légèrement.

La voix de SarahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant